
Par Pierre Lellouche.

Cette tribune est parue hier vendredi 2 mai dans Le Figaro. Nous ne la commenterons pas, considérant qu’elle va globalement et simplement dans le bon sens, Qui consiste en la défense et le maintient des caractères fondamentaux les plus constants de l’identité française Les lecteurs de JSF relèveront les points particuliers qui mériteraient une discussion.
TRIBUNE – Dans son discours de commémoration de la bataille de Camerone ce 30 avril, le président Emmanuel Macron a soutenu que l’identité de la France ne devait pas être «figée». L’ancien ministre estime au contraire que la France ne saurait être définie sans mention de ses racines judéo-chrétiennes.
Pierre Lellouche a notamment publié Engrenages. La guerre d’Ukraine et le basculement du monde (Éditions Odile Jacob, 2024).

Ces derniers jours, la France s’est trouvée secouée, divisée par un fait divers, ou plutôt un fait de société, particulièrement sordide, mais hélas très révélateur de ce que notre pays est en train de devenir. Dans la mosquée de La Grand-Combe, près d’Alès, un jeune sans papiers malien a été sauvagement assassiné par un autre jeune, d’origine rom, bosnien de religion chrétienne, né en France, sans emploi et vivant du RSA… Cette fois, on ne tuait pas au cri de «Allah hou akbar !» : c’était un musulman qui était visé…
Dans cette petite cité anciennement minière, où le chômage atteint 40 %, 6 fois la moyenne nationale, ne subsistent que le PCF, aux commandes de la mairie, et le RN. Les mines de charbon ont fermé depuis longtemps, mais les immigrés sont restés et continuent d’arriver : effet diasporas et générosité du guichet social français… À l’Assemblée, la conférence des présidents s’est déchirée sur le point de savoir si le jeune malien méritait d’être honoré d’une minute de silence, réclamée par la gauche. Pourquoi lui et pas un autre ? Comment hiérarchiser les victimes et les hommages ? Selon la croyance de leurs assassins ? Selon la religion de la victime ? Discrétion pour la mort d’un curé ou d’une paroissienne, mais hommage national quand la victime est musulmane ? Pour l’extrême gauche et les écologistes, «l’islamophobie» exige une mobilisation générale contre le racisme antimusulmans. Et bien sûr, des manifestations, dont fut exclu un député socialiste de confession juive, au nom de son soutien présumé au sionisme. Récupération éhontée, mais qu’importe ! La machine à fracturer le pays tourne à plein régime…
C’est dans ce contexte que le président de la République, à l’occasion d’un déplacement à Aubagne pour commémorer l’héroïque bataille de Camerone livrée par la Légion étrangère le 30 avril 1863 au Mexique, choisit d’apporter sa propre pierre au débat, en dissertant sur l’identité de la France. La France, «patrie de volonté, de bravoure, qui se définit ni par le sang, ni par une race, ni une religion, ni par une identité figée.» Pas d’identité figée, donc, mais «une volonté, chaque jour recommencée d’accomplir de grandes choses avec une poignée de terre dans la main. Un rêve d’universel, d’idéal , cette solidarité, cette fidélité à la patrie.» De ce laïus, qui, si on le lit dans le détail, pourrait s’appliquer à cent autres pays, tant il n’est question, ici, ni d’histoire millénaire ni de géographie ni de langue, bref de tout ce qui constitue la nation française, je retiendrai une chose, gravissime à mes yeux : la notion «d’identité figée» que rejette d’emblée Monsieur Macron.
Affirmer, comme le général de Gaulle osa le dire jadis, que les racines de la France sont fondamentalement chrétiennes, ou judéo-chrétiennes, est tout simplement impensable pour son lointain successeur. Pour ce dernier, il n’y a ni culture française ni identité, sauf mouvantes en permanence, essentiellement nourries des apports de l’extérieur, comme si la France était déjà exsangue, épuisée, pour ne pas dire éteinte. Mais qu’est-ce qu’une identité si elle n’est pas «figée», donc reconnue comme telle, et comment se définir soi-même si on rejette ses racines ? Doit-on comprendre qu’il est normal, voire souhaitable, qu’une nation, à l’image de «l’homme déconstruit» souhaité par la gauche woke, change en permanence d’identité au cours de sa vie, y compris de «genre» ? Et si tel est le cas, que serait cette nation et qui serait cet homme ? En un mot, quelle serait leur identité ?
Pour M. Macron, l’identité de la France ne peut être que mouvante, changeante, mais alors de quel pays s’agit-il ? Pierre Lellouche
Par définition, l’identité s’inscrit dans une histoire, dans une langue et une culture. Le parcours de vie de l’homme, comme celui d’une nation, peut certes évoluer au fil des événements de la vie, mais cela implique-t-il qu’il lui faille renier son identité fondamentale ? Pour Monsieur Macron, l’identité de la France ne peut être que mouvante, changeante, mais alors de quel pays s’agit-il ? Et comment alors prétendre intégrer les nouveaux venus (un demi-million par an !), au sein d’une société qui ne connaît pas elle-même son identité, puisque précisément celle-ci est sans cesse changeante, et se résume à des formules creuses telle que «les valeurs» de la République ? Refuser de reconnaître l’identité de la France, de la «figer» , c’est ce que Jacques Chirac fit, hélas, en 2004, en exigeant que soit retirée du préambule du projet de constitution européenne la mention des «racines chrétiennes» de l’Europe.
Macron recommence aujourd’hui : ni la culture ni l’identité profonde du pays n’ont de grâce à ses yeux. Le pays évoluera donc en se créolisant, un mot cher à Jean-Luc Mélenchon, Mélenchon–Macron, même combat donc ! La France, que vénéraient de Gaulle et Marc Bloch – que le même Macron entend faire entrer au Panthéon – est donc condamnée à une mort lente par son chef, à mesure qu’évoluera le ratio entre Français, personnes issues de l’immigration et immigrés étrangers ! D’ici là, il faudra se contenter de vivre dans un patchwork culturel et religieux où le «vivre ensemble» sera bien davantage un «vivre à côté, voire contre» l’autre, en permanence dans la peur ou dans la soumission. Qu’il soit permis aux Français, fiers de leur histoire millénaire, de ne pas souhaiter cet avenir-là et de regretter que le président de la République en personne, refuse d’envisager l’histoire de France et son identité, autrement que sous la forme d’une capitulation préventive face à une immigration majoritairement islamique et hors contrôle. Quant à l’Europe, le pape François disait ceci en 2019 : «Ils n’ont pas voulu citer les racines chrétiennes, mais Dieu s’est vengé !»… Pour lui, la crise d’identité européenne, qui conduit à la montée des nationalismes et des populismes, vient d’abord du fait que l’Europe n’a pas été capable de regarder son histoire ni d’assumer son héritage. « L’Europe a besoin d’être elle-même, elle a besoin de sa propre identité de sa propre unité »… ■ PIERRE LELLOUCHE

*Dernier livre paru : Engrenages. La guerre d’Ukraine et le basculement du monde, de Pierre Lellouche, Odile Jacob, 368p., 23,90€. Odile Jacob
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Les minutes de silence à toutes occasions pour « Pierre, Paul ou Jacques » sont vraiment pénibles.
A ce compte là , ceux qui sont présents et tenus de les respecter sont, d’une certaine manière pris, mentalement, en otages.
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Le discours d’ E. Macron pour définir sa conception de la Nation n’est qu’un salmigondis tout comme serait un salmigondis une nation ainsi définie .
Pierre Lellouche, raisonne fort bien au contraire de ce président de la RF qui ne sait même pas faire des discours de circonstances avec intelligence.
Encore une fois Macron me navre