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Roman-feuilleton ♦ L’ensorcelée de Barbey d’Aurevilly

mardi 8 juillet 2025mardi 12 août 2025 sur Rémi Hugues

Quand ils racontèrent cette histoire à maître Tainnebouy, ils dirent qu’ils avaient laissé l’argent dans la braise, les coutumes de leur tribu ne leur permettant pas de prendre d’argent pour aucune pronostication. Comme on ne l’y retrouva point, et que pourtant on retrouvait ordinairement très bien, au matin, les ronds de cendre qui marquaient, dans la lande, les places où les bergers avaient allumé leur tourbe pendant la nuit, on dit que ce feu des sorciers, très parent du feu de l’enfer, l’avait fait fondre, à moins pourtant que quelque passant discret ne l’eût ramassé sans se vanter de son aubaine. Car la Normandie n’en est plus tout à fait au temps de son glorieux Duc, où l’on pouvait suspendre à la branche d’un chêne, quand on passait par une forêt, un bracelet d’or ou un collier d’argent, gênant pour la route, et, un an après, les y retrouver !

Ceci se passait vers la fin du carême de 18… Les bergers, de leur naturel peu communicatifs avec les populations défiantes qui les employaient par habitude ou par terreur, ne dirent point alors qu’ils avaient vu Le Hardouey dans la lande (ce qu’ils dirent plus tard) ; et nulle part, ni à Blanchelande ni à Lessay, on ne se douta que le mari de Jeanne eût reparu, même pour une heure, dans le pays.

Cependant le jour de Pâques arriva, et cette année il dut être plus solennel à Blanchelande que dans toutes les paroisses voisines. Voici pourquoi. Le temps de la pénitence que ses supérieurs ecclésiastiques avaient infligée à l’abbé de la Croix-Jugan était écoulé. Trois ans de la vie extérieurement régulière qu’il avait menée à Blanchelande avaient paru une expiation suffisante de sa vie de partisan et de son suicide. Dans l’esprit de ceux qui avaient le droit de le juger, les bruits qui avaient couru sur l’ancien moine et sur Jeanne ne méritaient aucune croyance. Or, quand il n’y a point de motif réel de scandale, l’Église est trop forte et trop maternelle dans sa justice pour tenir compte d’une opinion qui ne serait plus que du respect humain à la manière du monde si on l’écoutait. Elle prononce alors avec sa majesté ordinaire : « Malheur à celui qui se scandalise ! » et résiste à la furie des langues et à leur confusion. Telle avait été sa conduite avec l’abbé de la Croix-Jugan. Elle ne l’avait pas tiré de Blanchelande pour l’envoyer sur un autre point du diocèse où il n’eût scandalisé personne, disaient les gens à sagesse mondaine qui ne comprennent rien aux profondes pratiques de l’Église. Calme, imperturbable, informée, elle avait, au bout de ces trois ans, remis à l’abbé ses pleins pouvoirs de prêtre, et c’était lui qui devait chanter la grand’messe à Pâques dans l’église de Blanchelande, après une si longue interruption dans l’exercice de son ministère sacré.

Quand on sut cette nouvelle dans le pays, on se promit bien d’assister à cette messe célébrée par le moine chouan, dont les blessures et la vie, mal éclairée des reflets d’incendie d’une guerre éteinte, avaient passionné la contrée d’une curiosité mêlée d’effroi. L’évêque de Coutances serait venu lui-même célébrer sa messe épiscopale à Blanchelande, qu’il n’eût point excité de curiosité comparable à celle que l’abbé de la Croix-Jugan inspirait. Taillé lui-même pour être évêque ; de nom, de caractère et de capacité, disait-on, à s’élever aux premiers rangs dans l’Église, il ne resterait pas, sans doute, à Blanchelande. L’imagination populaire couvrait déjà du manteau de pourpre du cardinalat cette arrogante épaule qui brisait enfin la cagoule noire de la pénitence, comme le mouvement puissant d’un lion crève les toiles insultantes de fragilité dans lesquelles on le croyait pris. La comtesse de Montsurvent, qui ne quittait jamais son château et qui n’entendait de prières que dans sa chapelle, vint à cette messe, où toute la noblesse des environs se donna rendez-vous pour honorer, dans la personne de l’abbé, le gentilhomme et le chef de guerre.

Le jour de Pâques tombait fort tard cette année-là. On était en avril, le 16 d’avril, car cette date est restée célèbre. C’était une belle journée de printemps, me dit la vieille comtesse centenaire quand je lui en parlai et qu’elle me mit les lambeaux de ses souvenirs par-dessus l’histoire de mon brave herbager Tainnebouy. L’église de Blanchelande avait peine à contenir la foule qui se pressait sous ses arceaux. Il fait toujours beau temps le jour de Pâques, affirment, avec une superstition chrétienne qui ne manque pas de grâce, les paysans du Cotentin. Ils associent dans leur esprit la résurrection du Christ avec la résurrection de la nature, et acceptent comme un immuable fait, qui a sa loi dans leur croyance, la simultanéité que l’Église a établie entre les fêtes de son rituel et le mouvement des saisons. Les neiges de Noël, la bise plaintive du Vendredi Saint, le soleil de Pâques, sont des expressions proverbiales dans le Cotentin. Le soleil brillait donc, ce jour-là, et éclairait l’église de ses premiers joyeux rayons, qui ne sont pas les mêmes que ceux des autres jours de l’année. Ô charme emporté des premiers jours, qui n’est si doux que parce qu’il est si vite dissipé et que la mémoire en est plus lointaine !

Tous les bancs de l’église étaient occupés par les familles qui les louent à l’année. Revêtus de leurs plus beaux habits, les paysans se pressaient jusque dans les chapelles latérales, et on ne voyait de tous côtés que ceintures et gilets rouges aux boutons de cuivre, la parure séculaire de ces farauds Bas-Normands. Dans la grande allée de la nef, ce n’était qu’une mer un peu houleuse de ces coiffes qu’on appela plus tard du nom éblouissant de comètes, et qui donnaient aux jeunes filles du pays un air de mutinerie héroïque qu’aucune autre coiffure de femme n’a jamais donné comme celle-là ! Toutes ces coiffes blanches si rapprochées les unes des autres, qu’un prédicateur de mauvaise humeur comparait assez exactement, un jour, à une troupe d’oies dans un marais, étaient agitées par le désir de voir enfin une fois sans son capuchon ce fameux abbé de la Goule-Fracassée, comme on disait dans le pays. Surnom populaire qu’à une autre époque sa race aurait gardé s’il n’avait pas été le dernier de sa race ! Le seul banc qui fût vide dans cette foule de bancs qui regorgeaient était le banc, fermé à la clef, de maîtresse Le Hardouey. On n’y avait plus revu personne depuis la mort de la femme et l’inexplicable disparition du mari. Ce banc vide rappelait, ce dimanche-là mieux que jamais, toute l’histoire que j’ai racontée. Il faisait penser davantage à cette morte, à laquelle on pensait toujours et dont le souvenir amenait infailliblement dans l’esprit l’idée de l’abbé de la Croix-Jugan, de ce moine blanc de l’abbaye en ruines, qui allait chanter la grand’messe pour la première fois. On pensait que la tragédie de l’ensorcellement de Jeanne avait commencé à ce banc, à une procession comme celle-ci, et que le malheur était venu de ce premier regard, sorti de ces trous par lesquels, dit Bossuet, Dieu verse la lumière dans la tête de l’homme, et qui, sous le front balafré du prêtre et la pointe de son capuchon, semblaient deux soupiraux de l’enfer : la bouche en feu du four du Diable, disaient ces paysans qui savaient peindre avec un mot, comme Zurbaran avec un trait. Quand on se reportait aux bruits qui avaient couru sur l’abbé, et dont l’écho ne mourait pas, on était haletant de voir quelle mine il aurait, en passant le long du banc de sa victime (car on la croyait sa victime), le jour où il allait dire la messe et consacrer le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’était une épreuve ! Il se jouait donc dans toutes ces têtes un drame dont le dernier acte était arrivé et qui touchait au dénouement. Aussi me serait-il impossible de peindre l’espèce de frémissement de curiosité qui circula soudainement dans cette foule quand la rouge bannière de la paroisse, qui devait ouvrir la marche de la procession, commença de flotter à l’entrée du chœur, et que les premiers tintements de la sonnette annoncèrent, au portail, que la procession allait sortir. Qui ne sait, d’ailleurs, l’amour éternel de l’homme pour les spectacles et même pour les spectacles qu’il a déjà vus ? Cette bannière, qui ne sort guère qu’aux grandes fêtes, et de laquelle tombent, comme de ses glands d’or et de soie vermeille, je ne sais quelle influence de joie et de triomphe sur les fidèles, la croix d’argent, avec son velarium brodé par des mains virginales, cette espèce d’obélisque de cire blanche qu’on appelle le cierge pascal et qui domine la croix de sa pointe allumée, les primevères qui jonchaient la nef, ces premières primevères de l’année que les prêtres étendent sur les autels lavés du Samedi Saint et dont les débris odorants de la veille se mêlaient à la forte et tonique senteur du buis coupé, tous ces détails avaient aussi leur émotion sainte. La procession étincelait d’ornements magnifiques donnés par la comtesse de Montsurvent et qu’on portait alors pour la première fois. Elle avait voulu que son grand abbé de la Croix-Jugan (c’est ainsi qu’elle avait coutume de l’appeler) ne dît sa première messe depuis sa pénitence que dans une pourpre et une splendeur dignes de lui ! Comme il est d’usage, il venait le dernier dans cette foule solennelle, précédé du curé de Varenguebec et de l’abbé Caillemer, tous deux en dalmatique, car ils devaient l’assister comme diacre et sous-diacre à l’autel. La foule tendait le cou sur son passage, et plusieurs jeunes filles montèrent même sur les banquettes de leurs bancs lorsqu’il s’avança dans la nef. Le jour bleu qui entrait alors par le portail tout grand ouvert et qui répandait ses clartés jusqu’au fond du chœur dans son mystère de vitraux sombres, et tournait ses blancheurs vives autour des piliers, frappait bien en face ce visage extraordinaire qu’on voulait voir, tout en frémissant de le regarder, et qui produisait la magnétique horreur des abîmes. Seulement (sans y penser assurément) l’abbé de la Croix-Jugan devait impatienter cette curiosité, avide de le contempler enfin dans l’ensemble de son atterrante physionomie. Comme officiant, il portait l’étole, l’aube et la chape, mais il avait gardé son capuchon noir en agrafant sa chape par-dessus, en sorte que sa tête n’avait point quitté son encadrement habituel, fermé par la barre de velours noir de l’espèce de mentonnière qu’il portait toujours.

« Qui fut bien surpris et eut le nez cassé ? — me dit maître Tainnebouy, qui prétendait tenir tous ces détails de Nônon elle-même, — ce furent les filles de Blanchelande, monsieur ! Quand il passa auprès du banc de la malheureuse dont il avait causé la perte, on ne s’aperçut pas tant seulement qu’il eût un cœur à l’air de son visage. On n’y vit rien, ni stringo ni stringuette, et on se demanda tout bas s’il avait une licence du pape, le vieux diable, pour dire la messe en capuchon. Mais ne vous tourmentez, monsieur ! la suite prouva bien qu’il n’en avait pas ; et les filles et les gars de Blanchelande, et bien d’autres, en virent plus long à c’te messe-là qu’ils n’auraient voulu. »

Ainsi, pour un moment, la curiosité et l’attente universelle furent trompées. L’abbé de la Croix-Jugan n’avait rien de nouveau que sa chape fermée sur sa poitrine par une agrafe de pierres précieuses, d’un éclat prodigieux aux yeux de ces paysans éblouis.

« D’aucunes fois, depuis, j’ons bien regardé ! ce tas de pierreries n’a éclaffé com’ cha sur la poitrine de nos prêtres », disaient-ils à la comtesse de Montsurvent, qui expliquait le phénomène un peu par l’imagination, un peu par le manteau du capuchon qui faisait repoussoir au blanc éclat des pierreries, mais qui ne pouvait s’empêcher de sourire de ces incroyables superstitions.

La procession fit le tour de l’église, le long des murs du cimetière, et rentra par le portail, qui resta ouvert. Il y avait tant de monde à Blanchelande ce jour-là, et le temps était si doux et presque si chaud, que beaucoup de personnes se groupèrent au portail et, de là, entendirent la messe. Il y en avait jusque sous l’if planté en face du portail.

Cependant, après le temps mis à chanter l’Introït, pendant lequel l’officiant va revêtir les ornements sacrés, les portes de la sacristie s’ouvrirent, et l’abbé de la Croix-Jugan, précédé des enfants de chœur portant les flambeaux, des thuriféraires et des diacres, apparut sur le seuil, en chasuble, et marcha lentement vers l’autel. Le mouvement de curiosité qui avait eu lieu dans l’église quand la procession était passée recommença, mais pour cette fois sans déception. Le capuchon avait disparu, et la tête idéale de l’abbé put être vue sans aucun voile…

Jamais la fantaisie d’un statuaire, le rêve d’un grand artiste devenu fou, n’auraient combiné ce que le hasard d’une charge d’espingole et le déchirement des bandelettes de ses blessures par la main des Bleus avaient produit sur cette figure, autrefois si divinement belle qu’on la comparait à celle du martial Archange des batailles. Les plus célèbres blessures dont parle l’Histoire, qu’étaient-elles auprès des vestiges impliqués sur le visage de l’abbé de la Croix-Jugan, auprès de ces stigmates qui disaient si atrocement le mot sublime du duc de Guise à son fils :

« Il faut que les fils des grandes races sachent se bâtir des renommées sur les ruines de leur propre corps ! »

Pour la première fois, on jugeait dans toute sa splendeur foudroyée le désastre de cette tête, ordinairement à moitié cachée, mais déjà, par ce qu’on en voyait, terrifiante ! Les cheveux, coupés très courts, de l’abbé, envahis par les premiers flocons d’une neige prématurée, miroitaient sur ses tempes et découvraient les plans de ses joues livides, labourées par le fer. C’était tout un massacre, me dit Tainnebouy avec une poésie sauvage, mais ce massacre exprimait un si implacable défi au destin, que si les yeux s’en détournaient, c’était presque comme les yeux de Moïse se détournèrent du buisson ardent qui contenait Dieu ! Il y avait, en effet, à force d’âme, comme un dieu en cet homme plus haut que la vie, et qui semblait avoir vaincu la mort en lui résistant. Quoiqu’il se disposât à offrir le Saint Sacrifice et qu’il s’avançât les yeux baissés, l’air recueilli et les mains jointes, ces mains qui avaient porté l’épée interdite aux prêtres, et dont le galbe nerveux et veiné révélait la puissance des éperviers dans leurs étreintes, il était toujours le chef fait pour commander et entraîner à sa suite. Avec sa grande taille, la blancheur flamboyante de sa chasuble lamée d’or, que le soleil, tombant par une des fenêtres du chœur, sembla tout à coup embraser, il ne paraissait plus un homme, mais la colonne de flammes qui marchait en avant d’Israël et qui le guidait au désert. La vieille comtesse de Montsurvent parlait encore de ce moment-là, du fond de ses cent ans, comme s’il eût été devant elle, quand Blanchelande agenouillé vit ce prêtre, colossal de physionomie, se placer au pied de l’autel et commencer cette messe fatale qu’il ne devait pas finir.

Nul, alors, ne pensa à ses crimes. Nul n’osa garder dans un repli de son âme subjuguée une mauvaise pensée contre lui. Il était digne des pouvoirs que lui avait remis l’Église, et le calme de sa grandeur, quand il monta les marches de l’autel, répondit de son innocence. Impression éphémère, mais pour le moment toute-puissante ! On oublia Jeanne Le Hardouey. On oublia tout ce qu’on croyait il n’y avait qu’un moment encore.

Entrevu à l’autel à travers la fumée d’azur des encensoirs, qui vomissaient des langues de feu de leurs urnes d’argent balancées devant sa terrible face, sur laquelle le sentiment de la messe qu’il chantait commençait de jeter des éclairs inconnus qui s’y fixaient comme des rayons d’auréole et faisaient pâlir l’éclat des flambeaux, il était le point culminant et concentrique où l’attention fervente et respectueuse de la foule venait aboutir. Le timbre profond de sa voix retentissait dans toutes les poitrines. La lenteur de son geste, sa lèvre inspirée, la manière dont il se retournait, les bras ouverts, vers les fidèles, pour leur envoyer la paix du Seigneur, toutes ces sublimes attitudes du prêtre qui prie et qui va consacrer, et dans lesquelles le sublime de sa personne, à lui, s’incarnait avec une si magnifique harmonie, prenaient ces paysans hostiles et fondaient leur hostilité au point qu’il n’y paraissait plus…

La messe s’avançait cependant, au milieu des alleluia d’enthousiasme de ce grand jour… Il avait chanté la Préface. Les prêtres qui l’assistaient dirent plus tard que jamais ils n’avaient entendu sortir de tels accents d’une bouche de chair. Ce n’était pas le chant du cygne, de ce mol oiseau de la terre qui n’a point sa place dans le ciel chrétien, mais les derniers cris de l’aigle de l’Évangéliste, qui allait s’élever vers les Cimes Éternelles, puisqu’il allait mourir. Il consacra, dirent-ils encore, comme les Saints consacrent ; et vraiment, s’il avait jamais été coupable, ils le crurent plus que pardonné. Ils crurent que le charbon d’Isaïe avait tout consumé du vieil homme dans sa purification dévorante, quand, à genoux près de lui et tenant le bord de sa tunique de pontife, les diacres le virent élever l’hostie sans tache, de ses deux mains tendues vers Dieu. Toute la foule était prosternée dans une adoration muette. L’O salutaris hostia ! allait sortir, avec sa voix d’argent, de cet auguste et profond silence… Elle ne sortit pas… Un coup de fusil partit du portail ouvert, et l’abbé de la Croix-Jugan tomba la tête sur l’autel.

Il était mort.

Des cris d’effroi traversèrent la foule, aigus, brefs, et tout s’arrêta, même la cloche qui sonnait le sacrement de la messe et qui se tut, comme si le froid d’une terreur immense était monté jusque dans le clocher et l’eût saisie !

Ah ! qui pourrait raconter dignement cette scène unique dans les plus épouvantables spectacles ? L’abbé de la Croix-Jugan, abattu sur l’autel, arraché par les diacres de l’entablement sacré qu’il souillait de son sang, et couché sur les dernières marches, dans ses vêtements sacerdotaux, au milieu des prêtres éperdus et des flambeaux renversés ; la foule soulevée, toutes les têtes tournées, les uns voulant voir ce qui se passait à l’autel, les autres regardant d’où le coup de feu était parti ; le double reflux de cette foule, qui oscillait du chœur au portail, tout cela formait un inexprimable désordre, comme si l’incendie eût éclaté dans l’église ou que la foudre eût fondu les plombs du clocher !

« L’abbé de la Croix-Jugan vient d’être assassiné ! » Tel fut le mot qui vola de bouche en bouche. La comtesse de Montsurvent, qui avait le courage de ceux de sa maison, tenta de pénétrer jusqu’au chœur, mais ne put percer la foule amoncelée.

« Fermez les portes ! arrêtez l’assassin ! » criaient les voix. Mais on n’avait vu ni arme ni homme. Le coup de fusil avait été entendu. Il était parti du portail, tiré probablement par-dessus la tête des fidèles prosternés ; et celui qui l’avait tiré avait pu s’enfuir, grâce au premier moment de surprise et de confusion. On le cherchait, on s’interrogeait.

Le chaos s’emparait de cette église, qui résonnait, il n’y avait que quelques minutes, des chants joyeux d’alleluia… Il y avait deux scènes distinctes dans ce chaos : la foule qui se gonflait au portail ; et à la grille du sanctuaire, dans le chœur, les prêtres jetés hors de leurs stalles, et les chantres, pâles, épouvantés, entourant le corps inanimé, et les deux diacres, debout auprès, pâles comme des linceuls, en proie à l’indignation et à l’horreur ! Un crime affreux aboutissait à un sacrilège ! L’hostie, teinte du sang, était tombée à côté du calice. Le curé de Varenguebec la prit et communia.

Alors ce curé de Varanguebec, qui était un homme puissant, un robuste prêtre, commanda le silence, d’une voix tonnante, et, chose étrange, due, sans nul doute, à l’impression d’un tel spectacle, il l’obtint. Puis il dépouilla sa dalmatique, et n’ayant plus que son aube, tachée du sang qui avait jailli de tous côtés sur l’autel, il monta en chaire et dit :

« Mes frères, l’église est profanée. L’abbé de la Croix-Jugan vient d’être assassiné en offrant le divin sacrifice. Nous allons emporter son corps au presbytère et nous en ferons l’inhumation à la paroisse de Neufmesnil. L’église de Blanchelande va rester fermée jusqu’au moment où Notre Seigneur de Coutances viendra solennellement la rouvrir et la purifier. Lui seul, de sa droite épiscopale, et non pas nous, humble prêtre, peut laver ici la place d’un détestable sacrilège. Allez, mes frères, rentrez dans vos maisons, consternés et recueillis. Les jugements de Dieu sont terribles, et ses voies cachées. Allez, la messe est dite : Ite, missa est ! »

Et il descendit de la chaire. Le silence le plus profond continua de régner dans l’assemblée, qui s’écoula, mais avec lenteur. Les plus curieux restèrent à voir les prêtres éteindre les flambeaux et voiler le saint tabernacle. On éteignit jusqu’à la lampe du chœur, cette lampe qui brûlait nuit et jour, image de l’Adoration perpétuelle. Puis les prêtres enlevèrent sur leurs bras entrelacés le corps de l’abbé de la Croix-Jugan, dans sa chasuble sanglante, en récitant à voix basse le De profundis. Resté le dernier sur le seuil de l’église déserte, le curé Caillemer en ferma les portes, comme sous les sept sceaux de la colère du Seigneur. Arrêtées un moment dans le cimetière, quelques personnes furent sommées d’en sortir, et les grilles en furent fermées, comme les portes de l’église l’avaient été. Étrange et formidable jour de Pâques ! le souvenir saisissant devait s’en transmettre à la génération suivante. On eût dit qu’on remontait au moyen âge et que la paroisse de Blanchelande avait été mise en interdit. ■   (À suivre)

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  • jeudi 14 Août 10:44
    Pierre Builly sur L’immigration à Mayotte, un test pour…
    “A-t-on demandé aux « Pieds-Noirs » d’être d’accord ? C’est bien le drame… Le problème est absolument insoluble.…”
  • jeudi 14 Août 06:35
    Richard sur Trump – Poutine : L’Europe tremble,…
    “Enfin !”
  • mercredi 13 Août 18:21
    Du Guardia sur L’immigration à Mayotte, un test pour…
    “Vous avez raison, mais si tous les gens qui veulent être français sur la planète doivent…”
  • mercredi 13 Août 14:17
    Grégoire Legrand sur L’immigration à Mayotte, un test pour…
    “J’ai bien peur que Pierre Builly n’ait raison. Faut-il abandonner Mayotte ? Mais les Mahorais ne…”
  • mercredi 13 Août 11:35
    Pierre Builly sur L’immigration à Mayotte, un test pour…
    “Dédié à tous qui, dans notre propre camp, imaginent que Mayotte peut rester française… Pas plus…”
  • lundi 11 Août 10:20
    Pierre Builly sur Jules Barbey d’Aurevilly vu et raconté…
    “Je précise tout de même que Brbey n’est pas délaissé par l’édition. Ses oeuvres romanesques complètes…”
  • lundi 11 Août 09:57
    guillemot sur Jules Barbey d’Aurevilly vu et raconté…
    “Grace à vous je relis avec plaisir La Varende, Maupassant et , évidemment , Barbeyd Aurevilly,…”
  • dimanche 10 Août 13:17
    CHRISTIAN LE COSQUER sur Des critiques se font entendre sur…
    “Les républicains prétendent qu’ils offrent je dirais imposent la liberté ,légalité, la fraternité. Non en France…”
  • dimanche 10 Août 11:45
    Euzennat de Coux sur « Viktor Orban gouverne dans l’intérêt…
    “Je trouve que le programme politique suivi par la Hongrie au sein de l’Europe est censé”
  • dimanche 10 Août 10:26
    Yann Corfmat sur Belles vacances républicaines
    “The french republic is full of shit”
  • dimanche 10 Août 08:38
    Euzennat de Coux sur Euthanasie pour les pauvres, transhumanisme pour…
    “Corps, cerveau, esprit, c’est la que reside à mon avis la supériorité de la religio n…”
  • samedi 9 Août 17:06
    Richard sur « Viktor Orban gouverne dans l’intérêt…
    “C’est exactement bien expliqué. Les mots justes sont trouvés pour qualifier ce à quoi fait face…”

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Une collection de vidéos dont un grand nombre exclusives réalisées par l’Union Royaliste Provençale. © URP/JSF – Reproduction autorisée à condition de citer la source.

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Appel aux lecteurs de Je Suis Français : Pour la sauvegarde du patrimoine matériel de l’Action Française !

Participez à l’opération nationale de sauvegarde du patrimoine historique de l’Action Française, lancée par le Secrétariat Général du Mouvement. Tous documents ou objets divers nous intéressent : photos, films, livres, journaux, correspondance, insignes, drapeaux etc. Ecrire à Michel Franceschetti : chetti133@sfr.fr .   

PEUT-ON SORTIR DE LA CRISE ? Une étude intégrale de Pierre Debray dans JSF

Une contribution magistrale à la réflexion historique, économique, sociale, politique et stratégique de l’école d’Action Française. Étude intégrale à la disposition des lecteurs de JSF, notamment étudiants, chercheurs et passionnés d’histoire et de science économiques.  ENTRÉE

Les créations de JSF : Séries, dossiers, études

 

Etudes, séries, dossiers regroupés pour être en permanence disponibles et directement consultables   © JSF – Peut être repris à condition de citer la source Pour y accéder, cliquez sur l’image.

A lire dans JSF : Le clivage du « nouveau monde » par Rémi Hugues.

Un mini-dossier en 6 parties. Analyses et propositions. Une manière d’appréhender la situation française réelle et ses évolutions afin de fixer nos positions. A lire, donc.  Suivre les liens.  JSF     I   II  III   IV   V   VI

Quatre livres fondamentaux de Charles Maurras réédités par B2M, Belle-de-Mai éditions

Enquête sur la monarchie. (Édition de 1925), 39 €, 836 p.

Le manifeste royaliste en ouverture du XXe siècle ! (Parution courant 1900). Maurras y pose la célèbre question : « Oui ou non, l’instauration d’une monarchie héréditaire, antiparlementaire traditionnelle et décentralisée est-elle de salut public ? » !   

L’Avenir de l’intelligence, 25 €, 244 p.

Une étude de l’histoire politique et intellectuelle du XVIe au XXe siècle, où Maurras à montre comment les intellectuels et artistes attachés à produire des œuvres de l’esprit sont passés « de l’autorité des princes de notre Sang sous celle des marchands d’Or », les immenses fortunes industrielles et bancaires qui limitent la liberté de l’esprit. Maurras en appelle à une alliance entre les intellectuels et le patriotisme des Français pour renverser cette mécanique.

Kiel et Tanger, 29 €, 428 p.

Maurras y constate la tragique infériorité du régime républicain en matière de politique internationale, spécialement face à la menace allemande de l’époque. Prévoyant la guerre à venir il conclut à la nécessité de remettre un roi à la tête du pays. Prolongeant le réalisme de la pratique capétienne des relations internationales, ancêtre de la pensée géostratégique française.

La Démocratie religieuse, 31 €, 620 p.

Parution en 1921, compilant trois textes préalablement écrits par Charles Maurras : Le Dilemme de Marc Sangnier (1906) – – La politique religieuse (1912) – – L’Action française et la religion catholique (1914). Cet ouvrage voit dans la démocratie une religion nouvelle qui vide le politique de sa puissance.

Et aussi…


Henri Massis, Georges Bernanos, Maurras et l’Action française, présentation de Gérard Pol, 18 €, 104 p.

Léon Bloy, Le salut par les juifs, avant-propos de Laurent James, 20 €, 156 p.

Commandes et renseignements : B2M, Belle-de-Mai éditions – commande.b2m_edition@laposte.net

* Frais de port inclus

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