
« Il y a là un mauvais procès avec un but clair : affaiblir l’enseignement catholique pour le faire disparaître à terme. »
Propos recueillis par Mayalène Trémolet.

Cet entretien est paru hier (6.07) dans le JDD. M. Philippe Delorme tire la sonnette d’alarme sur les visées de toujours de la gauche et de l’extrême-gauche contre l’enseignement catholique. Qu’une offensive soit en cours nous paraît une évidence. M. Philippe Delorme a raison de lancer l’alerte. . JSF
Le secrétaire général de l’enseignement catholique revient sur le rapport de la commission d’enquête sur l’affaire Bétharram et ses 50 recommandations. Il dénonce un acharnement ciblé.

Le JDNews. À la suite du rapport de la commission d’enquête sur l’école Bétharram, craignez-vous que l’école privée soit ciblée dans son ensemble ?
Philippe Delorme. Je tiens d’abord à souligner que cette commission a été utile et nécessaire pour les victimes. Nous devons pouvoir nous unir pour lutter contre le fléau des maltraitances éducatives.
Mais, en parallèle, Paul Vannier [député Insoumis, rapporteur de la commission d’enquête, NDLR] profite de ce rapport pour poursuivre son combat contre nous. Cet acharnement est par ailleurs très antérieur aux drames révélés à Bétharram. C’est la rançon de notre succès. Certains établissements sont particulièrement ciblés : à Paris, l’école Stanislas est devenu un totem. Paul Vannier ne cache pas son intention de faire tomber « Stan ». Il faut que nous restions irréprochables sur notre organisation. Cependant, je rappelle que l’enseignement catholique ne se situe pas dans un combat idéologique. La seule chose qui nous préoccupe est de savoir ce qui est bon pour l’enfant.
Comment expliquez-vous cet acharnement contre l’école privée ?
Certains n’ont pas renoncé au serment de Vincennes prononcé à la suite de la loi Debré. Les mouvements laïcards avaient juré de combattre jusqu’à la fin de l’enseignement privé. Ce sont les héritiers de ceux qui ont fait ce serment, en 1960, qui ont repris le flambeau. Le combat idéologique demeure. Une minorité d’acteurs politiques conserve un seul cheval de bataille : pour eux, l’enseignement privé doit disparaître. Dans un contexte où l’enseignement public ne va pas bien, il est aussi plus facile de trouver un bouc émissaire que de reconnaître les défaillances de l’enseignement public. Si le ministère traitait les chefs d’établissement du public comme il traite nos chefs d’établissements, il ferait face à plusieurs grèves immédiates. La pression qui leur est imposée est tellement forte !
« Monsieur Vannier a un but clair : affaiblir l’enseignement catholique pour le faire disparaître »
Considérez-vous que les contrôles sont défaillants dans vos écoles ?
Il y a une incompréhension. La Cour des comptes affirme en juin 2023 que la loi Debré prévoyait des contrôles, financiers et administratifs, qui ne sont pas réalisés dans les faits. Nous avons toujours été favorables à ces contrôles, notamment pour faire taire des fantasmes laissant accroire qu’on utiliserait mal l’argent public. Or l’absence de contrôle n’est pas de notre fait, mais vient plutôt d’une carence de l’État. La question de la vie scolaire et de son organisation relève du chef d’établissement, qui a une liberté d’organisation. Que l’État contrôle le climat scolaire (pour s’assurer de la préservation de la sécurité physique et morale des élèves) nous semble légitime, comme pour le contrôle des maisons de retraites ou des camps de vacances. En revanche, l’État ne peut pas nous forcer à organiser notre vie scolaire en nous calquant sur le public : notre caractère propre s’exprime aussi dans la façon dont nous régissons la vie de l’école et dont nous vivons cette relation avec les jeunes.
Que répondez-vous aux accusations de Paul Vannier qui cible spécifiquement dans son rapport le secrétariat de l’enseignement catholique ?
Où est le bien-être des élèves dans cette remarque de M. Vannier ? En quoi cela améliore-t-il leur sécurité ? Il y a là un mauvais procès avec un but clair : affaiblir l’enseignement catholique pour le faire disparaître à terme. Les intentions de ce député sont par ailleurs évidentes et assumées : il a déjà déclaré que, dans l’état actuel de l’enseignement public, il n’était pas possible d’absorber les 2 millions d’élèves de l’école privée, mais c’est bien son objectif final. Par ailleurs, je suis nommé par l’Assemblée des évêques de France, donc M. Vannier considère que je représente l’Église dans mon dialogue avec l’État. Il me prête un rôle que je n’ai pas. Cela fait des années que nous simplifions le fonctionnement de l’enseignement catholique. Enfin, M. Vannier pense que nous refusons les contrôles : c’est faux. L’État s’est déjà appuyé sur ce que nous avions mis en place, et s’en est inspiré pour l’essayer dans le public. C’est un débat inutile, c’est dommage d’instrumentaliser l’affaire au détriment des élèves. ■
La photo n’est pas la bonne c’est celle du journaliste et pas celle du SG de l’Enseignement catholique.
Merci de nous avoir signalé cette erreur d’illustration à la mise en page de l’article du JDD. Elle est corrigée. Cordialement.