Nous revoici d’accord avec cette chronique de Patrice de Plunkett, datée du 2 juin, sur un sujet dont on sait qu’il a fait l’objet d’un long débat dans nos colonnes.
A quoi joue le Conseil constitutionnel quand il s’en prend au breton, au basque, à l’alsacien, au corse ou à l’occitan, alors que le bulldozer de l’américain est en train de disloquer le vocabulaire et la grammaire de la langue française… dans l’indifférence totale des pouvoirs publics ? Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :
<< Alors : le Conseil constitutionnel… On peut s’interroger à son sujet, quand on le voit, examinant une loi récente sur les langues régionales en France, censurer un article favorable à l’enseignement scolaire du corse, du basque, de l’alsacien ou du breton, et interdire l’usage de quelques signes orthographiques servant à prononcer certains mots de ces langues. Par exemple l’espèce d’accent circonflexe qu’on met sur des N pour les prononcer AN et non ANN. Il parait que l’usage de cet accent en breton mettrait en danger la République.
On a du mal à le croire quand on sait que le nom espagnol du préfet français coordinateur de l’antiterrorisme, Laurent Nuñez, s’écrit avec cet accent ! On voit mal en quoi ce préfet, dont la famille pied-noir est française depuis 130 ans, menacerait nos institutions par l’orthographe de son patronyme.
On le voit d’autant moins qu’en février 2020, le président de l’Assemblée nationale et la ministre de la Justice annonçaient que cette espèce de petit circonflexe, et tous les signes du même genre, dans les langues régionales ainsi reconnues comme “richesses de la République”, allaient bientôt être admises à l’état-civil et que le décret l’y autorisant était en cours de rédaction.
Le soudain zèle jacobin du Conseil constitutionnel apparaît d’autant plus bizarre que les “sages du Palais-Royal” (comme on croit devoir les surnommer) ne semblent pas du tout inquiets du véritable danger qui menace la langue française : notre vocabulaire et la construction même de nos phrases sont envahis massivement par la langue américaine, destruction propagée par le bulldozer de la publicité et de l’audiovisuel ; le langage officiel lui-même s’aligne sur l’invasion. Quand un mot français ressemble à un mot américain mais avec des sens différents, c’est le sens américain qui finit par l’emporter.
Il y en a des centaines d’exemples, plus nombreux chaque semaine. Je vous en cite un, constaté hier : au lieu de nous dire « remettez-vous en forme pour avoir un beau physique cet été », une pub française destinée à des Français nous dit : “travaillez votre summer body”. Que nous nous mettions à dire “body” au lieu de “corps”, ou “ma life” au lieu de ֧“ma vie”, etc, etc, c’est plus grave qu’on ne croit. Adopter le langage d’une superpuissance économique étrangère, donc progressivement la vision du monde qui va avec, c’est une attitude de colonisés. Et c’est une perte mentale. Le Conseil constitutionnel devrait s’occuper de ce problème-là, au lieu de reprocher à des parents de donner à leurs enfants des prénoms traditionnels, ou d’empêcher des écoliers français d’apprendre aussi leur langue régionale… On sait que les élites vivent loin des gens, mais il y a quand même des limites. >> ■
le Conseil est cohérent avec la republique: couper le peuple de ses racines, le précipiter vers l’universalisme
Le Conseil Constitutionnel s’occupe de ce pourquoi il est saisi. Un point c’est tout.
La loi Toubon, beaucoup plus vigoureuse dans ses intentions, n’est plus respectée depuis longtemps parce que tous les Gouvernements se fichent de la langue française et que personne ne se préoccupe de sanctionner les entreprises multinationales qui emploient le globish.
En fait les premiers projets de texte, en 93-94 étaient tout à fait dans l’esprit de la fameuse « Loi 101 » du Québec et obligeaient tous les textes à être traduits en français : ainsi, par exemple, les titres des films étasuniens.
Mais les arbitrages à Matignon ont vu un Premier ministre – Balladur – prendre des décisions systématiquement contraires à notre langue. Le Conseiller technique qui suivait cela, Y.M., me dit un jour en revenant de la rue de Varenne : « Tu te rends compte, le PM, sous ses airs de chattemite, sur cette histoire de traduction obligatoire du titre des films, a laissé tomber paresseusement : Moi, j’aime bien « Love story » (monument de caramel mou, au demeurant – je parle du film) ; l’affaire était entendue.
Pour le reste, j’ai dit vingt fois ma position ici : personne n’empêche quiconque d’apprendre une « langue » régionale : mais hors du temps scolaire, ou en plus du temps scolaire. C’est comme le catéchisme, la danse folklorique, la cuisine, tel ou tel sport. Mais qu’il y ait des écoles basques ou bretonnes pour décérébrer des enfants qui auraient bien besoin d’apprendre le français – la seule langue de TOUTE la France -, ça non, cent fois non !
En parfait accord avec Pierre Builly. Les langues régionales font partie de la richesse de notre patrimoine culturel et, à ce titre, il faut donc les préserver et les faire vivre… mais en seconde main, si je puis m’exprimer ainsi qui n’a rien de péjoratif ni d’irrespectueux. Car si la France est devenue France au fil des siècles c’est aussi parce qu’on y a voulu une langue parlée et comprise par tous sur son territoire. Elle en est le ciment. C’est elle qu’il faut enseigner, préserver et promouvoir… et chérir !… avant tout. Cette langue, c’est le Français !
Tant qu’on verra un antagonisme entre les langues régionales et le français, on manquera le plus grand risque menaçant de mort notre langue nationale. Ce plus grand risque ce sont les élites mondialisées et tout l’appareil d’État qu’elles squattent jusqu’au Chef de l’ État. Inclus. Quand le jacobinisme n’est plus patriote du tout, il faut bien admettre qu’il ne fait plus que détruire. Mais tout ça a déjà été dit et nous nous répétons…
Où voyez-vous qu’il y ait antagonisme entre le français et les « langues » régionales ? On ne joue pas dans la même catégorie !
À l’heure où la double menace de l’Islam conquérant et de la mondialisation décérébrante la France subit de plein fouet une atta qui la menace dans son être, cessons de pleurnicher sur ce qui n’est plus.
Sur ce qui est défendu, promu par des ennemis de la France : lorsque j’éatais en Corse, les séparatistes exigeaient « le corse de la maternelle à l’Université ». et je gage que tous les promoteurs des écoles Diwan en Bretagne ou tous les intégristes du basque ne rêvent que de la dissociation de notre Nation.
L’heure est grave ; c’est bien joli ce côté « Tutupanpan, aïoli, farandole », mais ça ne répond pas aux défis qui nous sont lancés.
Quant au tilde sur le N de Nunez dont se moque Plunkett (que j’ai connu mieux inspiré, en vrai nationaliste français), c’est précisément ce qui fait la différence : faut-il que tous. eux dont les origines sont étrangères puissent conserver leurs particularités langagières et orthographiques ? Les O barrés scandinaves, les accentuations slaves ou yougoslaves ? C’est ridicule…
Ce qui me semble plus ridicule, cher Pierre Builly, c’est d’encourager les Français à ignorer jusqu’à l’absurde les phonèmes étrangers à notre langue (ou selon mon Littré, oubliés par elle, tels les ll mouillés). Il existe une règle quasi-universelle concernant l’allemand : si on ne veut pas l' »umlaut »(le tréma), ou en son absence sur le clavier, on ajoute un « e » qui marque et respecte la différence, par exemple, entre « u » et « ou » et la signification qui va avec. C’est le modèle à suivre. N’était-il pas indigne, voire insupportable, que le président tchécoslovaque, soit, pendant des années, prénommé par toute la France, officielle ou ignorante, Vaklav (une bouchée de baklava), au lieu d’un plus exact et musical Vatslav ou Vaslav, son VRAI prénom. Ça n’aurait rien coûté qu’un peu d’humilité, et à l’écrit, une précision quant à la prononciation comme il s’en fait couramment en littérature. De tels exemples , innombrables et quotidiens, ne sont pas à notre honneur de francophones. Quant à Nu~nez, si telle est sa volonté, respectons son vrai nom et écrivons, quand on ne peut pas faire autrement (ce qui semble mon cas), Nunyez, comme nous écrivons canyon. Le français et les Français ne peuvent qu’y gagner en savoir et en réputation si, dernier exemple, ils cessent d’appeler Sao Polo, une grande capitale dont le nom, à défaut de produire le juste son , serait respecté (et compris) par un simple Saint-Paul ou un approximatif , quasi-provencal, « san paol' ».
Je ne suis pas substantiellement en désaccord avec vous, Marc Vergier et je suis des premiers à estimer qu’une langue peut changer, admettre des apports, se glisser dans de nouvelles aventures.
de la même façon que j’estime qu’il peut y avoir des Français noirs, jaunes, café-au-lait ou verts ou bleus, j’admets volontiers que notre merveilleuse langue est assez forte pour tout assimiler.
Ce qui m’agace, c’est le côté agressif, revendicatif, rebelle de la revendication. Lorsque la France était aussi forte que sûre d’elle-même, tout ça n’avait aucune importance. Mais elle est devenue si fragile…
Il faut aimer sa langue , celle qui vous a bercé , et la langue de notre pays , souvent la même. Elles nous ouvrent à la civilisation. . Mouloud Ferraoun écrivait un français très pur, très beau. Oui à l’amour du Provençal pour les Provençaux, mais n’oublions pas de faire aimer en priorité notre belle langue et ne pas favoriser le communautarisme au détriment de la nôtre, et nourrir une hostilité de plus. .