
Ce long article (13.9) explicatif et évidemment inquiétant, alerte sur les risques de guerre civile américaine, mais aussi européenne et, naturellement, française. Guerre civile ou plutôt chaos, en France, comme le croit Alain de Benoist ? Pour l’instant, nous en sommes surtout à cette seconde perspective, déjà en partie réalisée. Régis de Castelnau traite de ce dramatique sujet selon sa manière, ses engagements anciens, son style et sa capacité d’analyse. Sa contribution, ici, nous paraît globalement pertinente. JSF

L’assassinat en direct live de Charlie Kirk, intervenant moins de huit jours après la séquence de Pékin a donné à voir l’état du monde. Imposant la prise de conscience du processus de la prise de pouvoir par le « Sud » et celle de la dislocation de l’Occident entré dans la phase terminale de sa domination.
Nous nous sommes exprimés sur le sens de la réunion de l’OCS à Tianjin, et sur la formidable démonstration de puissance militaire de la Chine. Pour simplement y ajouter aujourd’hui la curieuse impression donnée par cet Occident manifestement sonné et divagant en mode canard sans tête.
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Woke contre « déplorables », quand l’Amérique prend le chemin de la guerre civile
Mais l’assassinat filmé de Charles Kirk et les réactions qu’il a provoquées, d’abord en Amérique, mais aussi en Europe et en particulier en France a dévoilé une autre vérité. L’Occident, à commencer par son Hégémon, donne l’image de la dislocation et semble avoir pris résolument le chemin de la guerre civile.
L’universitaire Canadien du Kings collège britannique David Betz, spécialiste des conflits a publié plusieurs articles sur les risques de guerre civile en Occident qui ont eu un certain écho. À partir de des normes académiques bien établies, il a identifié six conditions qui permettent d’en identifier le risque, une seule d’entre elles pouvant y conduire. Le problème est qu’aujourd’hui les États-Unis et l’Europe ne répondent pas à une ou deux d’entre elles, mais à toutes les six.
Le 12 juillet 1936 en Espagne dans une situation politique et sociale particulièrement agitée et violente, le député monarchiste Calvo Sotelo était assassiné par des militants socialistes en représailles du meurtre de José Castillo, l’un de leurs. Ce fut un choc politique qui servit de prétexte moral et politique aux généraux putschistes pour lancer cinq jours plus tard l’insurrection militaire qu’ils préparaient depuis des mois.
Il ne s’agit évidemment pas de comparer la situation américaine de 2025 à celle de l’Espagne de 1936. La guerre civile qui s’ensuivit, s’enracinant dans une féroce et spécifique lutte des classes, fut également articulée avec le contexte international. Ce qui fait qu’elle se transforma ensuite, avec les interventions allemandes et italiennes, en premier théâtre de la deuxième guerre mondiale. Mais il faut ce poser la question de savoir si l’on peut considérer que l’assassinat de Charlie Kirk pourrait être lui aussi, l’étincelle qui va mettre le feu à la plaine.
Quiconque suit attentivement ce qui se passe aux États-Unis, avec l’énorme crise que traverse ce pays, ne pouvait que constater la montée, depuis le premier mandat de Donald Trump, de ce qu’il convenait d’appeler « une guerre civile culturelle ». Depuis 10 ans celle-ci s’est exacerbée. Dans un contexte de déclin économique, et de crise politique et sociale majeure, le parti unique d’un système faussement bi-partisan et formidablement corrompu, fonctionnant sous domination démocrate a explosé. Par le biais de l’arrivée de Donald Trump, le « cocktail Molotov politique » selon l’heureuse expression de Michael Moore, lancé dans le système. Lequel parvint cependant à résister pendant son premier mandat à un Trump mal préparé. À coup de résistance, de manipulations, de trahisons, mais grâce aussi à l’amateurisme de son ennemi. Confronté au mensonge du « complot russe », à la multiplication des accusations et à de nombreuses accusations judiciaires, à des procédures « d’impeachment » absurdes, mal entouré, il fut dans l’incapacité de résister à l’opération de fraude électorale géante organisée par l’appareil démocrate à l’élection de novembre 2020. L’auteur de ces lignes qui revendique une certaine légitimité professionnelle dans ce domaine, n’entend pas revenir en détail sur ce qui s’apparentait quand même à une forme de coup d’État pour installer à la tête du pays le plus puissant du monde un vieillard sénile et dysfonctionnel totalement corrompu. Avec finalement la preuve apportée ensuite par les chiffres de l’élection de 2024 démontrant l’impossibilité statistique de ceux du scrutin précédent.
L’objet de cet article n’est pas de ramener la « guerre civile culturelle » américaine au seul affrontement de Donald Trump avec le système, incarné par ce qu’Obama appelait « le blob ». À partir de son premier mandat il a fonctionné comme un révélateur. Pour mener sa stratégie d’accès au pouvoir, il fait le choix politique électoral d’un populisme de droite réactionnaire, qui est entrée en résonance avec une grosse moitié de la population américaine. Pour trouver face à lui les démocrates et leur idéologie faussement « progressiste » mais toujours furieusement néolibérale. Accompagnée souvent de dérives culturelles absurdes que l’on va qualifier « woke » par commodité. Et d’un antiracisme mensonger exhibé comme signe extérieur de richesse. Idéologie majoritaire au sein des élites et dans la population américaine de la moitié des États de l’union. Le terme « réactionnaire » doit alors s’entendre dans son sens premier, c’est-à-dire qu’il caractérise le refus d’une évolution jugée néfaste. La très confortable victoire électorale de 2024, et les difficultés rencontrées ensuite par Donald Trump pour la mise en œuvre de sa politique, démontrent l’intensité de la fracture. Et permettent de penser qu’elle est irréductible et que des formes d’affrontement violent seront peut-être inévitables.
Avant d’examiner celles qu’elles ont prises dans la période récente, il faut renvoyer à ce qu’a été le chemin de croix de Trump et de ses partisans pendant les quatre ans de présidence Biden. J’invite les lecteurs que ça intéresse à prendre connaissance de quelques articles publiés au fur et à mesure sur le blog « Vu Du Droit » en commençant peut-être par ceux relatifs au fameux « law fare » thème qui définit l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques à laquelle Donald Trump a goûté sans modération. Sans oublier bien sûr le fameux « complot russe ».
La société américaine de traumatismes en traumatismes
Pour mieux mesurer l’impact sur cette partie de l’opinion qui soutient Donald Trump, où les couches populaires déclassées sont majoritaires, Il est nécessaire de revenir sur la fameuse affaire Georges Floyd, du nom de cet afro-américain dont la mort avait été filmée et était attribuée à l’intervention d’un policier raciste. Les images étaient terribles et le scandale fut considérable déclenchant avec le soutien de l’administration Biden des réactions quasi insurrectionnelles dans les grandes villes à direction démocrate. À base de violences, de pillage, et de destructions, en particulier de symboles historiques de l’Amérique. Le tout, corruption générale oblige, assurant aux dirigeants du mouvement BLM une prospérité politique et financière impressionnante. Comprenons-nous bien : il n’est absolument pas question de nier la violence raciale à l’encontre de la communauté noire, et en particulier de la part des forces de police. C’est une donnée constitutive de la république américaine depuis l’origine. Nous y reviendrons un peu plus loin. Cependant la façon dont cette affaire a été traitée politiquement par les démocrates notamment dans sa partie judiciaire a été assez sidérante. Et ce sous les acclamations des belles âmes françaises jamais en retard d’une stupidité.
Derek Chauvin le policier considéré comme responsable de la mort de Georges Floyd, fut jugé, condamné et incarcéré à la suite d’une procédure qui prit la forme d’une véritable farce, dont l’épisode le plus stupéfiant fut de voir Joe Biden, président de la république en exercice, s’asseyant sur la séparation des pouvoirs intervenir publiquement pour réclamer une condamnation en indiquant qu’il priait « pour un bon verdict ». Tout comme d’ailleurs vient de le faire Donald Trump souhaitant l’application de la peine de mort pour l’auteur présumé de l’assassinat de Charlie Kirk ! De cette catastrophe judiciaire, Il faut lire ce qu’en dit Paul Craig Roberts ancien sous-secrétaire d’État au Trésor américain, d’abord pour appréhender cette réalité, puis ensuite comprendre l’impact qu’elle a pu avoir sur une partie de l’opinion américaine.
La campagne électorale n’a rien arrangé jusqu’aux trois tentatives d’assassinat contre Donald Trump, l’une d’entre elles ayant échoué « d’un lobe d’oreille ». Saluée par les activistes démocrates déplorant son échec, elle a fait peser un lourd soupçon sur l’attitude « complaisante » du secret service chargé de sa protection. Il ne faut pas oublier non plus l’assassinat de Brian Thompson patron de la compagnie d’assurance santé United Healthcare, exécuté en pleine rue par Luigi Mangione présenté par une partie de l’opinion comme un héros. Plus récemment le massacre d’enfants par un tueur de masse souffrant de dysphorie de genre dans une église et revendiquant son acte par la haine des catholiques.
De l’autre côté, tout aussi récemment il y a eu l’assassinat de l’élu démocrate du Minnesota Melissa Hortman et son mari par un extrémiste évangéliste. Alors on imagine l’impact sur les opinions, mais ce qui est frappant, c’est à chaque fois la division en deux camps. Et la teneur des réactions respectives. Il n’y a plus de place pour l’équilibre, pour la mesure, ou pour la compassion. Si le malheur frappe quelqu’un de l’autre camp, c’est qu’il l’a cherché, voire qu’il le mérite. Ce phénomène qui illustre l’abîme qui sépare désormais les deux bords s’est exprimé de façon assez terrifiante à l’occasion du meurtre sauvage de la jeune réfugiée ukrainienne et de l’assassinat de Charlie kirk.
Iryna Zarutska et Charlie Kirk, des meurtres symboliques en vidéo
La vidéo est insoutenable de la jeune Iryna Zarutska, stupéfaite et regardant son assassin avant de comprendre que la vie se retire d’elle-même. Pendant que les autres passagers du wagon restent sans réaction paraissant faire semblant de ne pas voir. Cette séquence du sacrifice d’une femme de 23 ans par un prédateur multirécidiviste exprime par sa brutalité et son caractère insupportable l’Amérique d’aujourd’hui. Comme l’ont fait les réactions face à cette horreur. Il y a eu bien sûr celle des populistes qui s’en sont emparés, mais que dire des justifications qui ont osé s’exprimer ? Jusqu’au site officiel de BLM revendiquant à propos de cette affaire le droit pour les noirs d’user par définition de la violence. Sans mesurer l’impact sur une société américaine qui s’est constituée sur l’esclavage, sur le lynchage considéré comme activité sociale normale, sur un apartheid institutionnel qui a duré jusqu’à la fin des années 60, et sur une discrimination, que même et surtout les belles âmes démocrates pratiquent quotidiennement, en veillant à pratiquer soigneusement la ségrégation géographique. Comme vient de le montrer le New York Times, journal officiel des élites démocrates, parlant d’Iryna Zarutska comme d’une « femme blanche » avec une minuscule et de son bourreau d’un « homme Noir », avec une majuscule. « L’inclusivité » typographique jusqu’à la folie.
Charlie Kirk était intervenu dans un tweet où il disait : « si nous voulons que les choses changent, il est nécessaire à 100 % de politiser le meurtre insensé d’Iryna Zarutska, parce que c’est la politique qui a permis à un monstre sauvage avec 14 antécédents d’être libre dans les rues pour la tuer ».
C’était une intervention qui posait la vraie question. Et même si l’on pensait que ce n’était pas les amis de Charlie Kirk qui seraient capables de la résoudre, elle méritait d’être discutée.
La réponse fut une balle dans le cou.
Les réactions à cet assassinat sont finalement assez terrifiantes. Du côté démocrate à quelques exceptions près ce ne fut qu’un spasme d’exultation. Pas de jubilation, d’exultation. Lire l’expression massive de cette joie mauvaise est non seulement pénible, mais surtout très inquiétant sur l’état de l’Amérique. Et aucune chance de se remonter le moral en constatant qu’en face, au-delà de la transformation de Charlie Kirk en martyr de son camp, c’était l’évocation d’un état de guerre civile, voire de sa nécessité.
Avec un Steve Banon en faisant le constat : « Charlie Kirk est une victime de guerre. Nous sommes en guerre dans ce pays. »
Ce qui s’est produit en France est également très inquiétant. On aurait pu espérer de la part des ignorants et des analphabètes politiques qui forment nos « élites », un peu de réserve ou de mesure, ou pourquoi pas soyons fous, un peu d’intelligence. Peine perdue. Les excités de droite ont revendiqué Charlie Dirk comme héros, et lancé sur les « gauchistes » leurs anathèmes habituels. Pour se heurter à un mainstream macronien déchaîné, exhibant tous ses clochards accrochés à leur adoration de l’Amérique démocrate, et leur détestation de Donald Trump. On ne va pas s’attarder à les citer, juste rappeler que la bêtise (Nathalie Loiseau !) y côtoie l’infamie (Tristan Mendès-France !). Et c’est là que l’on constate que le pronostic de David Betz commence à vraiment prendre forme. La crise politique insoluble provoquée par l’acharnement d’Emmanuel Macron pourrait-elle ici aussi, accoucher de troubles graves, voire déboucher sur des affrontements. On renverra à la lecture de David Betz pour les formes et les modalités que pourrait revêtir une « guerre civile 2.0 ». Mais en ce qui concerne les critères qu’il considère dangereux s’ils sont réunis, il suffit de les énumérer pour constater que ses inquiétudes sont fondées.
Multiculturalisme et désintégration sociale, Multiculturalisme asymétrique et injustice perçue, Tension ethnique et culturelle, Clivage urbain/rural et vulnérabilité des infrastructures, Déconnexion des élites et polarisation politique, Imminence et inévitabilité.
Devant les réactions à l’assassinat de Charlie Kirk, l’Obs jamais en retard une ânerie se demandait doctement si cette tragédie ne serait pas « l’incendie du Reichstag » de Trump. En 1933, Adolf Hitler avait utilisé l’incendie criminel du Reichstag pour en accuser les communistes et justifier ainsi la mise en place des premiers éléments de sa dictature. Ben oui, tout le monde sait bien que Trump et Hitler c’est pareil.
Plus sérieusement, compte tenu du fait que cet assassinat et les réactions qu’il provoque constituent incontestablement un tournant, la bonne référence historique ne serait-elle pas celle que nous utilisions au début de cet article ?
Charlie Kirk serait-il le Calvo Sotelo de l’Amérique ? ■ o RÉGIS DE CASTELNAU
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Très bonne analyse, merci d’avoir rappelé la mémoire de Calvo Sotelo, occultée par les « historiens républicains » pour qui le soulèvement militaire ne pouvait être provoqué que par la haine de la « démocratie » (version stalinienne)