

Par Michel Franceschetti.

Il y a exactement 210 ans, au début du mois de juin 1815, le général Verdier était content. Adjoint au maréchal Brune commandant la 8e région militaire, qui comprenait tout le sud-est de la France, il allait visiter le lycée Napoléon de Marseille.
Après le retour de l’île d’Elbe, le gouvernement avait annulé les mesures libérales de Louis XVIII et les formes militaires avaient été rétablies pour les lycéens tandis que les professeurs devaient prêter serment de fidélité à l’empereur. Ce serait donc un moment agréable de simple vérification de l’obéissance des futurs soldats.
En entrant, Verdier fut quand même assez étonné de lire l’inscription « Vive le roi » sur le mur du futur lycée Thiers. Il rencontra des élèves à qui il demanda s’ils aimaient bien Napoléon. La réponse ne pouvait être qu’évidente. Mais voici qu’un jeune de seize ans, Elysée Reynard, lui répondit par un tonitruant « Non ».
La colère du général fut énorme. L’élève fut sanctionné ainsi que l’administration du lycée. Ainsi, le proviseur, Pierre Dubruel, fut immédiatement exilé à Gréoux-les-Bains, officiellement pour raison de santé. Il revint à Marseille après Waterloo et fut ensuite élu député royaliste de l’Aveyron. Quant à Elysée Reynard, l’élève qui avait osé affronter le général, il devint sous le règne de Louis-Philippe député et maire orléaniste de Marseille.
Nous aussi, deux siècles après Reynard, n’ayons pas peur de dire « Non », de proclamer « Non » à ce système opprimant, ennemi des libertés et destructeur de la France. ■ MICHEL FRANCESCHETTI
Merci Michel. Dommage que cet épisode ne figure pas sur la biographie de Elysée Reynard ni sur sa fiche wikipédia. Voilà un oubli à faire oublier en attirant l’attention de l’Académie de Marseille.
Cet épisode est raconté avec plus de détails aux pages 41 et 42 de « Histoire des lycées de Marseille », sous la direction de Maurice Gontard, Edisud, 1982.