
Il s’agit de savoir quel avenir nous voulons : des campagnes vivantes, avec des paysans libres et respectés, ou des terres abandonnées, livrées aux friches et aux importations.
Par Bartolomé Lenoir.

Cette tribune est parue dans Le Figaro du 27 septembre. Certes, nous ne croyons guère – et même pas du tout – que Bruxelles cesse un jour de persister dans sa politique de libre-échange mondialisé, dénoncée ici à juste titre. Ni qu’elle renonce à imposer le Mercosur. La politique de la chaise vide serait assurément un choc, un coup de semonce donné à l’UE. Mais la France ne la pratiquera sûrement pas, Emmanuel Macron étant à l’Élysée, ni d’ailleurs tant que les tenants du Système en place, toutes tendances confondues, occuperont le Pouvoir. L’idée que la solution vraie sera de « partir », de sortir de l’UE et de l’euro, fait aujourd’hui son chemin. À moins que la machine bruxelloise n’implose d’elle-même ou ne se délite sous les pressions diverses de ses membres. En attendant, tout commanderait en effet de défendre nos intérêts et notre souveraineté, ou ce qu’il en reste — ce que les gouvernements en place ne feront jamais qu’avec mollesse, et seulement en faisant semblant de s’y employer.
FIGAROVOX/TRIBUNE – Alors que Bruxelles a lancé le processus de ratification de l’accord de libre-échange, la FNSEA a appelé à manifester ce 26 septembre. Pour le député UDR de la Creuse Bartolomé Lenoir, il faut à tout prix refuser les pressions de l’UE qui mettent à mal l’agriculture.
Bartolomé Lenoir est député UDR de la Creuse.

Chaque jour, dans la Creuse comme partout en France, nos paysans se lèvent à l’aube pour nourrir la nation. Ils ne demandent ni compassion ni pitié : seulement le droit élémentaire de vivre dignement de leur travail. Mais aujourd’hui, ils voient leur avenir menacé par les décisions de Bruxelles. Démantèlement de la Politique agricole commune, accord de libre-échange avec le Mercosur : la France doit agir fermement pour préserver sa souveraineté agricole.
Pilier fondateur de l’Europe, la PAC est systématiquement détricotée. Un recul budgétaire de 20 % a été acté. Vingt pour cent ! C’est un coup de massue pour des exploitations déjà fragilisées par l’inflation, la hausse du coût de l’énergie, l’exigence de normes toujours plus contraignantes. Au moment même où la guerre en Ukraine a révélé notre dépendance, l’Europe choisit d’amputer son outil agricole. C’est un non-sens économique, stratégique et moral.
À cette régression budgétaire s’ajoute l’ombre portée de l’accord UE-Mercosur. Il prévoit d’ouvrir largement nos marchés à des importations massives de viande bovine, produites selon des standards environnementaux et sanitaires infiniment moins rigoureux que les nôtres. Derrière chaque cargaison débarquée en Europe, ce sont des hectares de forêts rasées en Amazonie, des troupeaux engraissés aux hormones, des pratiques interdites chez nous. Demain, nos éleveurs creusois, corréziens, auvergnats, devront rivaliser avec des produits bradés, qui n’ont de « compétitifs » que le mépris des règles que nous nous imposons.
Au nom de quoi devrions-nous accepter ce marché de dupes ? Pour satisfaire une idéologie datant des années 1980 à une époque où tout le monde se protège ? Peut-on parler d’Europe puissance quand elle se rend incapable de nourrir sa propre population ? Il faut avoir le courage de le dire : sans agriculture, il n’y a pas de souveraineté. Un pays qui ne peut plus remplir ses assiettes par lui-même n’est plus libre. L’indépendance alimentaire n’est pas un luxe, c’est une condition de l’indépendance nationale, au même titre que la défense ou l’énergie. Laisser mourir la PAC, signer l’accord Mercosur, ce n’est pas seulement fragiliser les revenus agricoles : c’est affaiblir la France et l’Europe tout entières.
Si Bruxelles persiste à réduire la PAC et à ouvrir nos marchés à une concurrence déloyale, la France doit se retirer de la table.
Mais nous ne sommes pas condamnés à l’impuissance. L’histoire nous donne un précédent. En 1965, face à une Europe qui menaçait les intérêts vitaux de la France, le général de Gaulle décida la politique de la chaise vide. Ce geste, critiqué à l’époque, permit d’imposer le compromis de Luxembourg et de sauver la PAC. De Gaulle avait compris qu’en politique, la fermeté n’est pas un caprice : c’est parfois la seule voie pour se faire respecter.
Dès les débuts de la construction européenne, le général de Gaulle avait compris que la France ne pouvait rester forte qu’en protégeant son agriculture. En sauvant et surtout en soutenant la Politique agricole commune, il en fit non seulement un instrument de solidarité européenne, mais avant tout un rempart au service de l’exception agricole française. Pour lui, la PAC n’était pas un simple mécanisme budgétaire : c’était une arme stratégique, destinée à garantir notre indépendance alimentaire et à assurer la dignité de nos paysans.
Aujourd’hui, nous devons retrouver cette audace. Si Bruxelles persiste à réduire la PAC et à ouvrir nos marchés à une concurrence déloyale, la France doit se retirer de la table. Non pour affaiblir l’Europe, mais pour la rappeler à sa vocation : protéger ses peuples, garantir leur sécurité, assurer leur avenir. Une Europe qui abandonne son agriculture n’est plus une Europe puissance, mais une colonie des marchés mondiaux.
Nos agriculteurs n’ont pas besoin de commémorations ni de discours. Ils ont besoin d’actes. Ils attendent que la France les défende, qu’elle se batte pour eux comme ils se battent chaque jour pour nous nourrir. Défendre la PAC, refuser l’accord Mercosur, pratiquer la politique de la chaise vide s’il le faut : voilà le seul chemin.
Car l’enjeu dépasse le monde paysan. Il s’agit de savoir quel avenir nous voulons : des campagnes vivantes, avec des paysans libres et respectés, ou des terres abandonnées, livrées aux friches et aux importations. Il s’agit de savoir si nous voulons rester maîtres de nos assiettes, ou dépendre de cargaisons venues de l’autre bout du monde. La réponse doit être claire. La France ne peut accepter l’effacement. Sans agriculture, pas de souveraineté. Et sans souveraineté, pas de France. ■ BARTOLOMÉ LENOIR
Voilà un monsieur qui n’a toujours pas compris que la France, comme l’U.E., est dirigée par des traîtres, des corrompus et des lâches.
JSF voit clair. Il me semble que la meilleure façon de laisser la chaise vide pour des négociations véritables serait d’activer l’article 50. Cet article rend la négociation obligatoire et limitée dans le temps. Elle peut alors se terminer par un divorce ou par un rabibochage sur de vraiment nouvelles bases. Toute autre approche se heurterait aux différents blocages institutionnels voire à des sanctions prononcées par les organismes disciolinaires de l’UE. En somme, le pot de terre contre le pot de fer !