
Par Front Populaire, La Rédaction.
Cet article, signé par la rédaction, est paru le 19 juin. Qu’il y ait une classe médiatique dominante, qu’elle entende le demeurer, par tous les moyens possibles, dès lors qu’elle se sait et se sent menacée, ce sont là des réalités objectives, factuelles, indéniables. Désormais, comme à d’autres époques, va se dérouler une rude compétition en termes de purs rapports de force entre la société de ceux qui veulent demeurer des esprits libres et la volonté coercitive de la caste dominante. Une lutte à mener ! JSF
ARTICLE. En audition devant le Parlement, le directeur des affaires publiques France et Europe du Sud de YouTube a admis que son entreprise invisibilisait arbitrairement certains contenus. Au premier rang des victimes de cette politique, les médias alternatifs ?
YouTube, comme de nombreux réseaux sociaux, est un outil indispensable pour les médias dits alternatifs. Mais cette entreprise est régie par des règles d’une grande opacité. Ce 17 juin 2025 est venu apporter quelques précisions sur son fonctionnement. Thibault Guiroy, directeur des affaires publiques France et Europe du Sud de la filiale de Google/Alphabet, était interrogé à l’Assemblée dans le cadre de la Commission d’enquête sur les effets psychologiques du réseau social TikTok sur les mineurs. Et ses déclarations n’ont pas manqué de faire réagir les spectateurs de l’audition filmée.
« Vous savez qu’on a un parti pris côté YouTube, qui est de donner une prime aux contenus qui font autorité ou aux contenus fiables », a déclaré Thibault Guiroy, qui évoque « des contenus de créateurs qui peuvent être jugés particulièrement fiables, notamment en réponse à des recherches sur des thèmes de société (…) à des élections (…), à des thèmes comme le réchauffement climatique ». Mais si cette mise en avant n’a rien de fondamentalement rédhibitoire, la médaille a un revers. Guiroy a reconnu que YouTube réduisait « la visibilité des contenus qui sont à la limite de franchir nos conditions d’utilisation, mais qui ne les franchissent pas ».
Face aux contenus qui poseraient problème — ici des vidéos à destination des mineurs et estimées dangereuses pour leur santé mentale ou physique — YouTube s’arrangerait avec la « loi française et les conditions d’utilisation, le règlement de la communauté sur la plateforme. » Et puisque « parfois on n’est pas en mesure de supprimer les contenus qui sont potentiellement nuisibles », ou « qu’on ne souhaiterait pas voir recommandés, mais qui ne franchissent ni la ligne de la loi française », alors « ce qu’on peut mettre en place, c’est de réduire la viralité et la visibilité de ces contenus en ne les recommandant plus ». En résumé, la vidéo existe, mais personne ne peut la voir sauf à la chercher d’elle-même.
Des médias alternatifs censurés ?
Au-delà de la censure officielle, celle régie par la loi, qui se traduit par des suppressions de contenus — 0,1 % de ce qui est posté sur la plateforme — il existe donc une censure officieuse, opaque, qui ne dépend que des velléités de l’hébergeur, en dehors des règles légales. S’il s’agit ici de défendre les mineurs face à des influenceurs peu scrupuleux et dont la démarche mercantile laisse planer peu de doutes sur leurs intentions, YouTube en la personne de Thibault Guiroy reste flou sur le type de contenus censurés, tout en reconnaissant que « c’est toujours une mise en balance assez délicate entre liberté d’expression et suppression de contenus potentiellement choquant s».
Et cette séquence qui n’a pas manqué de faire réagir. « Entendez-vous ce silence oppressant ? YouTube a avoué devant l’Assemblée : des shadowbans illégaux, sans base légale française, sans respect de son CGU ! Nos voix, nos idées, nos combats sont étouffés dans l’ombre, sans procès, sans motif », s’est indigné sur X le compte de la chaîne Thinkerview. « C’est une attaque brutale contre notre liberté d’expression, un coup de poignard dans le cœur de la démocratie ». Un avis partagé par de nombreuses figures des sphères médiatiques alternatives : « Les contenus qui dérangent l’oligarchie sont censurés sans aucune base légale. On l’avait tous constaté, c’est ainsi confirmé », a également cinglé la journaliste Amélie Ismaïli, toujours sur X.
Depuis quelques mois, certaines voix de créateurs de contenus sur YouTube s’insurgent contre une baisse étrange, car inexpliquée, du nombre de leurs vues. La chaîne Thinkerview a vu ses vues moyennes par vidéo fondre de moitié entre la période de septembre 2024 à février 2025 (531.000) et depuis février (226.000). Sans raison apparente. Alexis Poulin, de la chaîne du Monde Moderne s’est également plaint de « shadowbaning », terme désignant la possibilité de certaines plateformes numérique de réduire la visibilité de certains contenus, généralement sans en prévenir leurs créateurs. Front Populaire a également subi une baisse significative de ses vues moyennes sur la plateforme depuis mars. Dérangeons-nous ? ■
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