
« Pour François Hollande, le RN « n’est pas dans l’arc républicain ». Étrange déclaration de la part de ce personnage… »
Par Dominique Jamet.

COMMENTAIRE – Dominique Jamet, qui à son ordinaire n’use de polémique qu’à fleurets mouchetés, dresse ici un portrait quasiment au vitriol du « lamentable » François Hollande (soudain réveillé par la perspective d’éventuelles législatives), mais également des partis tout aussi « lamentables » de l’arc républicain. Partis dont les Français ne veulent plus.
Le tout — systémique — si méprisable et calamiteux qu’on se demande comment, si ce n’est à raison de sa coutumière mesure, Dominique Jamet peut rester un paisible et pacifique républicain satisfait de l’être.
Certes, c’est sans doute parce qu’ici la victoire du RN lui paraît quasi certaine, notamment à cause, là encore, de la toujours plus grande modération de ce parti bientôt chargé — peut-être et pour combien de temps ? — de gouverner la France dans l’état, en effet calamiteux, où le lui aura bel et bien légué le régime républicain français dans son entier et personne d’autre.
Dominique Jamet croit à la future victoire du RN. Il l’espère comme presque la moitié des Français et d’une certaine manière il lui aura au moins rendu une certaine justice. JSF

Qui dirait encore aujourd’hui – en dehors de lui-même, toujours modeste – que François Hollande a été un Président « normal » ? François Hollande a bel et bien été un Président exceptionnel. Exceptionnel dans l’insignifiance et la vacuité. La preuve ? Demandez au premier venu, et même au second, de citer des faits, des mesures, des réformes, des moments qui auraient marqué l’unique mandat du chef de l’État, alors « quinquennagénaire », entre 2012 et 2017. C’est tout juste si, en se creusant la cervelle, les meilleurs spécialistes du vide intersidéral parviennent encore à en exhumer un face-à-face humiliant et pourtant télévisé entre le locataire de l’Élysée et une jeune Gitane d’origine kosovare, une entrée triomphale, prélude à une victoire éphémère, dans Bamako, un rendez-vous galant, à bord d’un scooter, au petit matin, à deux pas du logis officiel de l’intéressé, et, quand même, l’institution du fameux « mariage pour tous ». Peu de chose, en somme.
Repêché par le suffrage universel limousin qui l’a fait rentrer, en 2024, dans le circuit politique par la porte de service du palais Bourbon pour y représenter la Corrèze, le député de Tulle, élu sans péril et sans gloire après avoir sollicité et reçu le soutien d’un mouvement extrémiste de gauche – au fonctionnement clanique, au discours irresponsable, aux manifestations provocatrices, aux pratiques douteuses, aux accointances honteuses -, a cru pouvoir, l’autre jour, déclarer comme au bon vieux temps que, du seul fait qu’il souhaiterait une révision de la Constitution, le Rassemblement national « n’était pas dans l’arc républicain ». Étrange déclaration de la part d’un personnage, d’une personnalité, qui, au-delà de son bail de cinq ans, rue du Faubourg-Saint-Honoré, fait d’ordinaire étalage de sa modération et est considéré à juste titre depuis près de quarante ans comme un grand professionnel de la politique. La préparation des prochaines législatives n’y est pas pour rien.
Grotesque insulte à l’Histoire et à la vérité
Quoi que l’on pense des conditions et du climat dans lesquels est né, il y a plus d’un demi-siècle – en 1972 ! – autour de Jean-Marie Le Pen, le Front national, lointain ancêtre du Rassemblement national, le décrire encore aujourd’hui, comme le fait systématiquement une certaine presse, comme le font nombre de ses adversaires, comme un groupuscule factieux et fascistoïde qui réunirait autour de la fille de son fondateur d’anciens Waffen-SS, plus que centenaires, quelques fidèles attachés à la mémoire du maréchal Pétain et une poignée d’octogénaires, pieds-noirs ou soldats perdus nostalgiques de l’Algérie française, n’est pas seulement une grotesque insulte à l’Histoire et à la vérité, mais un mensonge odieux craché à la face des plus de onze millions d’électeurs qui ont voté pour le RN lors des dernières élections européennes. Les excès et les outrances, voulus ou non, de Jean-Marie Le Pen ont prolongé au-delà de toute vraisemblance la survie de cette caricature.
Le temps n’est plus où le fort en gueule Bernard Tapie ne laissait aux électeurs et aux militants du FN que le choix, peu enthousiasmant, entre être des « crétins » ou des « salauds ». Ceux, nombreux, qui recourent à cette polémique de comptoir sont eux-mêmes des imbéciles, des aveugles ou des menteurs. Quoi que l’on pense des origines, lointaines, ou des thèmes porteurs de l’incessante et apparemment irrésistible montée du Rassemblement national, tout observateur de bonne foi, dès à présent, tout historien, dans les années à venir, ne peut ou ne pourra que reconnaître que c’est sans jamais sortir de la légalité, sans jamais préférer la violence, l’émeute ou le complot au débat démocratique et en se confiant à la sanction des urnes plutôt qu’au tumulte de la rue, que le Rassemblement national est devenu ce qu’il est aujourd’hui : la première force politique de ce pays, actuellement en vue, sinon aux portes du pouvoir.
La République, propriété de partis lamentables dont les Français ne veulent plus ?
Ceux qui prétendent encore, au mépris de la vérité la plus élémentaire, au mépris de l’évidence, exclure électeurs et élus du RN de ce fameux « arc républicain » qui regrouperait tous les autres partis ne se rendent pas compte ou, pour certains, font comme s’ils ne se rendaient pas compte qu’ils foulent aux pieds le principe fondateur et ciment de la démocratie : la voix du peuple. Prétendre que ne sont ni fréquentables ni éligibles les candidats ou les élus d’une mouvance qui recueille les voix d’un tiers des Français, qui, avec ses alliés ou ses proches, en représente 40 %, qui, au rythme et au gré de la droitisation de la France, approchera bientôt puis dépassera la majorité des suffrages, c’est prétendre que la République et la démocratie seraient, par on ne sait quel tour de passe-passe, la propriété, voire l’apanage, des partis lamentables et des hommes médiocres dont les Français, de plus en plus nombreux, ne veulent justement plus.
Le monde change, la France change, les temps changent. La dernière fois que le parti de gouvernement de ceux qui se disent gaullistes et qui n’ont plus rien de gaulliste a siphonné le réservoir de voix du FN, c’est lorsque Nicolas Sarkozy, en campagne, promit (promesse non tenue) de rétablir l’ordre « au Kärcher™ » dans les cités, dans les banlieues, dans le pays. Leçon comprise sur le moment, oubliée sitôt acquise la victoire du Nicolas qui promettait. On n’est plus bien loin de l’instant où les flux s’inverseront, où les barrages, républicains ou pas, se transformeront en passoires, où le RN sera confronté à l’épreuve, ardemment souhaitée et pourtant redoutable, du gouvernement de la France.
Ce parti et ses dirigeants, devenus dirigeants d’un grand pays, auront alors intérêt à se souvenir que leur victoire, si longtemps tenue pour impossible, désormais considérée comme vraisemblable, probable, voire certaine, ils l’auront due moins à une expérience qu’ils n’ont jamais eu la possibilité de faire, à des capacités dont ils n’ont jamais eu à faire la preuve, ou à un raz-de-marée d’enthousiasme, mais aux erreurs, aux fautes, aux turpitudes, à l’incapacité, à la gestion calamiteuse de ceux – parmi lesquels un certain François Hollande, puis son ingrat et désastreux protégé – qui ont lentement et inexorablement mis la France dans l’état où elle est. Nous y reviendrons. ■ DOMINIQUE JAMET

Hollande a rejoint au Panthéon de la nullité politique les Albert Lebrun, Vincent Auriol et autres qui prétendaient représenter tous les Français. La Vieme qui confond la représentation nationale et le pouvoir exécutif, aggravé depuis l’instauration du quinquennat (Oui Chirac est aussi au Panthéon comme Sarkozy et son traité de Lisbonne) expirera avec Macron dont la représentativité et le bilan sont encore pire que ceux de Hollande
« lamentable » François Hollande: c’est vraiment un très gentil garçon Dominique Jamet !