
Léa Salamé va prendre les commandes du journal télévisé de France 2

Ce « billet de Dominique Labarrière » est paru ce jour (22.06) dans Causeur. Nous n’y ajouterons pas de commentaire. Rappelons simplement que nous avons déjà fait écho hier, à cet « événement » médiatique – et du fait des intéressés, politique aussi. JSF

Succédant à Anne-Sophie Lapix – celle-ci ayant été quelque onze années à la manœuvre – Léa Salamé va devenir prochainement le visage et la voix du 20 heures de France 2. D’aucuns, espiègles ou ronchons, au choix, ajouteraient au visage et à la voix ce qu’on peut appeler l’esprit maison. La maison en question étant le service public d’information. (Vous savez, celui qui fonctionne sur les sous du contribuable.) Le lecteur averti sait donc parfaitement de quel esprit il s’agit. C’est celui qui fait florès notamment dans les matinales de France Inter, où officiait jusqu’alors Madame Salamé, en compagnie de Patrick Cohen – qu’on ne présente plus – lui aussi pénétré comme il convient de ce même esprit.
La continuité semble donc assurée. La bonne parole à l’office du matin de la Maison ronde, et désormais son prolongement vespéral sur France 2. On peut dire que, à environ une année d’une campagne électorale pour des présidentielles, ce coup stratégique doit être salué bien bas. Ceux qui se seraient aventurés à rêver d’une espèce de rééquilibrage idéologique au sein du service public d’info en sont donc pour leurs frais. L’ouverture n’est toujours pas de mise.
Cependant, il y a mieux encore. La nouvelle icône du 20 heures de France 2 a pour compagnon un homme politique – de gauche, cela s’entend – dont il se dit qu’il pourrait être lui-même partant pour la course à l’Élysée. Rien d’illégal dans tout cela, bien évidemment. Mais curieux sens de l’éthique tout de même du côté de France Télévision.
Je précise qu’il n’est absolument pas question pour moi – si peu que ce soit – d’émettre le moindre doute sur l’intégrité intellectuelle et morale de Léa Salamé. Elle est une vraie professionnelle et pratique sa discipline avec un indéniable talent. Il s’agit seulement de souligner ce qui pourrait plus ou moins s’apparenter, sinon à un conflit d’intérêt, du moins à un risque de rupture d’égalité.
À ce jour, le compagnon de la nouvelle recrue du 20 heures n’ayant nullement envisagé de se déporter, ayant même déclaré qu’il ne voyait aucun problème dans cette évolution de sa situation domestique, il semble donc acquis qu’il ne verrait là aucun obstacle à son éventuelle candidature.
Risque de rupture d’égalité, disais-je.
En raison de son poste éminent, du fait de son rôle de vigie de l’actualité politique, la présentatrice vedette se trouvera tout naturellement et en permanence placée aux premières loges pour observer et connaître les manœuvres, les plans, les préparatifs, les adaptations de campagne des états-majors des concurrents.
Certes ce serait tomber dans la facilité – diffamatoire au demeurant – de penser une seule seconde que la journaliste concernée pourrait être tentée d’en faire profiter le candidat qui lui est à l’évidence le plus proche, non seulement affectivement, mais aussi idéologiquement. Je le redis, il n’est absolument pas question de cela.
Toutefois, ce qui me semble déjà problématique en soi, c’est juste que par cette nomination, survenant à ce moment politique tout de même particulier, elle se trouve mise en situation de suspicion. Aussi, il m’étonne que, à France Télévision, on n’ait pas su anticiper ce qui, selon moi, – au risque de m’avancer un peu trop – devrait conduire les adversaires à pousser de très hauts cris. Voire à se rouler par terre… ■ DOMINIQUE LABARRIÈRE

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