

Bien peu d’analyses, de commentaires, de réactions qui fussent, si peu que ce soit, à la hauteur des circonstances, dans la presse écrite, parlée, télévisée… Comme si les hommes du Système tout entier, tétanisés par l’ampleur de l’effondrement — non pas tant du pays lui-même, du moins pas encore, mais de tout le régime institutionnel français, comme s’il était bâti sur du sable — se trouvaient soudainement désemparés, ne sachant que dire, qu’imaginer vraiment pour se sortir d’un tel marasme.
Pas d’homme providentiel à l’horizon, comme en juin 40, en mai 58, en mai 68. On attend que les choses se passent d’elles-mêmes, sans savoir quoi, si ce n’est que, dans le vide actuel — évidemment pas rempli par le Chef de l’État dérisoire, déambulant hier dans Paris, que la France s’est donnée — on ne pourra pas rester éternellement, ni même bien longtemps, sans les graves conséquences de divers ordres que l’on peut imaginer.
Voilà, une fois de plus, où le Régime a conduit « le cher et vieux pays ». JSF
Sur sa riche page Facebook, Aristide Ankou a exhumé ces réflexions de Charles de Gaulle qui, portant sur la IVe République effondrée, semblent écrites d’aujourd’hui. Encore faut-il admettre qu’en dépit de sa lucidité, De Gaulle a tout de même échoué à mettre en place une République qui pût convenir à la France. Ses institutions ont fonctionné quelques décennies, mais c’est de longue main qu’elles ont commencé à s’éroder pour revenir au système des partis, au désastreux régime d’assemblées qui est la pente naturelle de toutes nos républiques. Voici ce texte gaullien :
« Pendant douze ans, leur système fit donc, une fois de plus, ses preuves. (…) dix-sept présidents du conseil, constituant vingt-quatre ministères, campèrent tour à tour à Matignon. (…) Quoique chacun d’eux put tenter, le pays et l’étranger assistaient donc au spectacle scandaleux de « gouvernements » formés à force de compromis, battus en brèche de toutes parts à peine étaient-ils réunis, ébranlés dans leur propre sein par les discordes et les dissidences, bientôt renversés par un vote qui n’exprimait le plus souvent que l’appétit impatient de candidats aux portefeuilles, et laissant dans l’intervalle des vacances dont la durée atteignait jusqu’à plusieurs semaines. »
De Gaulle, Mémoires d’espoir