
« Une grande invasion peut être pacifique et néanmoins mortelle. La chute de l’Empire romain en témoigne pour l’éternité. »
Par Dominique Jamet.

COMMENTAIRE – Dominique Jamet présente modestement cet article de Boulevard Voltaire (5.07) comme « quelques réflexions« , « quelques notes« , « au hasard et en marge de l’Histoire et de l’actualité. » Il s’agit pourtant, vu de haut et, en effet, sous l’angle de l’Histoire, du déclin de l’Occident — c’est-à-dire de l’Europe, et naturellement de la France — par épuisement et par perversion. Les rappels des enchaînements fatals de l’Histoire et les éclairages de l’actualité de cet article nous semblent pouvoir être utiles à notre réflexion commune.

‘Entre le sursis et le sursaut, à nous de choisir.’
Quelques réflexions, plutôt sombres (on m’en excusera), mais il faut de temps en temps regarder la vérité en face, quitte à en perdre la vue… Ces quelques notes, donc, au hasard et en marge de l’Histoire et de l’actualité.
Février 1715. Après l’ambassade de Gênes, puis celle du Siam, Louis XIV accueille avec éclat, dans la galerie des Glaces de son tout beau tout neuf château de Versailles, une délégation persane. Le nom du Roi-Soleil, pourtant proche de son dernier Grand Coucher, a ébloui, lui assure-t-on, jusqu’au lointain roi des rois en son palais d’Ispahan. La France est alors, et pour un siècle encore, à l’apogée de son rayonnement. Comment peut-on être persan ? Montesquieu pose la première question qui vient à l’esprit des heureux riverains des bords de la Seine.
Comment peut-on être français, en juillet 2025 ?
À genoux si ce n’est à plat ventre, en dépit de ses grotesques rodomontades, devant la puissance israélienne et la superpuissance américaine, l’Iran des mollahs qui n’y vont pas mollo, vaste comme trois fois l’Hexagone et une fois et demie plus peuplé, s’en prend au pays dans le monde auquel il est le moins dangereux de rire au nez, voire de botter les fesses, ce dont ne se privent ni ses pires ennemis ni même ses meilleurs alliés. Non seulement Téhéran ne libère pas les quelques otages français qui lui sont tombés entre les griffes, mais on ne s’y donne même pas la peine de répondre aux messages plaintifs de notre bon vieux Quai d’Orsay. C’est dire la considération dont nous jouissons là-bas…
Retour ailleurs et en arrière. 5 juillet 1830. Alger et son fameux coup de dey. Le délégué local de l’Empire ottoman, ce grand malade, a effleuré de son chasse-mouche ou giflé de son éventail – les versions varient – notre consul dans la Ville blanche. La réponse du roi de France, Charles X, sera fulgurante. Un corps expéditionnaire débarque de l’autre côté de la Méditerranée. C’est le coup d’envoi des cent trente ans de l’Algérie française.
Juillet 2025. Le dictateur (mal) élu de la République algérienne issue de la guerre d’indépendance multiplie les injures et les avanies contre l’ancienne puissance coloniale. Après l’arrestation arbitraire, l’incarcération inique et le jugement scandaleux rendu contre Boualem Sansal, écrivain algérien devenu citoyen français, on apprend que le digne successeur des légendaires Barbaresques détient depuis plus d’un an un journaliste sportif, notre compatriote, dont le tort, il est vrai gigantesque, est d’avoir parlé football avec le dirigeant d’un club kabyle. Pourquoi M. Tebboune se gênerait-il ? Il n’ignore pas que, tôt ou tard, le fantôme de l’Élysée lui présentera ses regrets et s’excusera de lui demander pardon.
1900. Domination absolue de l’homme blanc
1900. L’Europe qui pèse 33 % de la population mondiale, l’Europe, autrement dit l’homme blanc, règne ou pèse, soit directement à travers ses grands empires coloniaux, notamment le britannique et le français, soit sous la forme de protectorats ou par le biais de traités inégaux, sur la totalité de l’Asie (moins le Japon) et sur toute l’Afrique, à la seule exception de l’Abyssinie. Cette domination absolue, apparemment destinée à se perpétuer, elle ne la doit pas, comme se plairont à le croire et à le faire croire théoriciens et pratiquants du racisme le plus élémentaire, à on ne sait quelle supériorité génétique du Caucasien sur l’homme « de couleur » mais à son avance technique, à ses armes, à la vigueur de ses ambitions, à sa vitalité, à son esprit de conquête, à la faiblesse militaire et politique des pays qu’elle colonise.
L’Empire romain, lui aussi, avait établi sa paix et étendu sa civilisation à toute l’Europe occidentale et au bassin méditerranéen. Il a duré trois siècles. Il en reste d’innombrables vestiges et une immense nostalgie. Les empires coloniaux modernes, eux, se sont effondrés en soixante ans. Il n’en subsiste d’un côté que deuil ou culpabilité, de l’autre qu’accusations et ressentiment.
Comment une telle chute, et si rapide, a-t-elle pu se produire ? Comment l’Europe, enivrée de son succès et trop sûre de sa force, a-t-elle cru pouvoir se déchirer impunément en jouant par deux fois au jeu le plus stupide et le plus destructeur, celui des deux guerres mondiales où elle a laissé sa jeunesse, son dynamisme, sa prédominance, sa confiance en elle-même, en trahissant les vertus et les valeurs qu’elle a si bien prêchées et si peu ou si mal pratiquées.
2025. L’Europe ne rassemble plus que 7 % de la planète
Elle est punie là même où elle n’avait pas péché. L’explosion démographique des autres continents ne doit rien à un accroissement de leur fécondité mais tout au fait que les enfants n’y meurent plus au berceau. Quant à la différence avec les courbes européennes, elle tient à de multiples causes. L’affaiblissement des religions, leur remplacement par le culte du plaisir égoïste et du confort individuel, la découverte et la diffusion de nouveaux procédés de contraception, le changement des mœurs et des priorités, mais peut-être avant tout le pessimisme fondamental né des deux guerres où la folie furieuse a englouti la douceur de vivre, la foi dans le progrès et l’estime que se portait l’espèce humaine, ont porté une série de coups fatals au don et à la transmission de la vie, et donc à la natalité. Kipling magnifiait en son temps le fardeau dont était porteur, selon lui, l’homme blanc, celui, apparemment, de la civilisation, du bonheur et du devenir de l’humanité. L’homme blanc s’est discrètement débarrassé de son fardeau et en même temps de sa mission. L’homme blanc ne croit plus à l’homme blanc. Il arrive même qu’il soit son pire ennemi.
Rien n’a remplacé, rien n’a pu remplacer les vingt millions de morts que le premier conflit mondial a couchés sur le sol de l’Europe et les cinquante millions de victimes du deuxième et, à ce jour, dernier affrontement de l’ère du pré-nucléaire. Le prochain, dont la menace se profile, sera pire. Dès à présent, l’aspect le plus pathétique et le plus lamentable de la guerre fratricide et meurtrière qui oppose depuis plus de trois ans l’Ukraine et la Russie et de son bilan, encore non établi, est que les deux pays slaves avaient en commun, avant même le début du conflit, leur stagnation, voire leur recul démographique, fléau qu’elles partagent avec la vieille Europe et dont on ne voit pas que le conflit en cours le fasse reculer.
Quelques chiffres. L’Algérie, en 1960, comptait dix millions d’habitants, dont un million d’origine européenne. Elle en compte aujourd’hui quarante-neuf millions, à 99,6 % de souche africaine. La France, parallèlement, a vu sa population passer de soixante millions d’habitants, dont 5 % d’immigrés, à soixante-huit millions, dont plus de 10 % d’origine étrangère et environ 5 % de provenance africaine.
À ce phénomène que rien, à ce jour, ne semble endiguer, et qui ne concerne pas seulement notre pays mais tout le Vieux – tellement vieux – Continent où les peuples premiers, les autochtones (comme on dit pour les Inuits, les Amérindiens et les Kanaks et comme on ne dit pas pour les Espagnols, les Italiens, les Hongrois, les Bulgares, les Belges… ou les Français) sont menacés qui de submersion, qui de disparitions pure et simple ; plusieurs noms, des plus doux aux plus brutaux, ont été donnés.
Un jour de grand courage, Valéry Giscard d’Estaing osa parler de « grande invasion »
Pour le doux poète populiste Jean-Luc Mélenchon, il n’y a pas lieu de parler d’immigration mais bien de créolisation, un joli nom qui fleure bon les Antilles, le rhum et les îles, le mariage harmonieux de Joséphine de Beauharnais et de Toussaint Louverture, voire de Catherine Deneuve et de Tariq Ramadan. D’autres, qui n’y vont pas par quatre chemins, parlent de « Grand Remplacement ». Il paraît que l’expression n’est pas politiquement correcte. Elle n’en a pas moins le mérite de bien dire ce qu’elle vise. Un jour de grand courage et de grand vent, Valéry Giscard d’Estaing osa parler de « grande invasion » et suscita un tel tollé qu’il ne s’y hasarda plus. Le terme était pourtant peut-être le plus juste, et il avait le mérite de rappeler qu’une grande invasion peut être pacifique et néanmoins mortelle. La chute de l’Empire romain en témoigne pour l’éternité.
Nul ne saurait ignorer les multiples raisons et les intentions, bonnes ou pas, qui amènent un natif du Burkina Faso ou de l’Afghanistan à préférer l’Île-de-France et même la Seine-Saint-Denis à sa terre de naissance. Nul, s’il est de bonne foi, ne niera les multiples problèmes d’adaptation, d’insertion, de compatibilité, de tranquillité, de sécurité, d’assimilation, d’intégration que pose à notre pays comme au reste de l’Europe et même aux États-Unis, terre de migrants par excellence, le déferlement massif de milliers, de centaines de milliers, de millions de nouveaux venants. Des problèmes qu’aucune terre d’accueil ne semble dans les faits capable de résoudre de façon satisfaisante.
Le soleil se couche à l’Ouest. Ce n’est pas nouveau. Il serait fâcheux qu’il se couche sur l’Occident. Or, face à la marée qui monte et que nul, jusqu’à présent, n’a su ou voulu contenir, nos mœurs, notre culture, notre Histoire, nos valeurs, nos raisons de vivre ensemble, bref, notre société et notre identité même sont-elles en danger à court terme, comme de nombreux facteurs le donnent à redouter ? Ou sommes-nous encore capables de réagir et d’agir, comme certains signaux le donnent à espérer ? Entre le sursis et le sursaut, à nous de choisir. ■ DOMINIQUE JAMET

Lisez les islamologues qui analysent les publications des musulmans et des islamistes ( différence purement rhétorique, il y a l’islam c’est tout ) et ces dernières disent sur tous les tons que l’Europe sera musulmane, cela prendra un siècle, deux siècles, mais ça se fera, par l’effet de la démographie. La civilisation européenne est en péril de mort et on a l’impression que beaucoup d’européens ont déjà consenti à cette disparition, il n’y a qu’à voir tous ceux qui se réjouissent que le maire de Londres soit musulman, que le premier ministre écossais soit musulman. Écoutez l’imam Mélenchon invoquer la grandeur de l’islam. Les maires de gauche interdisent les crèches de Noël, mais Hidalgo ouvre les grands salon de l’hôtel de ville de Paris pour fêter la rupture du jeûne de Ramadan etc. Lisez le livre de Douglas Murray, l’étrange suicide de l’Europe, tout y est.
On ne voit pas comment l’Europe pourrait être sauvée de ce déferlement. Sauf miracle. Miracle au sens religieux du terme et dont je ne vois pas la proximité, ni les modalités. Il est vrai qu’un miracle, gratuit comme il est, n’a pas de « modalités » ni de rationnalité.
Cela commencera par les modalités douces décrites dans « Soumission » par Michel Houellebecq. Puis il n’y aura plus que des traces, des monuments qui seront transformés, comme sainte Sophie en mosquées. Et partout, le totalitarisme musulman.
Sauf miracle, qu’y faire ?
Pour rappel, la population chute à peu près partout. Regardez le Japon et la Corée. Regardez l’Arabie séoudite. Regardez la Chine et l’Inde. Regardez même le Maghreb, dont la population commence à vieillir (le Maroc est en-dessous du seuil de renouvellement de la population). Le suicide démographique touche à peu près tout le monde, à une vitesse variable il est vrai.
Et l’Afrique noire ? Elle n’est pas épargnée, quoique sa dénatalité soit plus lente. Mais certains pays ont déjà passé leur mutation démographique (voyez le Lesotho et l’Afrique du Sud).