
Action directe, Fraction armée rouge, Brigades rouges… En son temps, ce terrorisme a séduit les intellos de gauche.
Par Stéphane Buffetaut.

Cet excellent article est paru dans Boulevard Voltaire le 16 septembre. Merci à Stéphane Buffetaut et à Boulevard Voltaire pour cette salutaire réflexion qui est aussi une mise en garde.

L’assassinat de l’influenceur conservateur Charlie Kirk, le 10 septembre dernier, vient rappeler au monde que l’extrême gauche révolutionnaire n’hésite pas à éliminer ceux qui s’opposent à elle.
L’homme était un excellent débatteur qui gardait son calme. Il démontait aisément les délires wokistes, le racisme anti-Blanc et la culpabilisation de l’occident. Cela a suffi pour le faire assassiner. Les médias du système ont été honteux, comme d’habitude, laissant presque entendre qu’il l’avait bien cherché, et fait de lui un militant d’extrême droite parce qu’il était pro-famille, hostile à l’avortement et refusait la culpabilisation sans fin de l’homme blanc. C’était simplement un conservateur convaincu et talentueux.
Il a été fait de cet assassinat une énième preuve de la violence du débat idéologique aux États-Unis et du danger de la libre circulation des armes. Le fait que quatre présidents américains aient été assassinés (Abraham Lincoln, James Garfield, William McKinley, John Fitzgerald Kennedy) tend à faire croire que la violence politique est propre aux États-Unis. Mais en France les Présidents Sadi Carnot et Paul Doumer on été assassinés et de Gaulle a échappé à plusieurs attentats, le plus célèbre étant celui du Petit-Clamart.
En Europe, aussi, l’extrême gauche a assassiné
Surtout, il faut rappeler que l’extrême gauche révolutionnaire a pratiqué l’assassinat politique en Europe il n’y a pas si longtemps. Cela a été peu rappelé, à l’occasion de celui de Charlie Kirk, alors que nous ne sommes pas à l’abri de connaître à nouveau ce que les années 80 connurent. D’autant que certains partis extrémistes, comme LFI, ne cessent de justifier la violence politique et choisissent leurs modèles parmi les acteurs et les théoriciens de la terreur révolutionnaire comme moyen de gouvernement, tels Robespierre ou Saint-Just.
De 1980 à 1987, Action directe, groupuscule marxiste terroriste, a commis plus de quatre-vingts attentats. À leur sanglant actif, les tentatives d’assassinat du contrôleur général des armées Henri Blandin et du vice-président du CNPF Guy Brana, mais surtout les assassinats de Georges Besse, PDG de Renault, et de l’ingénieur général de l’armement René Audran.
Dans la même période, les terroristes de la Fraction armée rouge, organisation terroriste marxiste-léniniste allemande, dite aussi bande à Baader, théorisent la guérilla urbaine, attaquent des banques, assassinent des policiers (1971), font exploser des bombes qui sèment la mort et la désolation (1972), s’en prennent aux Américains stationnés en Allemagne, tuant un lieutenant et blessant gravement treize autres personnes. En 1977, ils enlevèrent le président du patronat allemand Hanns Martin Schleyer et l’assassinèrent.
À la même époque, les Brigades rouges, organisation terroriste marxiste-léniniste, semaient la terreur en Italie. L’assassinat d’Aldo Moro, ancien chef du gouvernement italien, reste le crime le plus connu, mais ils assassinèrent quarante-huit personnes, principalement des policiers et des magistrats, et quatre cent quinze personnes furent blessées lors de leurs actions terroristes.
Quand les intellectuels de gauche défendaient les tueurs
Le pire est que la gauche française intellectuelle ou de gouvernement a pris fait et cause pour ces tueurs. L’odieux Sartre, qui justifiait l’assassinat politique, défendit la bande à Baader et Mitterrand lui-même protégea les terroristes italiens enfuis en France, qu’il se refusa à extrader. Cette défense de la terreur révolutionnaire par la gauche dite de gouvernement est ancienne. Clemenceau, cette fausse gloire républicaine, justifiait la Terreur et les massacres de septembre car, pour lui, la révolution était un « bloc » qu’il fallait accepter dans sa totalité.
Lorsque les militants d’extrême gauche attisent la haine des Juifs et des Français de souche, arrachent les drapeaux français, entraînent des jeunes enfants à lancer des pavés sur les vitrines, hurlent « tout le monde déteste la police », demandent que l’on dresse la guillotine dans Paris, ils encouragent l’extrême violence politique qui, un jour, entraînera un drame. Mais ils n’en ont cure puisque, justement, c’est un instrument révolutionnaire. Lounatcharski, compagnon de Lénine, disait : « Ce qu’il nous faut, c’est la haine. » Pour les idéologues marxistes ou néo-marxistes, il est légitime d’éliminer « l’ennemi de classe » comme, pour les nazis, il était légitime d’éliminer « l’ennemi de race ». Les révolutionnaires rejettent Dieu, donc le Décalogue et le « tu ne tueras point ». Pour eux, la fin révolutionnaire justifie tous les moyens. Face à ces enragés, la « France des honnêtes gens » semble bien pâlotte. C’est au combat des idées qu’il faut se préparer, certes, mais peut-être plus, si notre modèle n’est pas l’agneau mené à l’abattoir. ■ STÉPHANE BUFFETAUT
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen
