
Par Alexandre Devecchio, pour Le Figaro Magazine.
Le sujet mériterait plus qu’un bref article de la grande presse. La démocratie idéologique, quasi religieuse, partisane et destructrice qui règne sur la France depuis deux siècles finit dans la fatigue du peuple français, dans ses profondeurs, selon l’expression gaullienne. Au point de n’avoir plus pour perspective que « la dictature ou la révolution ». On sait, par les enquêtes d’opinion, que ce n’est aujourd’hui non pas la révolution mais un régime autoritaire qui est souhaité par une large majorité de Français. Cet article d’Alexandre Devecchio, paru dans Le Figaro Magazine et FigaroVox il y a trois jours, a le mérite de poser la question. JSF


Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution.
LA BATAILLE DES IDÉES – L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% des Français jugent que le choix du nouveau premier ministre ne correspond pas à leurs attentes. Plus que son manque de notoriété, cela traduit la grande fatigue démocratique des Français.
Au suivant ! La valse des locataires de Matignon continue. Moins de vingt-quatre heures après la chute de François Bayrou, l’Élysée a annoncé la nomination de Sébastien Lecornu en tant que nouveau premier ministre. Le troisième en moins d’un an. Le cinquième depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Compte tenu du fait que le président de la République a exclu toute dissolution ou démission, le choix d’un homme politique connu pour sa souplesse (il va lui en falloir !) et son humilité (qualité rare en Macronie !) était plutôt judicieux. Mais cela intéresse-t-il encore vraiment les Français ?
« La vie politique est une pièce de théâtre totalement décalée se jouant devant une salle vide », observait le politologue Jérôme Fourquet dans Le Figaro après la chute de François Bayrou. Les sondages semblent lui donner raison. Une majorité de Français n’attend rien de Sébastien Lecornu. L’enquête Odoxa-Backbone pour Le Figaro révèle que 69% d’entre eux jugent que ce choix ne correspond pas à leurs attentes. Il est même moins bien accueilli que ses deux derniers prédécesseurs François Bayrou et Michel Barnier. Cela tient moins à son déficit de notoriété ou à ses qualités propres qu’à la grande fatigue démocratique des Français. Celle-ci est accentuée par le contexte politique lié à la dissolution : sans majorité claire et dans une situation budgétaire contrainte, les marges de manœuvre du nouveau locataire de Matignon seront très réduites.
Mais elle vient de beaucoup plus loin. Depuis des décennies, les majorités politiques et les premiers ministres se succèdent, ce qui n’empêche pas la politique menée de s’inscrire dans une certaine continuité : les impôts augmentent en même temps que l’immigration avec les résultats que l’on connaît ! Sous la Ve République, le vrai pouvoir se situe à l’Élysée, non à Matignon, mais aussi au sein de l’administration. Celle-ci reste inamovible. Loin de se contenter d’exécuter les décisions des gouvernements, elle agit comme un État dans l’État, autonome et guidée par une idéologie progressiste en décalage croissant avec l’opinion publique.
« Le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle »
« Aucune institution ne peut être vraiment réformée si ses membres n’y consentent pas, à moins de faire table rase par la dictature ou la révolution », constatait déjà le général de Gaulle à propos du ministère de l’Éducation nationale. En vérité, aujourd’hui, ce constat s’étend bien au-delà de la Rue de Grenelle. Jusqu’au sein même de l’audiovisuel public, comme l’a montré la récente affaire France Inter. L’État profond, notamment par le biais de la justice administrative et constitutionnelle, décide du destin du pays au mépris de la souveraineté populaire. Le tournant a eu lieu en 1981 avec l’élection de François Mitterrand. À défaut de changer la vie, les socialistes se sont emparés de tous les postes clés de l’État faisant de la bureaucratie non élue l’épine dorsale de leur pouvoir.
Quatre décennies plus tard, malgré la marginalisation du PS sur le plan électoral, les socialistes ont conservé leur emprise sur le pouvoir et sont toujours omniprésents à la tête des institutions majeures : du Conseil constitutionnel à la Cour des comptes, en passant par le ministère de l’Éducation nationale et les médias publics. Malgré les périodes d’alternance politique, la droite n’a jamais su ou voulu reconquérir ces institutions, se condamnant à l’impuissance. C’est ce qui explique le désintérêt des Français pour la valse ministérielle actuelle. Lassés que tout change pour que rien ne change, ils ont compris qu’un redressement du pays passerait non par un changement de premier ministre, mais par une reprise en main des commandes de l’administration pour la mettre enfin au service des citoyens. ■ ALEXANDRE DEVECCHIO
C’est encore plus grave.
La volonté populaire, les « Français », ceux présentés par les sondages et les articles tels que celui-ci sont des notions totalement dépassées, entretenues par paresse, par commodité, par idéologie, par refus du réél. Il en est de même pour les notions de gauche, droite, extrêmes ou modérées. Le sens même de tous ces mots s’est évaporé tant les cerveaux ont été , dans une proportion immense, déboussolés par le matraquage médiatique ou celui, politique, juridique, économique, distillé et mis en scène par les média. C’est si grave que la plupart des discussions s’éteignent dans les silences embarrassés, offusqués, ou la fuite pure et simple, ou la répétition de slogans. Ne le constatez-vous pas autour de vous, chez les jeunes en particulier ? Comment expliquer autrement l’abstention massive et les votes télé-commandés ?
Le bon sens bat en retraite partout. Comme la morale la plus ordinaire et le sens commun. Sur les sujets politiques, au sens le plus large, les propos mécaniques ou incohérents, voire les radotages séniles gagnent tous du terrain. Les cerveaux ne s’animent plus que pour les trivialités du gagne-pain. Je vois de moins en moins de Français mais presque partout, des bidasses bromurés, ataraxés, des robots, des chiens de Pavlov, des morts-vivants.
Il ne faut pas désespérer du peuple français aurait dit notre maître.
Cela dit Lecornu ne semble pas un mauvais bougre, mais les Français savent qu’il ne sera qu’une marionnette et veulent le départ du marionnettiste; plus cela attendra, plus la transition sera difficile et probablement violente.