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Roman-feuilleton ♦ L’ensorcelée de Barbey d’Aurevilly

mercredi 16 juillet 2025mercredi 16 juillet 2025 sur Rémi Hugues

CHAPITRE II

Quand on avait tourné le dos au Taureau rouge et dépassé l’espèce de plateau où venait expirer le chemin et où commençait la lande de Lessay, on trouvait devant soi plusieurs sentiers parallèles qui zébraient la lande et se séparaient les uns des autres à mesure qu’on avançait en plaine, car ils aboutissaient tous, dans des directions différentes, à des points extrêmement éloignés. Visibles d’abord sur le sol et sur la limite du landage, ils s’effaçaient à mesure qu’on plongeait dans l’étendue, et on n’avait pas beaucoup marché qu’on n’en voyait plus aucune trace, même le jour. Tout était lande. Le sentier avait disparu. C’était là pour le voyageur un danger toujours subsistant. Quelques pas le rejetaient hors de sa voie, sans qu’il pût s’en apercevoir, dans ces espaces où dériver involontairement de la ligne qu’on suit est presque fatal, et il allait alors comme un vaisseau sans boussole, après mille tours et retours sur lui-même, aborder de l’autre côté de la lande, à un point fort distant du but de sa destination. Cet accident, fort commun en plaine, quand on n’a rien sous les yeux, dans le vide, ni arbre, ni buisson, ni butte, pour s’orienter et se diriger, les paysans du Cotentin l’expriment par un mot superstitieux et pittoresque. Ils disent du voyageur ainsi dévoyé qu’il a marché sur male herbe, et par là ils entendent quelque charme méchant et caché, dont l’idée les contente par le vague même de son mystère.

« Voilà le sentier que nous devons suivre, — me dit mon compagnon en me désignant, du bout de son pied de frêne, une des lignes blanches qui s’enfonçaient dans la lande. — Tenez votre cheval plus à droite, monsieur, et ne craignez pas de peser sur moi ! Le chemin va bientôt s’effacer, et il forme ici une traîtresse de courbe presque insensible. Dans quelques minutes, il sera nuit, et nous n’aurons pas la possibilité de nous orienter en nous retournant pour regarder le Taureau rouge. Heureusement que la Blanche connaît le chemin par où elle a passé comme un chien de chasse connaît sa voie. Bien des fois, en m’en revenant des foires et des marchés, le sommeil m’a pris sur ma selle, et je n’en suis pas moins pour ça bien arrivé, comme si j’avais sifflé tout le temps, pour me distraire, la chanson de M. de Matignon, l’esprit alerte et les yeux ouverts.

— N’était-ce pas là un peu imprudent ? — lui dis-je. — Car, voyageant de nuit dans des routes peu fréquentées, comme celle-ci, par exemple, ne vous exposiez-vous pas à être attaqué à l’improviste par quelques misérables vauriens, comme il en rôde souvent le soir dans les campagnes isolées ; surtout si vous avez l’habitude de porter une ceinture de cuir aussi enflée que celle que je vous vois autour des reins ?

— Je ne dis pas que non, monsieur, — répondit-il. — Mais à la grâce de Dieu, après tout ! Il est des moments où, si solide qu’on soit, après avoir bu sous dix tentes différentes dans une foire et s’être égosillé pour faire le marché d’une dizaine de bœufs, la fatigue vous prend et vous assomme, et on dormirait sur le clocher de Colomby, par une ventée Saint-François ; à plus forte raison sur la Blanche, qui a l’allure moelleuse comme le mouvement d’un ber1 et le pied sûr. Mais pour ce qui est des mauvais gars dont vous parlez, c’est bien certain qu’ils eussent pu me jouer quelque vilain tour s’ils m’avaient surpris ronflant sur ma selle comme au sermon de notre curé. Heureusement que la Blanche n’a jamais avisé de mine suspecte, dans le clair de lune ou dans l’ombre, qu’elle n’ait henni à couvrir le bruit d’un moulin ! Allez ! j’étais toujours à temps sur la défensive et prêt à donner le compte aux plus malins qui seraient venus me tarabuster !

— Et vous l’avez donné quelquefois, — lui demandai-je, — car j’ai ouï dire que les routes étaient bien loin d’être sûres dans ce pays ?

— Oh ! deux ou trois petites fois, monsieur, — répondit-il, — des bagatelles qui ne valent pas la peine qu’on en parle ; un ou deux coups de bâton par-ci, par-là, qui faisaient piauler mes coquins comme un chien qu’on fouette dans un carrefour. Mais jamais de raclée complète ! Ils ne l’attendaient pas ; ou ils décampaient, ou ils tombaient à terre comme un paquet de linge sale, et c’était le meilleur parti qu’ils avaient à prendre, car je n’ai jamais pu frapper un homme à terre… et la Blanche sautait par-dessus ! Mais de cela il y a maintenant des années ; c’était dans le temps de la bande du fameux Lemaire, qui a été guillotiné à Caen, de ces soi-disant marchands de cuillers d’étain qui ont bouté le feu à plus d’une ferme… À présent les routes sont tranquilles, et peut-être, hors celle-ci, à cause de la lande, n’y en a-t-il pas une seule dans toute la Manche où il faille, comme j’ai vu, dans un temps, quand on y passait, se hausser sur les étriers pour regarder par-dessus les haies et faire un nœud de plus à la lanière de son bâton autour de son bras.

— Et voyagez-vous souvent dans ces parages ? — lui demandai-je encore, ayant bien soin de régler le pas de mon cheval sur le pas du sien.

— Cinq à six fois par an, monsieur, — dit-il. — J’y fais ma tournée. J’y viens, de fondation, à la foire Saint-Michel de Coutances, à la Crottée, aux gros marchés de Créance, et il y en a deux en été et deux en hiver. Voilà à peu près tout, sauf erreur. Comme vous voyez, je ne suis pas bien grand coutumier de cette route-ci. Mes affaires sont de l’autre côté, du côté de Caen et de Bayeux, où je vais vendre aux Augerons de ce haut pays des bœufs qu’ils conduisent à Poissy, et qui sortent, comme tous ceux qu’ils y mènent, de nos herbages du bas Cotentin, et non pas de leur vallée d’Auge, dont ils sont si fiers.

— Je vois que vous êtes — lui dis-je, souriant de son patriotisme d’éleveur — un herbager de la pointe de notre presqu’île ; car, quoique vous m’ayez pris pour étranger et que j’aie perdu l’accent qui dit à l’oreille d’un autre qu’on est son compatriote, je suis cependant du pays, et, si mon oreille n’a pas oublié autant que ma langue les sons qui me furent familiers autrefois, vous devez être, à votre manière de parler, du côté de Saint-Sauveur-le-Vicomte ou de Briquebec.

— Juste comme bon poids ! — s’écria-t-il avec une explosion de gaieté causée par l’idée que j’étais son compatriote, — vous avez mis la main sur le pot aux roses, mon cher monsieur ! Vère ! je suis du côté de Saint-Sauveur-le-Vicomte, car je tiens à bail la grosse ferme du Mont-de-Rauville, qui, comme vous le savez, puisque vous êtes du pays, est entre Saint-Sauveur et Valognes. Je suis herbager et fermier, comme l’ont été tous les miens, honnêtes vestes rousses de père en fils, et comme le seront mes sept garçons, que Dieu les protège ! La race des Tainnebouy doit tout à la terre, et ne s’occupera jamais que de la terre, du moins du vivant de maître Louis, car les enfants ont leurs lubies. Qui peut répondre de ce qui doit survenir après que nous sommes tombés ?… »

Il dit ces derniers mots presque avec mélancolie. Je louai beaucoup l’honnête Cotentinais de cette résolution intelligente et courageuse, que malheureusement on ne trouve plus guère parmi les fermiers de nos provinces enrichis par l’agriculture. Moi qui crois que les sociétés les plus fortes, sinon les plus brillantes, vivent d’imitation, de tradition, des choses reprises à la même place où le temps les interrompit ; moi, enfin, qui me sens plus de goût pour le système des castes, malgré sa dureté, que pour le système de développement à fond de train de toutes les facultés humaines, et qui, d’un autre côté, admirais l’aisance, la franchise, l’attitude du corps et de l’âme, cet aplomb, cette simplicité, toutes ces virilités qui circulaient noblement et paisiblement en cet homme, je trouvais qu’il avait doublement raison de vouloir que ses enfants ne fussent que ce qu’il était et rien de plus.

Je vis bien que cette grosse tête, placée sur de si robustes épaules et solide comme le créneau qui couronne une tour, ne s’était pas laissée lézarder par ces fausses idées qui courent le monde et qu’il avait dû entendre souvent exprimer dans les foires et les marchés où il allait. C’était un homme de l’ancien temps. Quand il avait parlé de Dieu, il avait mis la main sans affectation à son chapeau et l’avait soulevé. La nuit n’était pas si bien venue que je n’eusse très bien discerné ce geste muet. Tout en nous avançant dans la lande, cerclée d’une brume mobile qui venait vers nous peu à peu sous une lune froide et voilée, je repris la conversation, que mes réflexions sur le sens droit de mon compagnon avaient un instant suspendue.

« Ma foi ! — lui dis-je en regardant autour de moi, car le brouillard n’était pas encore assez épais pour que nous n’aperçussions pas devant et à côté de nous à de grandes distances, — je suis fort disposé à vous croire, maître Louis Tainnebouy, quand vous exceptez des routes sûres de votre département cette lande de Lessay. Je suis, comme vous, un voyageur de nuit ; j’ai déjà bien couru, et en plus d’un pays, dans ma vie ; mais je n’ai jamais vu, que je me rappelle, d’endroit qui se prêtât mieux à une attaque nocturne que celui-ci. Il n’y a pas d’arbres, il est vrai, derrière lesquels on puisse se cacher pour ajuster ou surprendre le voyageur, mais voilà des replis de terrain, des espèces de buttes derrière lesquelles un coquin peut se coucher à plat ventre pour éviter le regard de l’homme qui passe et lui envoyer un bon coup de fusil quand il est passé.

— Par l’oiseau de saint Luc, qui est le patron des bouviers, — dit l’honnête fermier, — vous seriez fort en devinailles, monsieur, comme on dit chez nous. Vous avez deviné tout à l’heure, en m’entendant causer, que j’étais de Saint-Sauveur-le-Vicomte, et v’là que vous devinez maintenant ce que les sacrés bandits étaient usagés de faire, quand il y en avait dans ces parages. Vère, monsieur, comme vous dites, ils se blottissaient derrière ces buttes, à la façon d’un lièvre au gîte, car il y a bien des places comme celle-ci dans la lande, qui est bossuée comme la vieille casserole de cuivre d’un magnan2. Le plus souvent, s’ils étaient deux, ils se mettaient comme qui dirait l’un ici, l’autre là, et, au moment où vous passiez, l’un se levait tout droit de sa butte et sautait à la bride de votre cheval, tandis que l’autre, qui sortait aussi de sa cachette, vous empoignait la cuisse, et à eux deux ils vous avaient bientôt démonté. Quelquefois ils ne faisaient pas tant de cérémonies : ils se contentaient de vous envoyer une charge de plomb en guise de coup de chapeau. Qui diable entendait le coup de fusil dans ces espaces ? Tout au plus, de ce côté de la lande, la mère Giguet du Tauret rouge, qui se gardait bien d’en souffler un mot, de peur de discréditer sa maison.

— Et une maison qui ne flaire pas comme baume ! l’ami, — repris-je. — On m’a dit à Coutances qu’il ne fallait pas trop s’y arrêter.

— Ce sont là des mauvais propos et des commérages, — repartit maître Louis Tainnebouy, — une espèce de méchant renom qui tient au voisinage de la lande et à la mine de l’auberge plus qu’à autre chose. Je connais la mère Giguet depuis plus de vingt ans, monsieur. Son mari était boucher à Sainte-Mère-Église. Je lui ai vendu plus d’une couple de bœufs qu’il m’a toujours bien payés, rubis sur l’ongle, comme on dit. Mais le malheur est entré dans sa maison à la mort de sa fille, un beau brin de blonde, aux joues comme son tablier d’incarnat des dimanches, morte à l’âge des noces. Elle n’avait pas dix-huit ans quand Dieu la prit. Pauvre jeunesse ! De ce moment-là, la chance a tourné pour les Giguet. Le père n’a plus eu le cœur à l’ouvrage. Il était toujours si hargagne, qu’on disait partout qu’il avait une maladie noire. Pour noyer son chagrin, il s’adonna à l’eau-de-vie, et il a été promptement tourné. Quant à la mère, elle sécha sur pied comme un arbre frappé aux racines. Elle n’avait pas de garçon, et saigner des bœufs et en laver les courées n’est pas un métier qui convienne aux ciseaux ni aux mains d’une femme. Aussi bien ferma-t-elle son étal et s’en vint-elle s’établir à vendre du cidre au Tauret rouge. De sorte — ajouta-t-il avec un gros rire — qu’elle aura passé la moitié de sa vie à nourrir le monde, et l’autre moitié à l’abreuver. Pour ce qui est des gens qui hantent sa maison, monsieur, ils ressemblent à ceux qui fréquentent les cabarets et les auberges. Ils ne sont ni mieux ni pis ; c’est comme partout : cinq mauvaises figures pour une bonne ! Quand on a un bouchon sur sa porte, ce n’est pas pour la fermer. Et d’ailleurs, quand il est gagné honnêtement, le sou du coquin n’a pas plus de vert-de-gris que celui de l’honnête homme, n’est-il pas vrai, monsieur ?… »

C’est ainsi que nous allions en devisant. Il y avait à peu près une heure que nous chevauchions dans la lande, et le brouillard avait fini par nous envelopper complètement de son réseau diaphane. La lune filtrait dans la vapeur une lumière pâle et incertaine. Tout en trottant, maître Louis Tainnebouy avait détaché les longes de cuir qui retenaient son manteau sur la croupe de son cheval et l’avait étendu de toute sa vaste ampleur autant sur sa monture que sur lui, si bien qu’on eût dit, dans cette brume, que le cavalier et le cheval ne faisaient plus qu’un seul être, bizarre et monstrueux. Moi-même, j’avais resserré le mien autour de mon corps pour l’opposer à l’humidité qui pénétrait. Si nous avions gardé le silence, nous eussions ressemblé à deux ombres comme le Dante en dut voir errer dans les limbes de son Purgatoire. Les pas de nos chevaux s’entendaient à peine sur cette lande qui en amortissait le bruit. Nous allions, et plus nous allions, plus nous devenions communicatifs, plus aussi j’avais occasion de remarquer combien sur toutes les questions mon compagnon l’herbager montrait de justesse et d’information, comme disent les Anglais… L’intelligence de cet homme fruste était aussi saine que son corps. Ses connaissances étaient bornées, mais exactes. Ce qui s’était établi dans cette excellente judiciaire y était entré sans l’aide des écoles, par les yeux, par la main, par l’expérience. Si donc il y avait parfois en lui de ces originelles manières de sentir qu’on appelle arriérées dans ce pauvre siècle de mouvement perpétuel et de gesticulation cérébrale, il ne les avait point, comme on eût pu le croire, en raison de son infériorité relative de paysan. Sur tous les terrains de la vie réelle, il aurait battu les plus madrés, quand même on eût extrêmement élevé le terrain. Mélange de Normand et de Celte, car le voisinage de la Bretagne et de la Normandie a souvent versé des familles d’une province dans l’autre, il était le type le plus expressif que j’eusse vu de sa double race. À travers les formes un peu agrestes — qu’on me passe le mot ! « un peu brunes » — de son langage, il transperçait de sagacité fine et il éclatait de bon sens. Et puis, ce qui lui allait surtout, c’est qu’il était et restait toujours à sa place, qu’il faisait corps avec sa vie ; c’est qu’il s’ajustait, comme un gant à la main, à sa destinée. Toute chose doit sentir son fruit, disait Henri IV. Lui sentait le sien à pleines narines ; il se conformait sans le savoir aux préceptes de l’ami de Michaud. Ce n’était qu’un morceau de pain d’orge, mais il était bon.

Tout à coup, à un de ces replis de terrain que nous nous étions signalés, la jument de maître Louis Tainnebouy trébucha, et peut-être serait-elle tombée s’il ne l’eût soutenue de sa main vigoureuse et d’une bride épaisse. Mais quand elle se releva elle boitait.

« Sacre… ! — dit-il, et le juron que je n’ose écrire, il le lâcha tout au long avec une rondeur d’intonation qui ressembla à un coup de grosse caisse, — voilà la Blanche qui boite, maintenant ! Que le diable emporte la damnée lande ! À quoi a-t-elle pu se blesser sur ce sol uni sans cailloux ? Il faut que je voie à cela, et tout à l’heure ! Bien des excuses, monsieur ! — ajouta-t-il en dégringolant plus qu’il ne descendit de son cheval. — Je méprise l’homme qui n’a pas soin de sa monture. Qu’est-ce que je deviendrais sans la Blanche, la meilleure jument de la presqu’île, sur laquelle je crève depuis sept ans tous les bouillons du Cotentin ?… »

Je m’étais arrêté, le voyant s’arrêter. Mais quand je le vis vider l’étrier d’une jambe si leste, je crus que l’amour de la Blanche lui tournait complètement la tête. En effet, quoique la nuit ne fût pas noire et que la lune noyât sa blafarde clarté dans le brouillard, il aurait fallu pourtant être plus nyctalope que tous les chats qui aient jamais miaulé à la porte d’une ferme à minuit pour distinguer ce qui se trouvait sous le sabot d’un cheval à une pareille heure. Mais, comme il avait causé mon étonnement, il le dissipa aussi vite qu’il l’avait fait naître. Je le vis battre le briquet une seconde et tirer de la poche de son manteau à manches une petite lanterne d’écurie qu’il alluma. Aidé de la lueur de cette lanterne, il souleva, l’un après l’autre, les pieds de son cheval, et il s’écria que le pied de devant était déferré !

« Et peut-être depuis longtemps, — ajouta-t-il en répétant l’observation qu’il avait déjà faite ; — car sur ce sol poussiéreux on perdrait les quatre fers de son cheval qu’on ne s’en apercevrait pas ! Il est probable que c’est de ce pied-là que la bête se sera piquée. Seulement, — fit-il inquiet, — je ne vois rien. »

Et il approchait sa lanterne, et il regardait la corne du cheval, comme un maréchal-ferrant l’aurait fait :

« Je ne vois rien, ni sang, ni enflure, et cependant la pauvre bête pose à peine le pied à terre et paraît diantrement souffrir ! »

Il la prit au défaut du mors et la fit marcher en l’attirant à lui. Mais la jument, si fringante il n’y avait qu’un moment, boitait d’une façon lamentable, et vraiment il y avait raison de craindre qu’elle ne pût continuer son chemin.

« Nous voilà bien ! — dit-il encore, mais avec l’accent d’une contrariété que je comprenais, et que même je commençais à partager, — nous voilà bien, à mittan de la lande, avec un cheval qui boite, et sans âme qui vive, ni maison, ni rien, à deux lieues à la ronde, et un fier bout de route à faire encore ! La première forge que nous trouverons est à un quart de lieue de la Haie-du-Puits. C’est amusant ! Qu’allons-nous devenir ? Le diable m’emporte si je le sais ! Je n’ai pas d’envie de mettre la Blanche sur la litière pour une quinzaine, car c’est le }1er du mois prochain la Toussaint, à Bayeux, une fameuse foire qui dure trois jours et qui n’a pas sa pareille d’ici la Chandeleur ! »

Et, toujours armé de sa lanterne, il tira à lui la jument, objet de ses plaintes ; mais la bête éclopée pouvait à peine se traîner.

« Ma fingue ! monsieur, — finit-il par me dire, comme un homme qui prend une résolution, — m’est avis qu’à présent nos caravanes sont terminées et qu’il serait sage à vous de me quitter et de vous en aller tout seul, car le temps n’est pas beau et la nuit est froide, comme si l’air était plein d’aiguilles. Vous êtes p’t-être pressé d’arriver… Chacun a ses affaires. Vous ne devez pas souffrir du retardement des miennes. Moi, j’ai mis dans ma tête d’aller à pied jusqu’à la Haie-du-Puits. J’arriverai, Dieu sait quand, c’est vrai !… demain matin. Mais je suis accoutumé à la peine. J’en ai vu de grises dans ma vie. J’ai passé souvent la nuit sous Garnetot ou sous Aureville, enfoncé dans la vase du marais jusqu’à la ceinture, pour avoir le plaisir de tuer les canards sauvages et les sarcelles. Ce n’est donc pas une ou deux lieues dans le buhan qui me font bien peur… d’autant que Jeannine a doublé la houppelande de son homme comme une ménagère qui aime mieux lui mettre une tranche de jambon sur le gril et lui verser un bon pot de cidre que de lui faire de la tisane, quand il revient de toutes ses courses à la maison. »

Mais je l’assurai que je ne le laisserais pas ainsi tout seul dans l’embarras après avoir voyagé de si bonne amitié avec lui ; que mes affaires, en fin de compte, n’étaient pas plus pressées que les siennes, peut-être moins… et qu’un peu de brouillard ne m’avait jamais non plus épouvanté.

« Tenez, — lui dis-je, — maître Louis Tainnebouy, arrêtons-nous un moment. Nous sifflerons nos chevaux et nous fumerons un peu pour conjurer les âcres vapeurs de la nuit. Peut-être qu’après un temps de repos vous pourrez remonter sur votre bête, puisque vous ne voyez, dites-vous, ni plaie ni enflure à son pied.

— Je crains bien — dit-il d’un air songeur et en hochant la tête — que je ne puisse remonter c’te nuit sur la Blanche, si c’est ce que je crais qui la tient.

— Et que croyez-vous donc, maître Louis ? — lui demandai-je en voyant, à la clarté de la lanterne, un nuage couvrir ses traits francs et hardis où la gaieté brillait d’ordinaire.

— Ma finguette ! — fit-il en se grattant l’oreille comme un homme qui éprouve une petite anxiété, — j’ ne suis pas très enclin à vous le dire, monsieur, car vous allez p’t-être vous moquer de moi. Mais si c’est la vérité, pourquoi la tairais-je ? Une risée n’est qu’une risée, après tout ! Notre curé répète sans cesse que ça fait toujours du bien de se confesser, et, pour mon propre compte, j’ai r’marqué que quand j’ai eu quéque poids sur l’esprit et que je l’ai dit à Jeannine, la tête sur la taie de l’oreiller, j’ai eu l’esprit plus soulagé le lendemain. D’ailleurs, vous êtes du pays et v’ n’êtes pas sans avoir entendu parler de certaines choses avérées parmi nous autres herbagers et fermiers… comme, par exemple, des secrets qu’ont d’aucunes personnes et qu’on appelle des sorts parmi nous.

— Certes ! oui, j’en ai entendu parler, — lui dis-je, — et même beaucoup dans mon enfance. J’ai été bercé avec ces histoires… Mais je croyais que tous ces secrets-là étaient perdus.

— Perdus, monsieur ! — fit-il rassuré en voyant que je ne contestais pas la possibilité du fait, mais son existence actuelle, — non, monsieur, ces secrets-là n’ont jamais été perdus, et probablement ils ne se perdront jamais, tant que j’aurons dans le pays de ces garnements de bergers qui viennent on ne sait d’où et qui s’en vont un beau jour comme ils sont venus, et à qui il faut donner du pain à manger et des troupeaux à conduire si on ne veut pas voir toutes les bêtes de ses pâturages crever comme des rats bourrés d’arsenic. » ■   (À suivre)

1Berceau.

2Revendeur ambulant.

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Le dogme de l’antiracisme, origine, développement et conséquences, préface de Bernard Lugan,  DMM – 2024.
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A lire dans JSF : Le clivage du « nouveau monde » par Rémi Hugues.

Un mini-dossier en 6 parties. Analyses et propositions. Une manière d’appréhender la situation française réelle et ses évolutions afin de fixer nos positions. A lire, donc.  Suivre les liens.  JSF     I   II  III   IV   V   VI

Quatre livres fondamentaux de Charles Maurras réédités par B2M, Belle-de-Mai éditions

Enquête sur la monarchie. (Édition de 1925), 39 €, 836 p.

Le manifeste royaliste en ouverture du XXe siècle ! (Parution courant 1900). Maurras y pose la célèbre question : « Oui ou non, l’instauration d’une monarchie héréditaire, antiparlementaire traditionnelle et décentralisée est-elle de salut public ? » !   

L’Avenir de l’intelligence, 25 €, 244 p.

Une étude de l’histoire politique et intellectuelle du XVIe au XXe siècle, où Maurras à montre comment les intellectuels et artistes attachés à produire des œuvres de l’esprit sont passés « de l’autorité des princes de notre Sang sous celle des marchands d’Or », les immenses fortunes industrielles et bancaires qui limitent la liberté de l’esprit. Maurras en appelle à une alliance entre les intellectuels et le patriotisme des Français pour renverser cette mécanique.

Kiel et Tanger, 29 €, 428 p.

Maurras y constate la tragique infériorité du régime républicain en matière de politique internationale, spécialement face à la menace allemande de l’époque. Prévoyant la guerre à venir il conclut à la nécessité de remettre un roi à la tête du pays. Prolongeant le réalisme de la pratique capétienne des relations internationales, ancêtre de la pensée géostratégique française.

La Démocratie religieuse, 31 €, 620 p.

Parution en 1921, compilant trois textes préalablement écrits par Charles Maurras : Le Dilemme de Marc Sangnier (1906) – – La politique religieuse (1912) – – L’Action française et la religion catholique (1914). Cet ouvrage voit dans la démocratie une religion nouvelle qui vide le politique de sa puissance.

Et aussi…


Henri Massis, Georges Bernanos, Maurras et l’Action française, présentation de Gérard Pol, 18 €, 104 p.

Léon Bloy, Le salut par les juifs, avant-propos de Laurent James, 20 €, 156 p.

Commandes et renseignements : B2M, Belle-de-Mai éditions – commande.b2m_edition@laposte.net

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