
PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Figaro d’hier 5 juin. Elle est introduite dans ces termes : « En France, la mouvance indigéniste est un rouage majeur de cette américanisation qui cherche à convaincre les populations immigrées que leur situation est assimilable à celle des Noirs américains. » Mais, bien au-delà, Mathieu Bock-Côté montre comment cette mouvance est puissamment relayée par un conformisme mondain, de gauche mais pas seulement, qui conduit à la repentance systémique, au racisme anti-blanc, et finalement à la haine de soi et de notre héritage. Il a raison de relier cette auto-critique permanente aux pratiques de la révolution chinoise, aux procédés maoïstes. C’est pourquoi il aurait tort, fût-ce figure verbale, de ranger la contre-révolution parmi les objets au rebut. Au contraire, face à la situation qu’il décrit, elle s’impose comme impérieuse obligation.
La ruse de la théorie du racisme systémique : soit on y adhère, soit on est transformé en collaborateur de l’ordre discriminatoire et raciste
La mort tragique de George Floyd, étouffé de sang-froid par un policier de Minneapolis, a suscité une colère absolument légitime aux États-Unis, qui ne sont jamais parvenus à surmonter leur question noire.
On pouvait s’attendre à de vives manifestations. Elles ont dégénéré, toutefois, en se transformant en émeutes raciales. Elles ont un effet de contagion ailleurs dans le monde, où l’américanisation des mentalités est telle qu’on plaque systématiquement une grille d’analyse élaborée pour penser les pires travers des États-Unis à des pays qui n’ont rien à voir avec eux. On y verra aussi un effet psychologique de l’influence toxique des réseaux sociaux, qui poussent leurs utilisateurs à un état de surexcitation pathologique.
Il faut dire qu’en France la mouvance indigéniste est un rouage majeur de cette américanisation, et cherche à convaincre par une propagande permanente les populations immigrées que leur situation est assimilable à celle des Noirs américains. Elle contribue ainsi à une forme de colonisation américaine en France, en y important une actualité étrangère pour mobiliser sa base à partir d’elle. À travers son discours victimaire s’opère une racialisation accélérée des rapports sociaux, dont la récente manifestation indigéniste à Paris est le dernier exemple. On peut même y lancer un appel aux armes en poussant la chansonnette sans que cela ne passe pour un discours haineux, évidemment.
L’université est à l’avant-garde de ce mouvement, qu’elle théorise pour mieux le radicaliser, en dissimulant derrière un jargon qui se veut savant une haine morbide pour la civilisation occidentale. Elle élabore un vocabulaire que les médias s’empressent de normaliser.« Personnes blanches et personnes racisées », « racisme structurel et racisme systémique » : ces termes s’imposent comme s’ils allaient de soi, alors qu’ils charrient un imaginaire incompatible avec la France. La fumeuse théorie du privilège blanc vient abolir la complexité sociale et fantasme une France ontologiquement raciste, devant s’arracher à son histoire pour renaître dans l’utopie diversitaire. La nation, les classes sociales et l’individu s’effacent pour qu’advienne la guerre des races.
Chaque disparité statistique entre groupes identitaires désignés par la bureaucratie diversitaire et ses savants stipendiés est interprétée comme le symptôme d’un système raciste à dévoiler. Qui n’embrasse pas la révolution diversitaire devient un contre-révolutionnaire, un rebut historique. Quant au défenseur de l’universalisme, il ne serait rien d’autre qu’un défenseur du suprémacisme blanc, sans nécessairement s’en rendre compte, puisqu’il serait aveuglé par ses privilèges. Telle est la ruse de la théorie du racisme systémique : soit on y adhère, soit on est transformé en collaborateur de l’ordre discriminatoire et raciste. Les conformistes se couchent et ânonnent le slogan du jour.
Revenons aux États-Unis. Les présents événements entraînent une forme d’hystérie idéologique. Sur plusieurs vidéos, on a ainsi vu des Américains blancs s’agenouiller devant leurs compatriotes noirs pour s’excuser des crimes commis par leurs ancêtres à leur endroit. Ces scènes de repentance filmées poussent la logique de la repentance tellement loin qu’elle en devient caricaturale, à la manière d’une parodie involontaire de la haine de soi. Le régime diversitaire, qui a conditionné la population à travers un discours culpabilisateur déstructurant le rapport au monde et sectionnant le rapport au réel, engendre des névroses de plus en plus visibles. On l’observe dans la « culture woke », qui se présente comme une hypersensibilité revendiquée à la question des droits des minorités.
La crise de larmes mise en scène sur Facebook ou Twitter s’apparente à une forme d’expiation théâtrale des péchés de ses pères. Elle reproduit l’autocritique des maoïstes de jadis : le rituel s’est maintenu, et même généralisé. Il s’agit maintenant de s’excuser d’être blanc. C’est en s’humiliant qu’on tuera le vieil homme en soi. Le progressiste mondain se fait une fierté de sa honte. Il se présente comme un allié des damnés de la terre, dans une quête de rédemption et d’acceptation sociale. Il se roule dans la fange en croyant se baigner dans les saintes huiles.
Les États-Unis doivent assurément prendre à bras-le-corps leur question noire. Malgré la guerre civile, les droits civiques, les vrais progrès sociaux des dernières décennies et l’élection de Barack Obama, la situation des Noirs demeure tragique. Le racisme historique pèse encore. Mais les simagrées de la gauche mondaine radicalisent la situation davantage qu’elles ne permettent de dégager l’horizon. D’un mal peut toutefois sortir un bien : cette crise pourrait faire naître un élan de solidarité envers la communauté noire. Elle n’est toutefois pas transposable en France, qui ne doit pas devenir le 51e État américain. ■
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
L’Amérique n’exporte pas seulement des voitures, du Coca Cola et des marques de chaussures de sport, mais aussi ses délires idéologiques sortis du cerveau fêlé du gauchisme culturel universitaire: la théorie du genre, le multiculturalisme, le culte des LBGTQ (on s’y perd dans ces sigles), l’obsession de la lutte contre les discriminations ( alors que le Littré nous dit que c’est la faculté de discerner, de distinguer. La langue est discriminatoire, qui distingue le singulier et le pluriel, le passé et le présent etc.) au nom de laquelle chaque groupe crispé sur son identité peut exiger d’être mis à l’abri de toute critique ou réserve. N’a-t-on pas vu récemment des gens s’indigner qu’il n’y ait pas encore de loi pour punir la » grossophobie »? Car ces revendications s’accompagnent généralement d’une furieuse exigence de répression pénale. Et voici maintenant que des » racisés » ( il vaut la peine d’avoir vécu assez longtemps pour découvrir ce jargon ) tentent de nous persuader que la France de 2020 ressemble à l’Alabama ou au Tennessee des années 50 ! À quand la lutte contre un Ku Klux Klan français fantasmé ? Mais à côté de cela, dans cette mouvance » racisée » la haine des blancs peut prospérer en toute impunité et bonne conscience. Ces gens sont de dangereux fauteurs de guerre civile, puisqu’ils veulent dresser les immigrés contre les français de souche, et Bock Côté a raison, ils appellent à la guerre des races (lesquelles comme on le sait dans le monde politiquement correct, n’existent pas )
Oui la gauche progressiste utilise toujours les mêmes ressorts de culpabilisation et de manipulation reposant toujours sur la logique de l‘affrontement et de la division .La lutte des classes puis la lutte des races puis la lutte entre hétérosexuels et homosexuels , entre les femmes et les hommes sont les lignes forces de ses combats avec toujours en toile de fond le mythe de la discrimination et de la victimisation.
Tout cela reflète très souvent le refus de la responsabilité individuelle, comme si l‘individu n‘avait aucune prise sur son destin et une profonde jalousie de la réussite des autres ..
Au rythme oû cela est partie l‘Algerie inputera encore à la France ses échecs dans 200 ans ….
En résumé tout cela relève d‘une pathologie mentale de haine et de ressentiment parfaitement à l‘oppose de la vision chrétienne.