
Sommet de Charm el-Cheikh, 13 octobre 2025.
Par Antoine Viso.

Sans vouloir nous attarder sur le fond, analysons la forme, puisque ce sommet est avant tout affaire de communication.
Le show trumpien, qui a eu lieu ce lundi 13 octobre, aussi démonstratif soit-il, a l’avantage de définir clairement les rôles de chacun dans cette pièce de théâtre internationale. On en déduit tout aussi bien les rapports de force.
Au centre, Donald Trump et le président égyptien Al-Sissi, l’hôte du sommet, entourés de l’émir qatari Al-Thani et du président turc Erdogan, selon une disposition formant un bel arc de cercle face caméra.
Et, pendant que les adultes parlent, le concert européen est réduit à un bruit de fond. Ses représentants sont relégués – mais ne se sont-ils pas relégués eux-mêmes ? – au rôle de figurants, pire, d’une suite de courtisans ou de gouverneurs, on ne sait, accompagnant le prince de Washington. Mais ici, pas de serment de fidélité ou d’hommage, privilège d’hommes libres qui sied à la coutume féodale. Ces obligés sans prestige ni allure apparaissent bien plutôt comme de petits satrapes qui se précipitent, par servilité volontaire, dans le rôle de fonctionnaires de l’Empire américain.
Le plus affligeant est encore de savoir que ces courtisans se satisfont de cette soumission volontaire. Or, tandis que les dirigeants des pays européens se flattent de l’attention que leur porte leur maître en les invitant, celui-ci voit sa gloire rehaussée par la présence de ses gouverneurs.
La France, par le biais de son indigne chef d’État, est reléguée au fond de la classe. Si bien que, sur les photos, on ne distingue que vaguement le visage de M. Macron, entre les épaules du président égyptien et d’un émir qatari, trop loin de la table des discussions pour que la certitude d’y reconnaître notre président soit établie.
Valeurs actuelles rapporte que Macron a refusé de se tenir derrière Trump lors de l’allocution de celui-ci, ce qui lui valut au passage une remarque moqueuse. Soit. Mais n’a-t-il pas participé, durant ses déjà huit ans de mandat, à la déchéance toujours plus poussée de la crédibilité et du rang de notre pays sur la scène internationale ? Si Trump s’attendait à trouver le chef d’État français en rang derrière lui, c’est bien que Macron a déjà montré, par le passé, tous les signes de soumission qu’attendait Washington — lui comme tous les chefs d’État du Vieux Continent.
Ainsi, les Européens n’ont pas voix au chapitre — et quoi de plus normal ? Après tout, la politique étrangère est le privilège du Prince. Les roitelets européens ne sont concernés que par l’administration de leurs provinces. ■ ANTOINE VISO
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[1] Photo issue de RFI, « [En direct] Sommet de Charm el-Cheikh pour la paix à Gaza : une vingtaine de dirigeants présents », RFI (en ligne), mis en ligne le 13 octobre 2025, consulté le 16 octobre 2025, disponible à l’adresse : https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20251013-en-direct-sommet-de-charm-el-cheikh-pour-la-paix-%C3%A0-gaza-une-vingtaine-de-dirigeants-pr%C3%A9sents.
[1] Valeurs actuelles, « “Tu fais profil bas” : Donald Trump humilie Emmanuel Macron lors du sommet pour la paix en Égypte », Valeurs actuelles (en ligne), consulté le 16 octobre 2025, disponible à l’adresse : https://www.valeursactuelles.com/monde/tu-fais-profil-bas-donald-trump-humilie-emmanuel-macron-lors-du-sommet-pour-la-paix-en-egypte.
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Je lis un peu tard ce bon article. Quand on pense à ce qu’a été la diplomatie française, l’une des meilleures du monde, du temps de Vergennes, deTalleyrand, ou même de Couve de Murville sous De Gaulle, on se désole de la voir livrée à un zozo de la taille d’Emmanuel Macron, qui fait rire le monde entier… Triste triste.