
Une chronique qui se veut ironique – et l’est vraiment, fourmillant d’idées saugrenues et drôles. Parfois désopilantes. Moment de détente rafraîchissant dans le contexte politique sous tension. Une ironie parfois fondée sur des poncifs ou des options politiques sous-jacentes qui ne sont pas les nôtres, ou même y sont contraires. Même en un tel cas, Samuel Fitoussi rend compte de la situation avec esprit et intelligence des circonstances. Le lecteur de JSF en fera la critique si bon lui semble.
Par Samuel Fitoussi.
Cette chronique du lundi est parue dans Le Figaro du 28 avril. Elle ne manque pas à son ambition de drôlerie ironique reflétant, de fait, l’actualité et chargée de sens. Discutable d’ailleurs… Bonne lecture !

CHRONIQUE – Chaque semaine, pour Le Figaro , notre chroniqueur pose son regard ironique sur l’actualité. Aujourd’hui, il propose à nos lecteurs un petit test pour mieux cerner leur propre position sur l’échiquier politique.
* Samuel Fitoussi vient de publier « Pourquoi les intellectuels se trompent » aux Éditions de l’Observatoire.
1) Vous avez écrit sur votre page Facebook un texte (que vous pensez définitif sur la situation de la France), comportant au moins l’une de ces citations : « Il faut toujours voir ce que l’on voit » (1 point) ; « Mal nommer les choses, c’est ajouter un peu de malheur au monde » (1 point) ; « Dieu se rit des hommes qui chérissent les causes dont ils déplorent les conséquences » (3 points) ; « Le véritable exil c’est de vivre dans son pays et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer » (1 point, – bon choix, celle-ci est très bien).
2) Vous avez des chroniqueurs chouchous dans « L’Heure des pros » (1 point, mais 4 points si vous connaissez le planning des chroniqueurs et vous vous inquiétez pour eux lorsqu’ils ne sont pas présents le jour attendu). Point bonus si vous rouspétez lorsque Eliot Deval remplace Pascal Praud, et un autre point bonus si vous êtes devenu un fervent défenseur de l’indépendance du Québec depuis que Zemmour a quitté « Face à l’info ».
3) Au cours de la dernière année, vous avez prononcé l’une de ces phrases : « Triomphe de l’homo-festivus… Philippe Muray avait tout dit » (1 point) ; « On se croirait dans 1984 d’Orwell ! » (1 point) ; « Charles de Gaulle ne voulait pas que Colombey-les-Deux-Églises se transforme en Colombey-les-Deux-Mosquées. Était-il raciste, lui ? » (3 points) ; « N’oublions pas que la gauche qui donne des leçons de morale a fait la promotion de la pédophilie » (2 points) ; « La gauche a abandonné les classes populaires » (1 point) ; « Les antifascistes sont les vrais fascistes et les antiracistes les vrais racistes » (1 point).
4) Vous étiez au Trocadéro sous la pluie en 2017 pour soutenir François Fillon (27 points).
5) Vous rappelez que la France est un pays de culture chrétienne et non une terre d’accueil sans histoire, mais tout de même, vous avez hâte que CNews revienne à des sujets non liés au Vatican (1 point).
Vous ne comprenez pas bien ce qu’est le wokisme mais vous avez envisagé d’écrire un essai sur le sujet
6) Quand vous marchez dans Paris, votre cortex médian orbitofrontal (zone dédiée à la haine d’Anne Hidalgo) se met en alerte dès que vous apercevez des travaux, des trottinettes abandonnées, des excréments de chien, des logements sociaux, des artères piétonnisées, des arbustes décomposés ou des tentes pour migrants (2 points).
7) Vous ne comprenez pas bien ce qu’est le wokisme mais vous avez envisagé d’écrire un essai sur le sujet (3 points).
8) Vous n’êtes pas d’extrême droite, d’ailleurs extrême droite ça ne veut rien dire, et puis si l’extrême droite dit que la terre est ronde faudrait-il dire qu’elle est plate ? (3 points).
9) Votre consentement à l’impôt s’effondre lorsque vous découvrez que la mairie de Paris subventionne des associations apprenant le vélo à des migrants algériens unijambistes (0 point : vous n’êtes pas de droite, vous êtes juste normal).
10) Vous confondez Jérôme Fourquet et Christophe Guilluy, mais vous retenez que la France périphérique en a assez des bobos gauchistes du 11e arrondissement de Paris (1 point).
11) Vos enfants n’ont aucun ami à l’école. Depuis qu’ils entendent tous les jours, dans le salon, des chroniqueurs télé pester contre les « bandes de jeunes », ils se méfient de leurs camarades (1 point).
12) Raisonnable, vous n’adhérez pas à la théorie conspirationniste du grand remplacement, mais vous pensez que la France subit un grand bouleversement démographique condamnant les Français à devenir minoritaires dans leur propre pays, ce qui n’a rien à voir (1 point).
Moins de 12/20. Vous pouvez mieux faire. La rumeur dit que vous avez même apprécié la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Achetez tout de suite l’autobiographie de Philippe de Villiers.
Entre 12 et 16/20. Score honorable, mais vous manquez de discipline idéologique. Attention à ne pas devenir un homme déconstruit. Cuisinez un steak au barbecue (au grill, avec des flammes) et envoyez une photo à Sandrine Rousseau.
Entre 16 et 20/20. Félicitations ! On ne vous surprendra pas à écouter France Inter.
Plus de 20 sur 20. Ce barème n’avait pas été conçu pour vous. Veuillez contacter l’auteur de cet article pour qu’il vous étudie scientifiquement. ■ SAMUEL FITOUSSI

Samuel Fitoussi vient de publier « Pourquoi les intellectuels se trompent » aux Éditions de l’Observatoire.