

Par Pierre de Meuse.

Le général Mandon, chef de l’état-major toutes armes, a parlé et ses propos ont suscité bien des réactions. Mais parlait-il vraiment en tant que tel ?
D’abord, son discours était prononcé devant une instance sans rapport avec sa mission, une instance civile et privée de surcroît : l’Association des maires de France, dont il inaugurait la réunion annuelle. On voit mal comment, en temps de paix, l’administration militaire peut s’adresser aux communes de France, sur lesquelles elle n’a aucune autorité.
Et de quoi parlait-il ? De politique étrangère, domaine qui lui échappe totalement en dehors de toute guerre ouverte ! De la possible probabilité — pardonnez cet oxymore — que la Russie médite d’attaquer l’Europe et l’OTAN. Et de la nécessité pour notre peuple de consentir d’avance à tous les sacrifices, y compris celui de la « vie de nos enfants ». En somme, un discours de mobilisation, totalement incongru dans la bouche d’un fonctionnaire qui devrait exécuter les ordres du pouvoir politique et non les anticiper.
Il est étonnant que personne n’ait dénoncé cette aberration : ce n’est pas à lui de désigner l’ennemi, en vertu du principe cedant arma togae, un principe commun à tous les régimes que la France a connus, et d’ailleurs de pur bon sens. Comment expliquer cette anomalie, qui n’a pas de précédent historique ?
C’est qu’en réalité le général Mandon ne parlait pas en tant que chef délégué des trois armes, mais en tant que communiquant zélé d’Emmanuel Macron, qui n’aurait pas osé le faire lui-même, et dont l’uniforme donnait plus de poids que le costume civil du président, déconsidéré à un point jamais atteint jusqu’ici. Ce faisant, le chef de l’État contribue à déprécier le respect que les Français portent à leur armée en en faisant l’instrument d’une politique insensée.
« Les Français voient bien que tout est mensonge dans cette logorrhée misérable. »
Rappelons que cet officier, qui était colonel au moment de l’élection du président actuel, fut promu en six étapes exceptionnellement accélérées qui l’ont porté au poste qu’il occupe actuellement. Il en doit donc l’essentiel à son adhésion sans réserve au pouvoir macronien. On comprend aisément qu’il accepte de jouer ce rôle peu reluisant : celui de reprendre servilement tout le narratif frauduleux élaboré par l’ancien président américain, alors même que cette argumentation a été démentie par les évènements et que la dévotion à Zelensky faiblit à chaque instant dans son propre pays.
Les Français voient bien que tout est mensonge dans cette logorrhée misérable. En tentant de conduire notre peuple par la peur, les dirigeants de notre pays ne défendent pas notre intérêt, mais celui des institutions européennes, qui s’avèrent chaque jour plus incapables de protéger le Bien commun des pays qui les composent, en leur arrachant leurs attributions étatiques. Macron défend ainsi son propre intérêt au détriment du nôtre.
En témoigne l’invraisemblable publicité donnée à cette prétendue commande de cent avions Rafale, que l’Ukraine n’a pas le premier sou pour honorer et que l’on présente comme décisive. Alors que ces gesticulations ne sont que déclarations d’intention sans base réelle. Alors surtout qu’une politique tournée efficacement vers les vrais intérêts français devrait nous orienter vers la recherche d’une paix solide, nous permettant de réindustrialiser notre pays en lui procurant l’énergie dont il a désespérément besoin.
Au lieu de cela, nous risquons de nous voir confisquer notre place par l’AfD, qui ne cache pas son intention de jouer ce rôle si, d’aventure, un scrutin favorable s’offrait à elle. L’horizon est sombre. La France a avant tout besoin de lucidité. o ■ o PIERRE DE MEUSE
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La Voix de son maître
Il est triste de perdre son honneur pour la gamelle. Heureusement qu’il nous reste d’autres généraux dignes et non francs maçons