
« Cette France, vous la méprisez parce qu’elle n’est pas mondialisée, parce qu’elle ne parle pas franglais, parce qu’elle voudrait perdurer dans l’histoire tout en accueillant les autres comme elle le fait déjà, sans devenir pour autant le paillasson du monde. Elle vous dérange parce qu’elle ne veut pas mourir — et vous, vous vous voudriez qu’elle s’efface en silence. »
Par Noémie Halioua.
Cette humeur très argumentée est parue dans Le Figaro du 28 mai. Notons simplement qu’aujourd’hui ceux qui sont attachés à la continuité de la France historique ne se laissent plus faire, ne se laissent plus intimider par les tenants de la bien-pensance établie, boboïsante, progressiste, notamment issue des milieux du spectacle, du monde à prétentions morales des « artistes ». Et cet oubli de toute intimidation par ces gens-là est particulièrement notable dans la jeune génération de journalistes et d’auteurs. Bon vent à eux tous ! JSF

HUMEUR – Sur France 5 le 19 mai, puis sur LCI le 25, le cinéaste Mathieu Kassovitz s’est félicité de la disparition desdits « Français de souche », qualifiés de « fin de race ». La journaliste Noémie Halioua lui répond.
Noémie Halioua est journaliste et essayiste. Elle a récemment publié La terreur jusque sous nos draps (Plon, 2024).
Cher Mathieu Kassovitz,
Certains consacrent leur énergie à combattre la faim dans le monde, d’autres au réchauffement climatique. Vous, votre combat, c’est contre les «Français de souche» — ces compatriotes que vous qualifiez de «fin de race», comme on parlerait d’une anomalie génétique ou d’un déchet nucléaire. Vous attaquez une partie de la France sur la base de sa filiation, dont les derniers représentants devraient se taire en attendant d’être dissous dans la mondialisation. Le seul moyen d’être moral pour elle serait de s’excuser d’être née et de renoncer à son identité. Il ne s’agit pas d’une provocation isolée de votre part, mais d’un propos assumé, réitéré : vous ne cachez pas votre espoir de la voir s’éteindre, cette France-là. Qu’elle existe encore vous exaspère, alors vous attendez patiemment son extinction que vous jugez inéluctable, au vu de l’impossible contrôle des flux migratoires. Chacun son Everest, chacun sa croisade. La vôtre, hélas, est teintée d’un racisme évident.
Il n’y a rien de progressiste ou de vertueux à vouloir l’effacement d’un groupe humain sur la base de son identité : c’est du racisme débridé, cruel et fondé sur un fantasme de purification ethnique. Vous pratiquez l’essentialisation qui consiste à réduire des individus à leur origine, à les pointer du doigt du fait de leur filiation ou leur lieu de naissance, à souhaiter leur effacement culturel ou leur extinction démographique : c’est du racisme. Or, à force de diaboliser le «Français de souche», vous légitimez une hostilité collective contre un groupe identifié sur des critères héréditaires. Or, le racisme ne devient pas plus acceptable lorsqu’il vise «les Blancs», la haine ne devient pas vertueuse parce qu’elle s’agite au nom de l’amour des autres et frapper une identité profonde du sceau de l’infamie n’est pas un progrès.
« Votre discours s’inscrit dans une tendance lourde et trop peu dénoncée : le mépris pour une France enracinée. Une France jugée coupable d’exister, suspecte dès lors qu’elle revendique sa continuité historique. »
Hélas, votre discours prospère par les temps qui courent, il s’inscrit dans une tendance lourde et trop peu dénoncée : le mépris pour une France enracinée. Une France jugée coupable d’exister, suspecte dès lors qu’elle revendique sa mémoire, ses attaches, sa continuité historique. Quelques jours avant vous, l’humoriste Mustapha El Atrassi espérait sur scène durant un spectacle un monde sans «gwer» — une insulte raciale visant les Blancs. Et personne n’a jamais oublié le «poète humaniste» Nick Conrad qui déversait dans sa chanson ces quelques vers : «Je rentre dans des crèches, je tue des bébés blancs. Attrapez-les vite et pendez leurs parents». Certains ont cru bon d’y voir de la subversion artistique.
Vous, vous parlez des «Français de souche» comme s’il s’agissait d’une espèce identifiable. À quoi les reconnaît-on ? À leur nom à particule ? À leur religion ? Leur couleur de peau ? Au nombre d’ancêtres nés sur le territoire ? À partir de quel degré de métissage devient-on fréquentable à vos yeux ? Il est évident qu’au-delà du «souchien», vous témoignez d’une hostilité plus large vis-à-vis d’une France attachée à son histoire, à ses paysages, à ses cafés, à ses chansons d’antan, à ses petits villages, à ses cimetières familiaux et à ses souvenirs de guerre. Cette France du Ricard à 11 heures, de la 205 diesel et de Télé 7 jours. Une France qui n’a d’autre refuge que ses propres racines — et qui, pour cela, est sans arrêt appelée à montrer patte blanche. Cette France, vous la méprisez parce qu’elle n’est pas mondialisée, parce qu’elle ne parle pas franglais, parce qu’elle voudrait perdurer dans l’histoire tout en accueillant les autres comme elle le fait déjà, sans devenir pour autant le paillasson du monde. Elle vous dérange parce qu’elle ne veut pas mourir — et vous, vous vous voudriez qu’elle s’efface en silence.
Dans vos déclarations, vous affirmez que les frontières sont artificielles, donc inutiles. «Les gens circulent et le monde est fait pour ça. On a des frontières que les hommes ont mises qui font qu’à dix mètres près, on ne devrait pas se mélanger, mais le monde n’est pas fait comme ça», expliquez-vous sur LCI. Quelle naïveté. Si vous abattez les frontières, elles se recréent, à plus petite échelle. La frontière, c’est la vie. Elle existe, de fait, partout telles des barrières de protection — comme le placenta pour le fœtus, rappelait Régis Debray dans Éloge de la Frontière — qui permettent aux identités de se structurer, aux cultures de dialoguer, et de ne pas sombrer systématiquement dans l’affrontement. Supprimez les frontières, et ce ne sont pas les hommes qui finissent par se ressembler : ce sont des communautés qui s’enferment, les groupes qui se confrontent, les tensions qui explosent. À Sarcelles, ville-monde, où le «souchien» a quasiment disparu, les policiers doivent sans cesse s’interposer dans des conflits entre bandes rivales sur fond de conflits étrangers. L’antisémitisme explose et le communautarisme fait rage. La fin des frontières ne signifie pas l’avènement de la paix mais au contraire celui du conflit permanent : c’est de cela que le cadre républicain est censé nous protéger. Et le cadre républicain n’exclut personne, y compris les «Français de souche» qui sont, comme les autres, des citoyens libres et égaux en droit.
Monsieur Kassovitz, vous devriez faire preuve d’introspection : il est évident que votre discours baigne dans la haine de soi. Dans votre bouche, la dissolution de la France historique devient la preuve d’une émancipation, mais en réalité, vous ne faites que renier une partie de vous-même. «Moi je suis Français de souche du côté de ma mère. Elle s’est mariée avec un Hongrois et ça donne moi», vous réjouissez-vous, pour justifier vos propos. Ce qui est certain, c’est que cela fait de vous, au moins à moitié, un «souchien», bien plus par exemple que la personne qui écrit ces lignes, capable d’accueillir le cri de cette France qui ne veut pas mourir et qui ne mérite pas d’être appelée à disparaître par des personnes comme vous.
Bien à vous,
Noémie Halioua ■
Excellent article. Mais c’est faire encore trop d’honneur à cette racaille mondialisée. Perso, j’en viendrais presque à souhaiter la venue des islamistes, dont la « bobosphère de Saint Germerde » sera la première victime. C’est certain.
Il s’est déclaré notre ennemi, la Christ nous a demandé d’aimer nos ennemis et souhaiter qu’ils se convertissent, en attendant je boycotter les films où il joue et ceux qu’il a réalisé
Je lui conseillerai la lecture de Simone Weill, anarco socialiste qui finit par rejoindre le Christ et être l’avocate de l’enracinement. Qu’il déguste un cassoulet, une choucroute, une cotriade ou un aligot, plutôt qu’un kebab.
Je suis dans un village andalou qui s’apprête à fêter son patron St Antoine de Padoue. Les traditions sont vivaces et incidemment pas d’immigrés sur les chantiers, rien que des hommes de souche.
Il est à noter aussi qu’un grand nombre de pays ne pratiquent pas le mélange ethnique. Les han de Chine (90 % de la population) sont-ils des fins de race ? les algériens de souche, les marocains de souche, les ougandais de souche le sont-ils?
Les tribus amazoniennes ont-elles le devoir de se mélanger à d’autres peuples?