
Une remarquable publication de Régis de Castelnau (extraits) que nous reprendrons intégralement dans les prochains jours.

« Il existe tout un tas d’institutions et de think tank internationaux qui passent leur temps à classer les pays. Tous les domaines sont visés, de l’éducation à la consommation de drogues en passant par la corruption et le respect des standards démocratiques. D’année en année, la France passe son temps à dégringoler dans ces hit-parades, donnant parfois l’image d’un pays au bord de l’effondrement. Ainsi, le dernier rapport de l’Economist Intelligence Unit (think tank anglo-saxon) place la France au 26e rang mondial de l’indice démocratique 2024, la reclassant comme « démocratie défaillante ». Cette dégradation pose la question de la santé de nos institutions et pointe des dysfonctionnements structurels préoccupants.
Dirigée par un pouvoir minoritaire assurant sa survie en multipliant les expédients, la France donne l’impression d’une navigation à la godille reposant systématiquement sur la mise en cause des libertés publiques.
Le coup d’état de longue main qui a installé un parfait inconnu à l’Élysée avait été motivé par le constat du blocage politique généré par la fausse alternance entre une « gauche » socialiste furieusement néolibérale et une droite fébrilement néolibérale. En 2012, ce n’est pas François Hollande qui a gagné l’élection présidentielle (soyons sérieux), mais c’est bien Nicolas Sarkozy qui l’a perdue. Hollande fut un candidat de raccroc après la disqualification pour cause de frasques sexuelles de celui que l’oligarchie souhaitait voir prendre le relais d’un Sarkozy détesté. Les grands intérêts et la haute fonction publique d’État socialiste savait sa nullité, et préparèrent très tôt la solution Macron. Le résultat des élections européennes de 2014 garantissait la présence de Marine Le Pen au second tour en 2017, et la Justice prêta son concours pour disqualifier le candidat de la droite pourtant promis à une élection confortable. Fondé de pouvoir d’une oligarchie française devenue ploutocratie, Emmanuel Macron savait quelle était sa feuille de route : poursuivre la destruction du vieil État-providence à la française, imposer enfin à un pays rétif la purge néolibérale, à base de destruction de l’appareil productif au profit d’intérêts étrangers, et parfaire la soumission à la bureaucratie européenne. Du point de vue des intérêts nationaux, la double présidence d’Emmanuel Macron est une absolue catastrophe. Dont il n’est pas sûr que notre malheureux pays puisse un jour se remettre.
Le problème c’est que s’il a servilement et efficacement accompli le mandat de destruction confié par l’oligarchie, son impressionnante nullité politique a plongé la France dans une crise institutionnelle rendant la conduite des affaires publiques complètement chaotique. »
(…)
« Nous sommes donc en présence d’une réalité, celle de la situation institutionnelle d’un pays où un système vermoulu ne peut plus produire de politique. Au sens où l’entendait Richelieu avec sa définition : « la politique c’est de rendre possible ce qui est nécessaire ». On peut légitimement se poser la question de savoir si l’organisation républicaine mise en place par Charles de Gaulle, avec l’adoption de la Constitution du 4 octobre 1958, déjà altérée et en partie déconstruite par ses prédécesseurs, n’a pas reçu une forme de coup de grâce avec Emmanuel Macron.
Poser cette question c’est y répondre.
Que ce soit par une destitution que la lâcheté du corps politique rend plus qu’improbable, ou par l’échéance de son mandat, son départ ne réglera rien.
Le chantier de la reconstruction, purges et punitions comprises, est actuellement au-dessus des forces d’une société française trop affaiblie. »o ■ o RÉGIS DE CASTELNAU
« une absolue catastrophe »: ne serait- ce pas plutôt la Révolution française?