
Les royalistes d’Action Française qui furent les initiateurs de la restauration du culte de Jeanne d’Arc à l’aube du siècle dernier, qui en imposèrent les cortèges et finirent par obtenir que le 2e dimanche de mai devînt en son honneur fête nationale, défileront encore aujourd’hui à Paris et, souhaitons-le, dans d’ autres villes de France. Ils le faisaient en grand nombre, en ordre, en silence, à l’approche de la Grande Guerre, puis après elle, après l’immense sacrifice de toute une génération et des morts innombrables. Toute une jeunesse. La tradition en a été maintenue. Voici comment le faisait Marseille en 1933, racontée par L’Action Française dans son édition du lendemain. JSF
Dans son édition du 15 mai 1933, L’Action Française décrit le défilé. Après avoir fait la liste des associations catholiques et d’anciens combattants, le correspondant anonyme écrit :
Les formations de l’Action Française, défilant dans un silence parfait. L’immense colonne de nos amis produit sur la foule une impression considérable.
« Mais voici, précédées des douze fanions de la fédération provençale, les formations de l’Action Française, défilant dans un silence parfait. L’immense colonne de nos amis produit sur la foule une impression considérable, tant par son nombre égal à celui de tous les autres groupements réunis, que par son absolue cohésion.
Derrière les drapeaux, auprès du commandant Dromard, président de la fédération, marche Paul Robain, des Comités directeurs de l’AF. Ils sont accompagnés des présidents des fédérations départementales. Les ligueurs de Marseille, auxquels se sont joints des délégués de Toulon, d’Aix, de Mollégès, de Martigues, de Cannes et d’Avignon, suivent leurs chefs. Les Jeunes Filles et les Dames royalistes viennent ensuite, précédées d’une gerbe blanche portée par Mlle de Montgrand, Mlle Dromard et Mlle D’Amalric. Enfin, fermant la marche, les équipes de Commissaires de Marseille, auxquelles se sont joints des Camelots de Nice, ceux-ci ayant à leur tête les admirables organisateurs de la fameuse réunion du 9 mai. Le Cortège passe devant la préfecture et, après avoir remonté la Canebière, s’arrête devant le « monument aux mobiles », à l’entour duquel se rangent les étendards.
Des couronnes sont déposées au nom du comité de Jeanne d’Arc, de la Fédération des patronages, des Jeunesses patriotes et de l’Action française. Tandis que les clairons jouent « Au drapeau » », la foule garde une minute de silence ; toutes les fanfares exécutent ensuite la Marseillaise et la dislocation s’opère sans incident au cri de Vive la France ! » ■
L’ordre, le silence, le cortège de Jeanne d’Arc se distinguait des manifs revendicatives, c’était un hommage de la France patriote à l’héroïne nationale .
Eh oui ! cher Olivier : «l’ordre, le silence», telles étaient les tenues naturelles ; et telles devraient-elles avoir survécu… Mais voilà… Je me suis rendu à une commémoration de Jeanne d’Arc, à laquelle – pour ma grande joie – participait pas mal de jeunesse mais, pour cette célébration de la sainte royale j’ai immédiatement déploré la présence de deux drapeaux tricolores et l’absence des lys – j’ai fait la réflexion à mi-voix, tant et si bien que, en fin de compte, deux ou trois ont déployé un carré à fleurs de lys, mais de la taille d’un timide mouchoir…
En fait de silence et d’ordre, il y eut des «mots d’ordre», assez vulgairement époumonés par un genre de «chauffeur de salle» en plein air et repris par le petit groupe… Je regardais cela en souriant aux corneilles, et, quoique ce m’eût causé du désagrément auditif, je passais l’éponge intellectuelle sur le sens que cela pouvait avoir… Mais, à la lecture du commentaire d’Olivier, à l’évocation de ce qu’il observe, je me désole que notre jeunesse royaliste puisse quelquefois tant ressembler à n’importe quelle autre, qui beugle au lieu de chanter dignement, qui revendique parce qu’elle a perdu l’espérance et ne sait sans doute plus réellement endurer le désespoir, la plus haute épreuve «politique et sociale» que nous ayons à traverser à ces bas niveaux de l’existence auxquels nous sommes soumis – que je le veuille ou non.
Parlant un peu avec cette jeunesse ensuite, j’ai goûté tout ce qu’il y avait de sympathique dans leur commerce, de sincère, de courageux, de valeureux, mais elle ne sait se prémunir – comme il faudrait le faire – des travers de ce qui est «actuel».
Je n’avais qu’une idée en tête : crier haut les noms et les titres de ce qu’il leur fallait lire impérativement, plutôt que de se reporter invariablement à leur saloperie de téléphone portable…
Plus terrible encore : je prêtais attention à une conversation entre deux ou trois et je m’avisais ne pas disposer de la moitié du vocabulaire employé (!?!?!?)… À quel lexique la jeunesse a-t-elle donc recours désormais ?… J’ai pu comprendre qu’il relevait des pratiques qui leur étaient communes, je veux parler de la «numérisation» des choses et, probablement, aussi, de ce que l’on appelle l’«ubérisation»… Bref, pour insister sur des observations obsolètes, on ne sait plus dire que «technicienne de surface», «réseaux sociaux», «malentendant», «aide à mourir», etc., tous synonymes de malappris…
Cependant, déjà, en 1933, à l’Action française, on chantait «La Marseillaise»…
Pas de tricolore, pas d’hymne (pseudo)-national, pas de devise hypocritement maçonnique, rien de tout cela ! Par pitié, s’il vous plaît.
Alors, ainsi libérés des stupidités du siècle, chacun de nous pourra revenir à la hauteur des vues de la grande Action française, terreau de haute culture, d’intelligence, d’intransigeance, d’humour ravageur, d’honneur et de fidélité.
Vive Dieu, la France et le Roi ! Et, comme ajoutait à la face des plébéiens incultes le regretté «Bébert de Maubert» (Olivier doit se le rappeler avec la même émotion que moi), le Bébert d’il y a tantôt une quarantaine d’années avait terminé par ces mots à l’adresse d’une flic aille intempestive : «Pour le reste, allez vous faire foutre !»
Et Bébert (par ailleurs, de sang bleu) de ne plus prononcer un mot : ordre et silence.
100% d’accord avec David Gattegno. Seulement, sur le sujet, j’ai ma petite idée. C’est que ce ne sont pas les jeunes qui sont fautifs. Comprenne qui pourra…