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Roman-feuilleton ♦ L’ensorcelée de Barbey d’Aurevilly

jeudi 17 juillet 2025jeudi 17 juillet 2025 sur Rémi Hugues

Maître Tainnebouy ne m’apprenait là que ce que je savais. Il y a dans la presqu’île du Cotentin (depuis combien de temps ? on l’ignore) de ces bergers errants qui se taisent sur leur origine et qui se louent pour un mois ou deux dans les fermes, tantôt plus, tantôt moins. Espèces de pâtres bohémiens, auxquels la voix du peuple des campagnes attribue des pouvoirs occultes et la connaissance des secrets et des sortilèges. D’où viennent-ils ? où vont-ils ? Ils passent. Sont-ils les descendants de ces populations de Bohême qui se sont dispersées sur l’Europe dans toutes les directions, au moyen âge ? Rien ne l’annonce dans leur physionomie ni dans la conformation de leurs traits. C’est une population blonde, aux cheveux presque jaunes, aux yeux gris clair ou verts, de haute taille, et qui a gardé tous les caractères des hommes venus autrefois du Nord sur leurs barques d’osier. Par une singulière anomalie, ces hommes, qui, selon mes incertaines et tremblantes lumières, doivent être une branche de Normands modifiés avec des éléments inconnus, n’ont ni l’âpre goût au travail, ni la prévoyance profonde, ni le génie pratique de leur race. Ils sont fainéants, contemplatifs, mous à la besogne, comme s’ils étaient les fils d’un brûlant soleil qui leur coula la dissolvante paresse dans les membres avec la chaleur de ses rayons. Mais d’où qu’ils soient issus, du reste, ils ont en eux ce qui agit le plus puissamment sur l’imagination des populations ignorantes et sédentaires : ils sont vagabonds et mystérieux. Bien des fois on a essayé de les bannir des paroisses. Ils s’en sont allés, puis sont revenus. Tantôt solitaires, tantôt en troupe de cinq à six, ils rôdent çà et là, en proie à une oisiveté qu’ils n’occupent jamais que d’une manière, c’est-à-dire en conduisant quelques troupeaux de moutons le long du revers des fossés, ou les bœufs de quelque herbager d’une foire à une autre. Si par hasard un fermier les expulse durement de son service ou ne veut plus les employer, ils ne disent mot, courbent la tête et s’éloignent ; mais un doigt levé, en se retournant, est leur seule et sombre menace ; et presque toujours un malheur, soit une mortalité parmi les bestiaux, soit les fleurs de tout un plant de pommiers brûlées dans une nuit, soit la corruption de l’eau des fontaines, vient bientôt suivre la menace du terrible et silencieux doigt levé.

« Et vous pensez donc — dis-je à mon Cotentinais — qu’on aurait bien pu jeter un sort sur votre jument, maître Louis Tainnebouy ?

— J’en ai l’idée, — fit-il en réfléchissant et en donnant un revers de la main à son chapeau, qu’il poussa par là sur son oreille, — j’en ai l’idée, monsieur. C’est la vérité, et voici pourquoi. Il y avait hier au marché de Créance, dans le cabaret où j’étais, justement un de ces misérables bergers, la teigne du pays, qui s’en vont en se louant à tous les maîtres. Il était accroupi dans les cendres de l’âtre et faisait chauffer un godet de cidre doux pendant que je finissais un marché avec un herbager de Carente (Carentan). Je venions de nous taper dans la main, quand mon acheteur me dit qu’il avait besoin de quelqu’un pour conduire ses bœufs à Coutances (il allait voir, lui, un de ses oncles malade à Muneville-le-Bengar), et c’est alors que le berger, qui s’acagnardait et buvait au bord de l’âtre, se proposa. « Qui es-tu, toi, pour que je te confie mes bêtes ? — fit l’herbager. — Si maître Tainnebouy te connaît et répond pour toi, je ne demande pas mieux que de te prendre. Répondez-vous du gars, maître Louis ? » — « Ma fé, — dis-je à l’herbager, — prenez-le si vous v’lez, mais j’ m’en lave les mains comme Ponce Pilate ; j’ me soucie pas d’encourir des reproches s’il arrivait quéque malencontre à vos bestiaux. Qui cautionne paye, dit le proverbe, et je ne cautionne point qui je ne connais pas. » — « Alors, va trouver un autre maître ! » a dit le Carentinais, et ça a été tout. Eh bien, à présent, je me rappelle que le berger m’a jeté, de dessous le manteau de la cheminée, un diable de regard, noir comme le péché, et que je l’ai trouvé qui rôdait du côté de l’écurie quand j’ai été pour prendre la Blanche et partir ! »

Rien, au fond, n’était plus admissible que ce récit de maître Tainnebouy. Pour expliquer l’accident arrivé à son cheval, il n’était pas besoin de creuser jusqu’à l’idée d’un maléfice. Le berger, poussé par le ressentiment, avait pu introduire quelque corps blessant dans le sabot du cheval pour se venger de son maître, comme ce cruel enfant corse (on dit Napoléon) qui enfonça avec son doigt une balle de carabine dans l’oreille du cheval favori de son père, parce que son père lui avait infligé une correction. Seulement, ce qui pour mon Cotentinais révélait l’influence du démon dans toute cette affaire, c’est que la Blanche boitait sans blessure ou motif apparent de boiter. Il avait déposé sa lanterne à terre, sur un petit tertre qui se trouvait là, et il chargeait sa pipe en regardant sa jument, qui, comme tous les animaux souffrants, abaissait d’instinct son intelligente tête vers la partie de son corps qui la faisait souffrir. J’étais descendu de mon cheval à mon tour, et je roulais entre mes doigts les feuilles du maryland que j’allais convertir en cigarettes. Le froid piquait, de plus en plus vif.

« C’est dommage — dis-je en jetant les yeux sur le sol dénudé de tout et où le vent d’ouest n’avait pas seulement roulé une branche d’arbre — que nous n’ayons pas quelque branche de bois mort comme on en trouve parfois d’éparses sur la terre. Nous pourrions allumer une flambée pendant que votre jument se repose et nous réchauffer le bout des doigts.

— Ah ! ben oui ! du bois mort, dans cette lande, — fit-il, — c’est comme du bois vert ! On ne trouve pas plus l’un que l’autre ; et nous n’avons qu’à souffler dans nos doigts pour les réchauffer. Quand les Chouans tenaient, par les nuits claires, leurs conseils de guerre là où nous sommes, ils étaient obligés d’apporter à dos d’homme le bois qu’ils avaient coupé, pour faire du feu, dans le taillis des Patriotes. »

Ce mot de Chouans, jeté là en passant comme un souvenir de hasard par cette énergique veste rousse qui avait peut-être, dans sa jeunesse, fait le coup de fusil par-dessus la haie avec eux, évoqua en ce moment, aux yeux de mon esprit, ces fantômes du temps passé devant lesquels toute réalité présente pâlit et s’efface. Je venais précisément d’une ville où la guerre des Chouans a laissé une empreinte profonde. Personne, quand j’y passai, n’y avait oublié encore le sublime épisode dont elle avait été le théâtre en 1799, cet audacieux enlèvement par douze gentilshommes, dans une ville pleine de troupes ennemies, du fameux Des Touches, l’intrépide agent des princes, destiné à être fusillé le lendemain. Comme on ramasse quelques pincées de cendre héroïque, j’avais recueilli tous les détails de cette entreprise, sans égale parmi les plus merveilleuses crâneries humaines. Je les avais recueillis là où, pour moi, gît la véritable histoire, non celle des cartons et des chancelleries, mais l’histoire orale, le discours, la tradition vivante qui est entrée par les yeux et les oreilles d’une génération et qu’elle a laissée, chaude du sein qui la porta et des lèvres qui la racontèrent, dans le cœur et la mémoire de la génération qui l’a suivie. Encore sous l’empire des impressions que j’avais éprouvées, rien d’étonnant que ce nom de Chouans, prononcé dans les circonstances extérieures où j’étais placé, réveillât en moi de puissantes curiosités assoupies.

« Est-ce que vous auriez fait la guerre des Chouans ? — demandai-je à mon compagnon, espérant que j’allais avoir une page de plus à ajouter aux Chroniques de cette guerre nocturne de Catérans bas-normands, qui se rassemblaient aux cris des chouettes et faisaient un sifflet de guerre de la paume de leurs deux mains.

— Nenni pas, monsieur, — me répondit-il après avoir allumé sa pipe et l’avoir coiffée d’une espèce de bonnet de cuivre, attaché à une chaînette du même métal qui tenait au tuyau. — Nenni-da ! J’étais trop jeune alors ; je n’étais qu’un marmot bon à fouetter. Mais mon père et mon grand-père, qui ont toujours été un peu de la vache à Colas, ont chouanné dans le temps comme leurs maîtres. J’ai même un de mes oncles qui a été blessé de deux chevrotines dans le pli du bras, au combat de la Fosse, auprès de Saint-Lô, sous M. de Frotté. C’était un joyeux vivant que mon oncle, qui jouait du violon comme un meunier et aimait à faire pirouetter les filles. J’ai ouï dire à mon oncle que sa blessure, le soir même du combat, ne l’empêcha pas de jouer de son violon à ses camarades, dans une grange, pas bien loin de l’endroit où le matin on s’était si fort capuché. On s’attendait à voir les Bleus dans la nuit, mais on sautait tout de même, comme s’il n’y avait eu dans le monde que des cotillons courts et de beaux mollets ! Les fusils chargés ne dormaient que d’un œil dans un coin de la grange. Mon enragé et joyeux compère d’oncle tenait son violon de son bras blessé et saignant, et il jouait gaiement, comme le vieux ménétrier Pinabel, dans un de ses meilleurs soirs, malgré le diable d’air que lui jouait, à lui sa blessure. Savez-vous ce qui arriva, monsieur ? Son bras resta toute sa vie dans la position qu’il avait prise pour jouer cette nuit-là ; il ne put l’allonger jamais. Il fut cloué par les chevrotines des Bleus dans cette attitude de ménétrier qu’il avait tant aimée pendant sa jeunesse, et jusqu’à sa mort, bien longtemps après, il n’a plus été connu à la ronde que sous le surnom de Bras-de-Violon. »

Enchanté d’une parenté aussi honorable et qui semblait me promettre les récits que je désirais, je poussai mon Cotentinais à me raconter ce qu’il savait de la guerre à laquelle ses pères avaient pris une part si active. Je l’interrogeai, je le pressai, j’essayai de lever une bonne contribution sur les souvenirs de son enfance, sur toutes les histoires qu’il avait dû entendre raconter, au coin du feu, pendant la veillée d’hiver, quand il se chauffait sur son escabeau, entre les jambes de son père. Mais, ô désappointement cruel, et triste preuve de l’impuissance de l’homme à résister au travail du temps dans nos cœurs, maître Louis Tainnebouy, fils de Chouan, neveu de cet héroïque Bras-de-Violon, le blessé de la Fosse, qui aurait mérité d’ouvrir la tranchée à Lérida, avait à peu près oublié, s’il l’avait su jamais, tout ce qui, à mes yeux, sacrait ses pères. Hormis ces faits généraux et notoires, qui m’étaient aussi familiers qu’à lui, il n’ajouta pas l’obole du plus petit renseignement à mes connaissances sur une époque aussi intéressante à sa manière que l’époque de 1745, en Écosse, après la grande infortune de Culloden. On sait que tout ne fut pas dit après Culloden, et qu’il resta encore dans les Highlands plusieurs partisans en kilt et en tartan, qui continuèrent, sans réussir, le coup de feu, comme les Chouans à la veste grise et au mouchoir noué sous le chapeau le continuèrent dans le Maine et la Normandie après que la Vendée fut perdue. Ce que j’aurais voulu, c’est qu’au moins le souvenir de cette guerre eût laissé une étincelle des passions de ses pères dans l’âme du neveu de Bras-de-Violon. Or, je dois le dire, j’eus beau souffler dans cette âme l’étincelle que je cherchais, je ne la trouvai pas. Le Temps, qui nous use peu à peu de sa main de velours, a une fille plus mauvaise que lui : c’est la Légèreté oublieuse. D’autres intérêts, d’un ordre moins élevé mais plus sûr, avaient saisi de bonne heure l’activité de maître Tainnebouy. La politique, pour ce cultivateur occupé de ses champs et de ses bestiaux, se trouvait trop hors de sa portée pour n’être pas un objet fort secondaire dans sa vie. À ses yeux de paysan, les Chouans n’étaient que des réveille-matin un peu trop brusques, et il était plus frappé de quelques faits de maraudage, de quelques jambons qu’ils avaient dépendus de la cheminée d’une vieille femme, ou d’un tonneau qu’ils avaient mis à dalle dans une cave, que de la cause pour laquelle ils savaient mourir. Dans le bon sens de maître Louis, la Chouannerie qui n’avait pas réussi était peut-être une folie de la jeunesse de ses pères. Conscrit de l’Empire, à qui il avait fallu dix mille francs pour se racheter de la coupe réglée des champs de bataille, un tel souvenir l’animait plus contre Bonot — comme disaient les paysans, qui vous dépoétisaient si bien le nom qui a le plus retenti sur les clairons de la gloire — que la mort du général de son oncle, ce Frotté, à l’écharpe blanche, tué par le fusil des gendarmes, avec un sauf-conduit sur le cœur !

Cependant, quand il eut fumé sa pipe et qu’il eut regardé encore une fois sous le pied déferré de sa jument, maître Tainnebouy parla de se mettre en route, que bien que mal, et de gagner comme nous pourrions la Haie-du-Puits. L’heure, au pied ailé, volait toujours à travers nos accidents et nos propos, et la nuit s’avançait silencieuse. La lune, alors dans son premier quartier, était couchée. Comme l’aurait dit Haly dans l’Amour peintre, il faisait noir autant que dans un four, et nulle étoile ne montrait le bout de son nez. Nous gardâmes la lanterne allumée, dont les rais tremblants produisaient l’effet d’une queue de comète dans la vapeur fendue du brouillard. Bientôt même elle s’éteignit, et nous fûmes obligés de marcher à pied, cahin-caha, tirant péniblement nos chevaux par la bride et n’y voyant goutte. La situation, dans cette lande suspecte, ne laissait pas que d’être périlleuse ; mais nous avions le calme de gens qui ont sous leur main des moyens de résistance et dans leur cœur la ferme volonté, si l’occasion l’exigeait, de s’en servir. Nous allions lentement, à cause du pied malade de la Blanche, et aussi à cause des grosses bottes que nous traînions. Si nous nous taisions un moment, ce qui me frappait le plus dans ces flots de brouillard et d’obscurité, c’était le mutisme morne des airs chargés. L’immensité des espaces que nous n’apercevions pas se révélait par la profondeur du silence. Ce silence, pesant au cœur et à la pensée, ne fut pas troublé une seule fois pendant le parcours de cette lande, qui ressemblait, disait maître Tainnebouy, à la fin du monde, si ce n’est, de temps à autre, par le bruit d’ailes de quelque héron dormant sur ses pattes, que notre approche faisait envoler.

Nous ne pouvions guères, dans une obscurité aussi complète, apprécier le chemin que nous faisions. Cependant des heures retentirent à un clocher qui, à en juger par la qualité du son, nous parut assez rapproché. C’était la première fois que nous entendions l’heure depuis que nous étions dans la lande ; nous arrivions donc à sa limite.

L’horloge qui sonna avait un timbre grêle et clair qui marqua minuit. Nous le remarquâmes, car nous avions compté l’un et l’autre et nous ne pensions pas qu’il fût si tard. Mais le dernier coup de minuit n’avait pas encore fini d’osciller à nos oreilles, qu’à un point plus distant et plus enfoncé dans l’horizon nous entendîmes résonner non plus une horloge de clocher, mais une grosse cloche, sombre, lente et pleine, et dont les vibrations puissantes nous arrêtèrent tous les deux pour les écouter.

« Entendez-vous, maître Tainnebouy ? — dis-je un peu ému, je l’avoue, de cette sinistre clameur d’airain dans la nuit, — on sonne à cette heure : serait-ce le feu ?

— Non, — répondit-il, — ce n’est pas le feu. Le tocsin sonne plus vite, et ceci est lent comme une agonie. Attendez ! voilà cinq coups ! en voilà six ! en voilà sept ! huit et neuf ! C’est fini, on ne sonnera plus.

— Qu’est-ce que cela ? — fis-je. — La cloche à cette heure ! C’est bien étrange. Est-ce que les oreilles nous corneraient, par hasard ?…

— Vère ! étrange en effet, mais réel ! — répondit, d’une voix que je n’aurais pas reconnue si je n’avais pas été sûr que c’était lui, maître Louis Tainnebouy, qui marchait à côté de moi dans la nuit et le brouillard ; — voilà la seconde fois de ma vie que je l’entends, et la première m’a assez porté malheur pour que je ne puisse plus l’oublier. La nuit où je l’entendis, monsieur, il y a des années de ça, c’était de l’autre côté de Blanchelande, et minute pour minute, à cette heure-là, mon cher enfant, âgé de quatre ans et qui semblait fort comme père et mère, mourait de convulsions dans son berceau. Que m’arrivera-t-il cette fois ?

— Qu’est donc cette cloche de mauvais présage ? — dis-je à mon Cotentinais, dont l’impression me gagnait.

— Ah ! — fit-il, — c’est la cloche de Blanchelande qui sonne la messe de l’abbé de la Croix-Jugan.

— La messe, maître Tainnebouy ! — m’écriai-je. — Oubliez-vous que nous sommes en octobre, et non pas à Noël, en décembre, pour qu’on sonne la messe de minuit ?

— Je le sais aussi bien que vous, monsieur, — dit-il d’un ton grave ; — mais la messe de l’abbé de la Croix-Jugan n’est pas une messe de Noël, c’est une messe des Morts, sans répons et sans assistance, une terrible et horrible messe, si ce qu’on en rapporte est vrai.

— Et comment peut-on le savoir, — repartis-je, — si personne n’y assiste, maître Louis ?

— Ah ! monsieur, — dit le fermier du Mont-de-Rauville, — voici comment j’ai entendu qu’on le savait. Le grand portail de l’église actuelle de Blanchelande est l’ancien portail de l’abbaye, qui a été dévastée pendant la Révolution, et on voit encore dans ses panneaux de bois de chêne les trous qu’y ont laissés les balles des Bleus. Or, j’ai ouï dire que plusieurs personnes qui traversaient de nuit le cimetière pour aller gagner un chemin d’ifs qui est à côté, étonnées de voir ces trous laisser passer de la lumière à une telle heure et quand l’église est fermée à clef, ont guetté par là et ont vu c’te messe, qu’elles n’ont jamais eu la tentation d’aller regarder une seconde fois, je vous en réponds ! D’ailleurs, monsieur, ni vous ni moi ne sommes dans les vignes ce soir, et nous venons d’entendre parfaitement les neuf coups de cloche qui annoncent l’Introïbo. Il y a vingt ans que tout Blanchelande les entend comme nous, à des époques différentes ; et dans tout le pays il n’est personne qui ne vous assure qu’il vaut mieux dormir et faire un mauvais somme que d’entendre, du fond de ses couvertures, sonner la messe nocturne de l’abbé de la Croix-Jugan !

— Et quel est cet abbé de la Croix-Jugan, maître Tainnebouy, — repris-je, — lequel se permet de dire la messe à une heure aussi indue dans toute la catholicité ?

— Ne jostez pas ! monsieur, — répondit maître Louis. — Il n’y a pas de risée à faire là-dessus. C’était une créature qui en a rendu d’autres aussi malheureuses et criminelles qu’elle était. Vous me parliez des Chouans il n’y a qu’une minute, monsieur ; eh bien ! il paraît qu’il avait chouanné, tout prêtre qu’il fût, car il était moine à l’abbaye de Blanchelande quand l’évêque Talaru, un débordé qui s’est bien repenti depuis, m’a-t-on conté, et qui est mort comme un saint en émigration, y venait faire les quatre coups avec les seigneurs des environs ! L’abbé de la Croix-Jugan avait pris sans doute, dans la vie qu’on menait lors à Blanchelande, de ces passions et de ces vices qui devaient le rendre un objet d’horreur pour les hommes et pour lui-même, et de malédiction pour Dieu. Je l’ai vu, moi, en 18…, et je puis dire que j’ai vu la face d’un réprouvé qui vivait encore, mais comme s’il eût été plongé jusqu’au creux de l’estomac en enfer. »

Ce fut alors que je demandai à mon compagnon de voyage de me raconter l’histoire de l’abbé de la Croix-Jugan, et le brave homme ne se fit point prier pour me dire ce qu’il en savait. J’ai toujours été grand amateur et dégustateur de légendes et de superstitions populaires, lesquelles cachent un sens plus profond qu’on ne croit, inaperçu par les esprits superficiels, qui ne cherchent guère dans ces sortes de récits que l’intérêt de l’imagination et une émotion passagère. Seulement, s’il y avait dans l’histoire de l’herbager ce qu’on nomme communément du merveilleux (comme si l’envers, le dessous de toutes les choses humaines n’était pas du merveilleux tout aussi inexplicable que ce qu’on nie, faute de l’expliquer !), il y avait en même temps de ces événements produits par le choc des passions ou l’invétération des sentiments, qui donnent à un récit, quel qu’il soit, l’intérêt poignant et immortel de ce phénix des radoteurs dont les redites sont toujours nouvelles, et qui s’appelle le cœur de l’homme. Les bergers dont maître Tainnebouy m’avait parlé, et auxquels il imputait l’accident arrivé à son cheval, jouaient aussi leur rôle dans son histoire. Quoique je ne partageasse pas toutes ses idées à leur égard, cependant j’étais bien loin de les repousser, car j’ai toujours cru, d’instinct autant que de réflexion, aux deux choses sur lesquelles repose en définitive la magie, je veux dire : à la tradition de certains secrets, comme s’exprimait Tainnebouy, que des hommes initiés se passent mystérieusement de main en main et de génération en génération, et à l’intervention des puissances occultes et mauvaises dans les luttes de l’humanité. J’ai pour moi dans cette opinion l’histoire de tous les temps et de tous les lieux, à tous les degrés de la civilisation chez les peuples, et, ce que j’estime infiniment plus que toutes les histoires, l’irréfragable attestation de l’Église romaine, qui a condamné, en vingt endroits des actes de ses Conciles, la magie, la sorcellerie, les charmes, non comme choses vaines et pernicieusement fausses, mais comme choses réelles, et que ses dogmes expliquaient très bien. Quant à l’intervention de puissances mauvaises dans les affaires de l’humanité, j’ai encore pour moi le témoignage de l’Église, et d’ailleurs je ne crois pas que ce qui se passe tout à l’heure dans le monde permette aux plus récalcitrants d’en douter… Je demande qu’on me passe ces graves paroles, attachées un peu trop solennellement peut-être au frontispice d’une histoire d’herbager, racontée de nuit dans une lande du Cotentin. Cette histoire, mon compagnon de route me la raconta comme il la savait, et il n’en savait que les surfaces. C’était assez pour pousser un esprit comme le mien à en pénétrer plus tard les profondeurs. Je suis naturellement haïsseur d’inventions. J’aurais pu, la mémoire fraîchement imbibée du langage de maître Tainnebouy, écrire, quand nous fûmes arrivés à la Haie-du-Puits, tout ce qu’il m’avait raconté, nais je passai mon temps à y songer, et c’est ce que j’en puis dire de mieux. Aujourd’hui que quelques années se sont écoulées, m’apportant tout ce qui complète mon histoire, je la raconterai à ma manière, qui, peut-être, ne vaudra pas celle de mon herbager cotentinais. Donnera-t-elle au moins à ceux qui la liront la même volupté de songeries que j’eus à en ruminer dans ma pensée les événements et les personnages, le reste de cette nuit-là, le coude appuyé sur une mauvaise table d’auberge, entre deux chandelles qui coulaient devant une braise de fagot flambé, au fond d’une bourgade silencieuse et noire, « dans laquelle je ne connaissais pas un chat », aurait dit maître Louis Tainnebouy, — expression qui, par parenthèse, m’a toujours paru un peu trop gaie pour signifier une chose aussi triste que l’isolement ! ■   (À suivre)

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A lire dans JSF : Le clivage du « nouveau monde » par Rémi Hugues.

Un mini-dossier en 6 parties. Analyses et propositions. Une manière d’appréhender la situation française réelle et ses évolutions afin de fixer nos positions. A lire, donc.  Suivre les liens.  JSF     I   II  III   IV   V   VI

Quatre livres fondamentaux de Charles Maurras réédités par B2M, Belle-de-Mai éditions

Enquête sur la monarchie. (Édition de 1925), 39 €, 836 p.

Le manifeste royaliste en ouverture du XXe siècle ! (Parution courant 1900). Maurras y pose la célèbre question : « Oui ou non, l’instauration d’une monarchie héréditaire, antiparlementaire traditionnelle et décentralisée est-elle de salut public ? » !   

L’Avenir de l’intelligence, 25 €, 244 p.

Une étude de l’histoire politique et intellectuelle du XVIe au XXe siècle, où Maurras à montre comment les intellectuels et artistes attachés à produire des œuvres de l’esprit sont passés « de l’autorité des princes de notre Sang sous celle des marchands d’Or », les immenses fortunes industrielles et bancaires qui limitent la liberté de l’esprit. Maurras en appelle à une alliance entre les intellectuels et le patriotisme des Français pour renverser cette mécanique.

Kiel et Tanger, 29 €, 428 p.

Maurras y constate la tragique infériorité du régime républicain en matière de politique internationale, spécialement face à la menace allemande de l’époque. Prévoyant la guerre à venir il conclut à la nécessité de remettre un roi à la tête du pays. Prolongeant le réalisme de la pratique capétienne des relations internationales, ancêtre de la pensée géostratégique française.

La Démocratie religieuse, 31 €, 620 p.

Parution en 1921, compilant trois textes préalablement écrits par Charles Maurras : Le Dilemme de Marc Sangnier (1906) – – La politique religieuse (1912) – – L’Action française et la religion catholique (1914). Cet ouvrage voit dans la démocratie une religion nouvelle qui vide le politique de sa puissance.

Et aussi…


Henri Massis, Georges Bernanos, Maurras et l’Action française, présentation de Gérard Pol, 18 €, 104 p.

Léon Bloy, Le salut par les juifs, avant-propos de Laurent James, 20 €, 156 p.

Commandes et renseignements : B2M, Belle-de-Mai éditions – commande.b2m_edition@laposte.net

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