L’Insee nous annonce donc un taux de fécondité de 2,02 enfants par femme pour l’année 2008. Ce qui place la France en tête des pays européens, derrière l’Irlande malgré tout.
Une bonne nouvelle ? Certes, mais il convient d’y regarder d’un peu plus près…..
« L’indice de fécondité des françaises est plutôt de l’ordre de 1,8 enfant par femme »explique Gérard-François Dumont, professeur à la Sorbonne, directeur de séminaire de géopolitique au Collège interarmées de défense et directeur de la revue Population et Avenir.
« En effet, l’indice de fécondité de l’Insee est celui de la population de la Franceet non celui des françaises stricto sensu. L’Insee intègre dans ses calculs le taux de fécondité des femmes issues de l’immigration ».
Or, selon le recensement de 1999 -derniers chiffres disponibles- chez ces quatre millions de personnes vivant en France mais nées à l’étranger, l »indice de fécondité moyen est de 2,4 enfants par femme. Il monte même jusqu’à 2,8 pour les femmes d’origine sub-saharienne, les Marocaines, les Tunisiennes, 2,9 pour les Turques et 2,7 pour les Algériennes.
A noter : alors que l’indice de fécondité diminuait, dans les années 80, après la première génération, il reste maintenant stable. Qu’en conclure ? Noter le fait, c’est apporter la réponse, qui a nom crise de l’intégration…..
« Même sans cet apport, la France reste en tête des pays européens, dont l’indice de fécondité moyen est de 1,5. Mais elle se situe derrière l’Irlande, poursuit Gérard-François Dumont. La France aime les enfants : seules 9% des françaises n’ont jamais d’enfants (contre 25% des femmes outre-Rhin). Chez nous, les femmes cadres supérieurs ont tout de même au moins un enfant, alors que 50% de leurs homologues allemandes n’en ont pas. Les départements qui se défendent le mieux sont les DOM avec 1,98 enfant par femme, et quelques enclaves en métropole comme l’Ardèche avec 2,11 enfants par femme… »
De toutes façons, comme le rappelle G-F Dumont, le seuil de renouvellement des générations est de 2,07. L’Europe reste donc un continent en plein vieillissement. Et la situation de l’Irlande et de la France n’est pas si merveilleuse que cela, même si elles sont en tête de peloton, compte tenu des nombreux bémols qu’il convient d’apporter aux chiffres claironnés à l’envi par des journalistes un peu trop prompts à s’enthousisasmer à la lecture du rapport annuel de l’Insee…..