
Ses priorités : l’identité, la souveraineté, l’ordre et la défense de la famille.
Par Jules Torres.

Cet article est paru dans le JDD d’hier, mercredi 11 juin. Certes, aucun modèle étranger n’est transposable en France ni ne doit être pris pour modèle. Cependant, contre tous les pronostics défavorables, Giorgia Meloni a redressé son pays, instauré un ordre et une stabilité institutionnelle sans précédent en Italie, et commencé à réduire les flux migratoires. Mais surtout — et c’est ce qui nous concerne et nous intéresse en propre, nous Français — elle s’oppose au fédéralisme bruxellois. Elle fait pièce aux ambitions et à l’autoritarisme d’Ursula von der Leyen, ce qui n’est pas rien. Voilà pourquoi nous avons choisi de publier cet article et conseillons de le lire. JSF
Longtemps décriée, Giorgia Meloni est désormais incontournable. Alliances conservatrices, tropisme transatlantique, méthode implacable : la chef du gouvernement italien a remis Rome au centre du jeu. Et bouleverse les vieilles certitudes européennes.

Rome, 3 juin 2025. Le soleil décline sur les toits brûlants du Trastevere. Au Palazzo Chigi, le temps semble suspendu. Sous les dorures étincelantes et les fresques séculaires du siège du gouvernement italien, une pièce s’apprête à accueillir un tête-à-tête discret mais décisif. Emmanuel Macron entre, silhouette tendue, costume sombre taillé comme une armure. En face, Giorgia Meloni, vêtue d’une veste noire au style militaire, l’attend, droite, impassible. Rien n’est laissé au hasard. Ce rendez-vous prévu pour une heure s’étire finalement sur trois. Dans ce huis clos romain, Macron envoie un signal fort : il quitte Paris pour venir chercher à Rome une alliée devenue incontournable. Un geste rare. Une scène qui en dit long. Ce dîner n’est pas une formalité, c’est une bascule. Le moment où l’Italie retrouve son poids stratégique. Et où Giorgia Meloni s’impose, lentement mais sûrement, comme la nouvelle grande d’Europe.
Après avoir relancé l’économie et freiné l’immigration massive, c’est sur le terrain diplomatique que Meloni déploie désormais son énergie
Après avoir relancé son économie et freiné l’immigration massive, c’est sur le terrain diplomatique que la présidente du Conseil déploie désormais son énergie. Un détail que les chancelleries n’ont pas manqué de relever : en janvier 2025, elle est la seule dirigeante européenne à assister à l’investiture de Donald Trump. Tandis que Paris et Berlin boudent l’événement, Rome envoie un signal clair à Washington : il faut désormais compter sur l’Italie. Depuis son arrivée au pouvoir, Meloni tisse sa toile au-delà de ses frontières. Elle s’affiche aux côtés d’Elon Musk. Elle noue également des liens étroits avec les milieux trumpistes, les conservateurs américains, les libertariens argentins – au premier rang desquels Javier Milei, président « rock’n’libéral » de Buenos Aires, dont elle est très proche.
Une droite qui s’assume
Derrière cette stratégie, une idée simple : replacer Rome au centre de la carte internationale. Faire de la Ville éternelle un pont entre l’Europe continentale et l’Amérique. Et ça marche. L’Italie retrouve un statut perdu depuis la guerre froide. Meloni a compris qu’il ne suffit plus d’exister pour peser – il faut parler à tous les centres de gravité du monde. Elle a simplement commencé par les plus puissants.
Ses priorités : l’identité, la souveraineté, l’ordre et la défense de la famille
Giorgia Meloni ne délaisse pas pour autant le Vieux Continent. Elle y construit, pierre après pierre, une droite continentale. Ses priorités : l’identité, la souveraineté, l’ordre et la défense de la famille. Son premier cercle ? La Pologne du PiS, la Hongrie de Viktor Orban, l’Autriche du FPÖ, les Pays-Bas de Geert Wilders. En France, elle respecte Éric Zemmour pour sa constance idéologique, se méfie de Marine Le Pen, jugée trop à gauche, et affiche une proximité certaine avec Marion Maréchal – mariée à Vincenzo Sofo, homme politique italien et membre de Fratelli d’Italia, le parti fondé par Meloni.
Dans l’ombre, les tractations avancent pour créer un « supergroupe » au Parlement européen, réunissant les forces du groupe ECR – dont Fratelli d’Italia est membre – et celles d’Identité et démocratie, dominé par le RN. Objectif : supplanter les libéraux de Renew Europe et s’imposer comme la troisième force politique à Strasbourg, voire la deuxième dans certains scénarios. Mais au-delà des étiquettes parlementaires, c’est une guerre idéologique que Meloni prépare. Une droite assumée, qui ne s’excuse plus d’exister. En quelques mois, elle s’est rendue audible à Varsovie, crédible à Vienne, incontournable à Bruxelles. « Elle tient sa ligne, quoi qu’il en coûte. En 2025, ça suffit à la rendre crédible – et redoutée », juge un ministre français qui suit de près ces tractations.
Pragmatisme et fermeté
En à peine deux ans, Giorgia Meloni a changé le regard que l’Europe portait sur elle. Perçue à ses débuts comme une menace populiste – « postfasciste », titraient alors de nombreux médias français –, elle est aujourd’hui considérée comme une partenaire sérieuse. L’escapade romaine d’Emmanuel Macron en est la dernière illustration, symbole d’un basculement à l’œuvre à Bruxelles. Ses prises de position n’y suscitent plus de haussements d’épaules, mais des débats – parfois même de l’adhésion. À Berlin, où l’on redoutait un clone d’Orban, on découvre une dirigeante qui joue le jeu européen, à sa manière, sans fracas. Renonçant à toute forme de provocation, Meloni cultive une image de chef de gouvernement fiable : capable de négocier, de tenir, de durer.
En 2025, Meloni est devenue la matrice d’une droite nouvelle : décomplexée, disciplinée, redoutablement efficace
Pragmatisme et fermeté, voilà la méthode Meloni. Elle parle fort, mais gouverne droit, traçant une ligne bien plus pragmatique qu’attendu. Aucun bras de fer budgétaire avec Bruxelles, aucune sortie théâtrale de l’euro ou des traités, elle avance à pas sûrs, stratégiques, sans provoquer de crise inutile. Sur l’économie, elle rassure les marchés. Sur l’Europe, elle joue l’équilibriste : critique des dérives fédéralistes, mais fidèle aux engagements de fond. Et sur les questions identitaires, elle ne fléchit pas : immigration, souveraineté, école, culture. Une stratégie rare, et qui paie. En 2025, Meloni n’est plus seulement la patronne de l’Italie. Elle est devenue la matrice d’une droite nouvelle : décomplexée, disciplinée, redoutablement efficace. Elle n’a pas pris le pouvoir en criant. Elle l’a conquis en gouvernant. ■ JULES TORRES
Fervent catho ET AMOUREUX DE LA FRANCE, je prie matin, midi et soir pour qu’un(e) clone de G Meloni se retrouve à l’Elysée dès que possible…
N’oublions pas que Mme Meloni a fait entrer pas mal de migrants pour pallier au manque de bras et contenter le grand patronat italien. Voilà qui invite à tempérer les éloges qu’on prodigue à son sujet.