
La politique de l’asile britannique est en crise, sur fond d’une inquiétante percée de l’extrême droite. Le 19 août, un juge a donné raison à la ville d’Epping (au nord de Londres), qui réclamait la fermeture d’un hôtel sur son territoire accueillant des demandeurs d’asile. Cette décision a validé la mobilisation des manifestants qui, depuis un mois, faisaient le siège de l’établissement aux cris de « Send them home » (« renvoyez-les chez eux »).
Le Monde – avec l’AFP – a fait plusieurs fois écho à la montée du mouvement anti-immigration au Royaume-Uni, comme partout en Europe. (24.8).

Face à un nombre record de demandes d’asile et à la montée des tensions, le Royaume-Uni s’apprête à bouleverser son système d’examen des recours pour désengorger les tribunaux.
Par Le Monde avec AFP.
En plein week-end de manifestations anti-immigration devant des hôtels utilisés pour héberger les demandeurs d’asile dans plusieurs villes du Royaume-Uni, le gouvernement britannique a promis dimanche 24 août d’accélérer le traitement des procédures d’appel de demandes d’asile.
La ministre de l’intérieur britannique, Yvette Cooper, a déclaré dans un communiqué que les délais de traitement des appels étaient « totalement inacceptables », et a annoncé la création d’un organisme indépendant pour seconder les tribunaux. Actuellement, quelque 51 000 appels de demandes d’asile sont en attente d’examen, avec plus d’un an en moyenne avant le rendu d’une décision, dit le gouvernement.
Des mesures ont déjà été prises pour accélérer les décisions initiales, et les retards dans les procédures d’appel sont désormais, selon lui, la cause principale d’engorgement du système migratoire, limitant le nombre d’expulsions. Le nouvel organisme sera composé d’« arbitres » indépendants, et l’un des objectifs est d’accélérer le traitement des demandes de personnes issues de « pays sûrs ».
Instauration d’un délai légal
Le gouvernement va également imposer aux tribunaux un délai légal de 24 semaines pour statuer sur les appels des demandeurs d’asile hébergés par le gouvernement, et sur ceux des « délinquants étrangers ». Yvette Cooper a réaffirmé sa détermination à « réduire considérablement le nombre de personnes dans le système d’asile (…) pour mettre fin à l’utilisation d’hôtels pour les accueillir », à l’horizon 2029.
Dimanche après-midi, des manifestants anti-immigration étaient réunis devant l’un de ces établissements à Birmingham, dans le centre de l’Angleterre, tandis que la police était déployée devant un autre hôtel dans le quartier de Canary Wharf à Londres. Des rassemblements avaient déjà eu lieu vendredi et samedi devant plusieurs de ces lieux d’hébergement au Royaume-Uni. Des affrontements avec la police ou des contre-manifestants, venus défendre l’accueil des demandeurs d’asile, ont éclaté à Bristol, Liverpool, ou à Horley dans le Surrey, avec au total une quinzaine d’arrestations pour rixe ou agression.
Fin juin, 32 059 demandeurs d’asile étaient logés dans des hôtels, le gouvernement étant obligé de leur fournir un hébergement le temps de l’examen de leur dossier. Depuis la mi-juillet, la ville d’Epping, au nord de Londres, est le théâtre de manifestations régulières et parfois violentes devant l’un de ces établissements.
Mardi, la Haute Cour de justice lui a ordonné de cesser temporairement d’héberger des demandeurs d’asile. Mais le gouvernement de Keir Starmer a fait appel de cette décision, qui pourrait faire des émules dans le pays. 111 084 personnes ont demandé l’asile sur la période allant de juin 2024 à juin 2025, soit une hausse de 14 % sur un an. Il s’agit du chiffre le plus élevé sur douze mois depuis le début des relevés en 2001..(…) oo ■
