
Par Radu Portocala.
« Bien entendu, comme tout grand démolisseur, il cherche à se faire accompagner dans son entreprise. Il a, donc, trouvé dans le britannique Starmer et l’allemand Merz ses futurs compagnons d’armes. »

Emmanuel Macron a des ambitions dangereuses. Pas pour lui, heureusement, mais pour tout ce qui l’entoure. L’une d’entre elles, qui occupe sans doute ses rêveries vespérales, est de faire la guerre à la Russie, d’aboutir là où Napoléon et Hitler ont échoué. Noble et grand projet, disent les enthousiastes qui ne s’embarrassent pas du fardeau de la pensée ; terribles désastres en perspective, répondent les lucides rabat-joie.
Bien entendu, comme tout grand démolisseur, il cherche à se faire accompagner dans son entreprise. Il a, donc, trouvé dans le britannique Starmer et l’allemand Merz ses futurs compagnons d’armes.
Pour l’instant, il lui faut gagner l’opinion d’outre-Manche. Alors, il fait ce qu’il sait faire : il frotte le dos du roi, il fait des clins d’œil complices à la princesse de Galles et il promet de prêter aux Anglais la tapisserie de Bayeux. Il transforme ainsi un grotesque exercice de diplomatie personnelle en danger pour un trésor national.
Les restaurateurs et les conservateurs sont unanimes à lui dire que toutes les manipulations qu’implique ce voyage peuvent provoquer des dégâts irrécupérables à la tapisserie. Il n’en tient pas compte. Sa volonté, ses caprices passent avant l’avis de ceux qui savent. C’est ainsi qu’agissent les dictateurs. Et c’est ainsi qu’ils produisent les pires désastres.

La tapisserie de Bayeux aura bientôt mille ans. La toile sur laquelle elle a été tissée est d’une extrême finesse, donc d’une extrême fragilité. Si Macron impose sa volonté – et il y a peu de chances, comme dans n’importe quelle dictature, que son projet soit abandonné – il faudra l’enlever de sa vitrine, l’enrouler, la transporter à Londres, la dérouler, l’exposer dans une vitrine, puis, à la fin de l’exposition, l’enlever de cette vitrine, l’enrouler de nouveau, la ramener en France, la dérouler une fois de plusaa et, enfin, la remettre dans sa vitrine. À quel point faut-il être indécent pour prétendre que toutes ces opérations n’auront aucun effet, ne produiront aucun dégât ?
Mais la volonté de Macron met à mal le bon sens, l’annule, s’en moque. La volonté de Macron est supérieure à la raison. L’homme qui a tout raté à droit à cette reconnaissance. ■ RADU PORTOCALA
Ces lignes sont parues le 10 septembre sur la page FB de leur auteur.
Radu Portocala est écrivain et journaliste, spécialisé notamment en Relations Internationales.
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