
Régis de Castelnau crie : Oscours !
» Les univers parallèles existent !
La preuve irréfutable des multivers.
Et il y en a un où des boomers séniles psalmodient des incantations absurdes que les fanzines des petits bourgeois urbains répercutent sans mollir.
Comment dites vous ? Cet univers est le nôtre ?
Oscours ! Je veux m’en aller ! Je veux partir ! Par pitié, indiquez moi le trou de ver le plus proche. N’importe quel système stellaire, ça m’est égal.
Partir d’ici, vite ! »
Quant à l’article de Libération, où, bien-sûr, écrit Guetta, le voici in extenso….
(Nous ne ferons pas aux lecteurs de JSF l’injure de le commenter, ils le feront eux-mêmes, sauf empêchement psychotique.)
Face à Trump, une nouvelle puissance, l’Europe, a remporté sa première bataille
Défense européenne • Donald Trump • États-Unis • European Union • Russie • Ukraine
août 29, 2025
Tribune parue dans Libération le 27 août 2025
Provisoirement au moins, le 18 août à Washington, Donald Trump a dû composer avec sept dirigeants européens et accepter l’idée des garanties de sécurité pour l’Ukraine.
L’événement était absolument sans précédent. Ce n’est pas pour se concerter avec les Etats-Unis et moins encore les soutenir que ces sept Européens s’y étaient rendus lundi 18 août. Ils y avaient accompagné Volodymyr Zelensky pour faire front contre Donald Trump, car trois jours après qu’il eut si chaleureusement reçu Vladimir Poutine à Anchorage, tout leur laissait craindre qu’il ne veuille faire accepter à l’Ukraine la reddition que le Kremlin exigeait d’elle.
Ils n’étaient pas là en alliés des Etats-Unis, mais de l’Ukraine, et c’était, oui, du jamais vu, car lorsque des Européens, France en tête, avaient tenté d’empêcher, en 2003, les Etats-Unis de se lancer dans leur aventure irakienne, l’Union européenne s’était fracturée.
Grande-Bretagne en tête, une moitié de l’Union s’était tenue aux côtés des Américains, mais aujourd’hui, c’est tout différent. Brexit ou pas, Londres et Paris sont en première ligne de la double bataille européenne contre les nostalgies impériales du Kremlin et contre la tentation trumpienne de s’entendre avec la Russie sur le dos de l’Ukraine et de l’Europe entière. De la Baltique à la Méditerranée, de l’Irlande au Donbass, l’Europe est unie comme elle ne l’a jamais été, pas plus sous Rome que sous Charlemagne, car au nord comme au sud, à l’est comme à l’ouest, les marches de l’Union font bloc avec elle.
Cette unité des Européens ne garantit rien, mais elle a changé la donne. Elle est l’événement car, sans elle, Américains et Européens ne plancheraient pas en ce moment sur les garanties de sécurité qui pourraient être données à Kyiv et, sans elle, la Russie n’en serait pas à accuser l’Union de vouloir torpiller les perspectives de paix que Donald Trump et Vladimir Poutine auraient ouvertes à Anchorage.
Soudainement inquiète, la Russie reconnaît en l’Europe unie ce qu’elle veut désormais devenir : un acteur de la scène internationale, une puissance politique qui pourrait être un jour, avec la Chine et les Etats-Unis, l’une des trois superpuissances de ce siècle.
Oh, d’accord ! Ce n’est pas fait, c’est même loin de l’être.
L’Union n’aura pas de Défense propre avant une dizaine d’années. Elle a encore tellement besoin du parapluie américain qu’elle est condamnée à la prudence face à la guerre commerciale que lui a déclarée Donald Trump. L’unité européenne, surtout, reste à la merci d’extrêmes droites autant soutenues par le Kremlin que par la Maison Blanche. Il suffirait que l’une d’entre elles arrive au pouvoir, à Londres ou à Paris, pour que soit compromise cette affirmation politique de l’Europe.
Le scepticisme n’a rien d’infondé, mais avant de continuer à mécaniquement moquer «l’impuissance européenne», peut-être faudrait-il ouvrir un peu les yeux.
Avec ses marches, l’Union constitue un marché de près de 600 millions de personnes dont ni les Etats-Unis ni la Chine ne pourraient se passer sans dommage. Hongrie comprise, l’Union entend aujourd’hui se doter d’une Défense commune que commencent à financer l’augmentation des dépenses militaires de ses Etats et les facilités qu’elle s’octroie en contournant ses traités. L’idée enfin que la force nucléaire française puisse remplacer le parapluie américain pour tout ou partie de l’Europe fait son chemin, à Berlin comme à Varsovie.
Tout reste évidemment, insupportablement, trop lent et trop timide. L’Union continue d’importer beaucoup trop de ses armes des Etats-Unis, car plusieurs de ses capitales craignent d’accélérer l’éloignement américain en achetant européen. Entre sa volonté d’autonomie et une peur de se priver de la protection des Etats-Unis alors qu’elle n’a pas encore de Défense propre, l’Europe est dans un entre-deux, mais elle a compris, dès le premier mandat de Donald Trump, qu’elle devrait désormais compter sur ses propres forces et, face à l’agression russe, elle a immédiatement fait front avec l’Ukraine dont elle est aujourd’hui le principal soutien.
Alors que rien ne l’y avait préparée, l’Union relève un défi après l’autre et, en mars dernier, contre Donald Trump qui venait de chasser Volodymyr Zelensky du Bureau ovale, elle a organisé une «Coalition des volontaires», un groupe de pays refusant que Vladimir Poutine puisse l’emporter avec l’assentiment des Etats-Unis.
Sur proposition française, l’Union avait auparavant créé la Communauté politique européenne afin de regrouper tous ceux des pays d’Europe qui désirent la rejoindre ou agir avec elle. Cette Communauté préfigure depuis 2022 une nouvelle forme d’unité européenne fondée sur des degrés d’intégration différents. C’est cette initiative qui avait accéléré le rapprochement entre la Grande-Bretagne et l’Union sur les questions de sécurité, et c’est grâce à ce rapprochement que Paris et Londres ont pu si vite organiser la Coalition des volontaires et y agréger des pays qui la soutiennent sans l’avoir formellement rejointe
De l’Australie au Canada, de la Norvège au Japon, l’Union est maintenant au cœur d’un réseau de pays démocratiques qui s’inquiètent de l’évolution des Etats-Unis. C’est fort de cette convergence que les présidents finlandais et français, le secrétaire général de l’Otan, le chancelier allemand et le Premier ministre britannique, la présidente de la Commission européenne et celle du Conseil des ministres italiens s’exprimaient le 18 août. C’est parce que ces sept Européens parlaient au nom d’un continent dont le poids s’accroît au rythme où les Etats-Unis se replient et glissent vers l’autoritarisme que Donald Trump n’a pu ni refuser de les recevoir ni les appeler à s’incliner devant le président russe.
Provisoirement au moins, Donald Trump a dû composer avec eux et accepter l’idée des garanties de sécurité. Ce lundi-là, une nouvelle puissance, l’Europe, a remporté sa première bataille et il serait temps, vraiment temps, de voir et d’encourager son affirmation car, sans elle, l’avenir n’est pas rose.

Photo : ©Number 10 – UK Prime Minister
À propos des élucubrations de Bernard Guetta :
« Il faut se dépêcher de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer » (Beaumarchais)
« Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît » (Michel Audiard)