
Par Bernard Lugan.

L’Algérie manque de tout. En dehors des hydrocarbures et des dattes, elle ne produit rien. Pas même le grain pour le couscous ou le concentré de tomates. Aussi, afin d’éviter l’explosion sociale, le gouvernement vient-il de légaliser la contrebande. Par le décret n°25-170 du 28 juin 2025, les « auto-importateurs », lire les « trafiquants-entrepreneurs », sont désormais autorisés à importer jusqu’à 24.000 euros de marchandises par mois. Certes, mais comme il est interdit de sortir de son compte bancaire plus de 7.500 euros par an, le « trafiquant-entrepreneur » va donc acheter sur le marché parallèle ses euros à un taux deux fois supérieur au taux officiel. Début juillet, la Banque d’Algérie affichait ainsi un euro à un peu plus de 150 dinars quand le marché parallèle le proposait à un peu plus de 270 dinars.
Puis, le « trafiquant-entrepreneur » va déposer ses précieux euros sur un compte régulier ouvert en devises, et sans que la banque l’interroge sur l’origine de cet argent.
Or encore, dans ce royaume du Père Ubu qu’est l’Algérie, le décret du 28 juin 2025 impose aux auto-importateurs de ne pas être salariés, commerçants ou bénéficiaires d’aides sociales.
Conclusion, seuls les inactifs sont donc autorisés à devenir officiellement « trafiquants-importateurs ».
Mais comment des chômeurs ou des inactifs peuvent-ils justifier d’être porteurs de 24.000 euros en espèces ? En réalité, c’est le blanchiment et le recyclage des fonds occultes qui est donc désormais officiellement possible… Enfin, comme l’Algérie doit importer tout ce qui permet de nourrir, habiller, soigner et équiper sa malheureuse population, et alors que l’urgence serait de soutenir la diversification et les productions locales, des milliers de « trafiquants-entrepreneurs » vont donc achever de tuer ce qui reste de commerce licite puisque la contrebande officialisée est plus rentable que l’entreprise…
Dans ce numéro, un article est consacré à une découverte importante au sujet de l’indigénéité des Berbères. L’analyse génétique de deux momies naturelles datées de 7000 ans montre ainsi que :
1) Ces proto-Berbères n’ont aucune trace génomique sud-saharienne, c’est-à-dire avec les actuelles populations noires.
2) Qu’ils sont génétiquement apparentés à l’homme de Taforalt qui vivait au Maroc il y a environ 15000 ans, et dont l’ADN ne montre aucune trace de gènes sudsahariens ou associés à des populations du Levant, mais qui, en revanche, avait des liens légers avec l’homme de Néandertal européen.
Comme ils remplissent tous les critères de l’ONU, à savoir l’antériorité, l’identité distincte, l’auto-identification par rapport au territoire, leur statut de Peuple autochtone qui est une évidence scientifique, vient encore d’être renforcé par la génétique.
Conclusion : les Berbères forment bien le socle ancien de la population de l’Afrique du Nord. ■ BERNARD LUGAN
Pour en savoir plus, voir mon livre Histoire des Berbères des origines à nos jours.

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