Bien sûr, pour le grand public, aujourd’hui, Rutebeuf reste d’abord connu pour sa Griesche d’Hiver, ou Complainte Ruteboeuf (chantée ici par Léo Ferré) :
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d’hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est advenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta.
Merci!
Non seulement le Moyen Age a pensé toutes nos pensées d’aujourd’hui mais a exprimé nos sentiments et nos douleurs et souvent mieux dites que nous ( à comparer avec le rap dont rien ne subsistera dans une génération)
Comment ne pas faire le rapprochement avec le » raccourcissement sur le front de l’amitié » ?
Quelques amis s’en sont allés,
Telles feuilles que le vent emporte.
Sur eux il faut fermer la porte,
Il reste ceux qui sont restés,
L’amitié demeure plus forte
La vraie.
Les fréres de notre jeunesse,
Les camarades de nos camps,
Ceux des feux dans la nuit épaisse,
Ceux des marches avec les chants,
Tiennent bien leurs vieilles promesses,
Pourtant.
Ceux que l’on a perdus en route
S’effaceront dans le lointain.
Que nous importe les déroutes,
Nous aurons bien d’autres matins,
Je sais déjà que nous écoute
Demain.
Brasillach… Oct 1943
Quel bonheur de réécouter cette magnifique chanson de Léo Ferré , de revoir son visage , celui de ces trois hommes que nous aimions tant , et enfin celui de Serge Reggiani ! Ce qu’ils chantaient était plein de beauté, un mélange d’irrévérence aristocratique et de tendresse pudique qui nous bouleverse toujours autant .
Je vous en remercie infiniment !
Cordialement