
Voilà une réflexion – qui vient de paraître – dont on peut débattre, mais qui est à la hauteur de l’événement évoqué. Ce que l’on peut en déduire aux plans géostratégique, historique et politique nous paraît d’importance pour la France et pour le monde.
C’est évidemment la fin de la théorie de la fin de l’Histoire, de l’effacement des nations ou des empires, du mondialisme comme inéluctable futur et, en un sens, la résurgence d’un monde plus conforme à la Tradition. Avec sa richesse, sous des facettes multiples, et les dangers qu’elle induit.
Régis de Castelnau dresse une analyse utile et, redisons-le, à la hauteur du basculement mondial en train de se produire, où le monde auquel nous appartenons n’a pas le rôle le plus glorieux, c’est l’évidence. JSF

J’ai découvert la Chine il y a maintenant une dizaine d’années et ce fut une expérience troublante. J’avais réalisé en amont une préparation livresque minutieuse, que j’ai complétée par l’usage d’Internet au fur et à mesure de mes déplacements et de mes visites sur place. Des rencontres avec des intellectuels francophones, me permirent également de comprendre un peu mieux la façon dont ils organisaient leur rapport au monde. Marqué par prégnance de la culture greco-latine dont je suis issu, je débarquais quand même avec quelques préjugés et quelques idées simples. Qui volèrent en éclats avec la rencontre de ce pays immense. Abritant une civilisation tri-millénaire comme la nôtre, qui s’est développée en parallèle, brillante, accomplie, chaotique, la Chine me donna cependant et au-delà de l’admiration et de l’impression de singularité, le sentiment de quelque chose d’étranger, de profondément étranger.
Qu’exprime pour moi les rôles respectifs de Platon et de Confucius. De Platon, l’Occident a hérité d’un idéal philosophico-scientifique à base de raison, de métaphysique, et de recherche théorique. Pendant que la Chine avec Confucius se dotait d’un idéal éthico-politique, fondée sur l’ordre, l’harmonie, et les devoirs sociaux. « Pendant », par ce qu’étonnant clin d’œil de l’histoire, Confucius (551/479 av. JC) et Platon (428/347 av. JC) étaient à peu de choses près, contemporains !
La façon dont le système médiatico-politique macronien a traité ce qui s’est passé ces jours derniers à Pékin était l’expression d’un mélange d’ignorance crasse, de mensonges, de bêtise arrogante et bien sûr d’un racisme qui a pris parfois des formes abjectes. Mais qu’attendre d’un Occident-terminal dirigé par des abrutis qui ne comprennent rien à ce qui se passe, et ne voient que dans les rodomontades bellicistes, le moyen de se rassurer et de continuer à se mentir.
Jusqu’au nouveau chef d’état-major va-t-en-guerre d’une armée française clochardisée, aussi à côté de la plaque que son prédécesseur : « La perspective de combats contre des adversaires plus massifs est là […] nous devons être prêts à gagner la guerre si la France avait besoin d’user de la force »
« Des adversaires plus massifs » ? Effectivement, bien vu.
Cet extrait de la commémoration de la victoire chinoise dans la deuxième guerre mondiale en représente l’aspect militaire. Ces soldats que l’on voit sont les mêmes que ceux des armées enterrées que j’ai vus à Xian. Les mêmes que ceux qui des siècles durant ont monté la garde sur la Grande Muraille. Et les fils de ceux qui subirent les humiliations du siècle de la honte.
Celle-ci est désormais effacée.
Ce n’est pas par hasard que le film se termine avec le gros plan du « Temple du ciel » de Pékin, que les pilotes qui le survolent saluent. Celui-ci symbolise le lien entre le ciel et le pouvoir, dirigé par « le Fils du ciel ».
Le Parti communiste chinois est aujourd’hui le dépositaire du « Mandat du ciel ».
Et la Chine est redevenue « l’Empire du milieu. » ■ RÉGIS DE CASTELNAU
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