« Eux, au moins, c’était par patriotisme. ». Charles de Gaulle
Plus de 60 ans après, ces images montrent comment une république s’effondre. Comment ceux qui l’avaient combattue s’emparent du pouvoir. Comment cela s’organise, s’enclenche, se réussit. Avec aujourd’hui, des analogies et des différences s’imposent aux esprits politiques. 1958 marque un changement de république. Mais ce ne fut pas – les choses sont évidentes aujourd’hui – un changement de régime.
Il ne s’agit pas de raviver les rancœurs, légitimes ou non. Georges Pompidou eut raison, à propos des oppositions nées de la seconde Guerre Mondiale lorsqu’il déclara dans l’une de ses conférences de presse, avec une autorité et une gravité dignes d’un Chef d’Etat : « J’ai pensé que le moment était venu de jeter le voile, d’en finir avec le temps où les Français ne s’aimaient pas.»
De Gaulle a mis fin à la guerre d’Algérie et à la période coloniale. Les relations franco-algériennes sont demeurées conflictuelles et la France a désormais affaire au flux migratoire qui transporte sur son territoire des masses algériennes considérables, parmi lesquelles une présence terroriste dont nous voyons chaque jour les effets.
Au reste, en mai 68, De Gaulle lui-même a rendu un hommage indirect aux partisans et aux factieux de l’Algérie française, lorsqu’il a déclaré – en substance – à Alain Peyrefitte qui rapporte le propos dans le dernier de ses trois C’était de Gaulle : « si cela continue, je ferai appel aux partisans de l’Algérie française. Ils m’ont combattu, mais eux, au moins, c’était par patriotisme. ». Ainsi s’explique – au moins en partie – la visite de de Gaulle à Massu, au cœur de mai 68, dix ans plus tard, à Baden Baden.
Remarquable commentaire de JSF. On conçoit bien l’écorchement de ceux qui ont cru « là-bas » que le processus de la décolonisation n’était pas inéluctable.
Mais c’était il y a 60 ans. Il est temps de fermer les blessures.
Une vidéo très intéressante, dont je partage le commentaire publié par « Je suis Français ».
Le rappel de ces événements algériens m’inspire une réflexion, ou plutôt une interrogation : à l’heure où la colonisation républicaine est de plus en plus attaquée et critiquée (parfois à juste titre), les royalistes ont-ils intérêt à la défendre ? Ne devraient-ils pas plutôt la critiquer également en pointant du doigt les ravages causés par l’idéologie impérialiste née de la Révolution ?
Dire ceci n’implique en aucune manière de cracher sur ceux qui sont morts pour la France, notamment en Algérie ; il convient au contraire d’honorer leur mémoire. Mais précisément, s’ils sont morts, c’est à cause d’une colonisation inique, menée par des idéologues tout imprégnés de l’esprit révolutionnaire. C’est parce que l’Algérie a été rattachée à la France et traitée comme n’importe quel département que le conflit fut aussi long et meurtrier, car on ne brise pas impunément les structures traditionnelles d’une société.
A titre de comparaison, il est intéressant de regarder du côté du Maroc. Voilà un pays qui ne fut pas un département français, mais un protectorat ; le général Lyautey (royaliste, rappelons-le) a eu l’intelligence de respecter la religion et les traditions locales. Surtout, il avait parfaitement compris que les pays d’Afrique du Nord se sépareraient un jour de la métropole et il a voulu que cette séparation se fît sans douleur. C’est ainsi que l’indépendance du Maroc se fit beaucoup plus paisiblement que celle de l’Algérie ; et s’il s’était trouvé un second Lyautey dans ce pays, nous aurions fait l’économie de centaines de milliers de morts français et algériens.
Ceci pour dire que globalement, je laisse volontiers aux républicains le soin de défendre l’œuvre coloniale ; après tout, c’est la leur, qu’ils l’assument. Laissons les morts enterrer leurs morts.
Bravo, Grégoire Legrand, pour cette réflexion très pertinente et profonde sur ce qui fut assurément un drame pour toute une génération. Même ceux qui n’étaient nullement concernés personnellement ni familialement par la guerre ont ressenti avec violence cet épisode affreux.
Mais cela nous a empêchés de réfléchir sur le fond des choses, que vous exposez fort bien. Et encore aujourd’hui, malgré les travaux de Jean Sévillia, par exemple, qui montrent combien était impossible le maintien de l’Algérie dans la France; il en est encore qui pleurent leurs désillusions.
Nous aussi, à l’AF, nous devrions avoir le courage du « droit d’inventaire » ; c’est partiellement fait pour Vichy, ça ne l’est qu’à peine pour l’Algérie.
Et je ne parle pas de l’absurdité de Mayotte !!!
Bravo aux deux commentateurs précédents. Nous avons peu utilisé cet angle d’attaque contre le régime républicain. On oublie trop souvent certains textes de Maurras sur ce sujet, comme dans le Dictionnaire Politique et Critique.