
« Viktor, tu es génial, ok ? » a lancé Donald Trump à Viktor Orbán lors du sommet de Charm el Cheikh…
Par Albert Kornél Budapest.
Cet article — surtout factuel, ce qui fait son intérêt — est paru dans Le Figaro de samedi dernier, 18 octobre. Il en ressort qu’Ursula von der Leyen et l’U.E. ont de bien plus puissants opposants que les frexiteurs de l’Hexagone : notamment, et de concert, Donald Trump et Vladimir Poutine. Ce qui n’est pas rien — et même tout autre chose. Si nous étions fonctionnaires de la technostructure fédéraliste de Bruxelles, ou d’ailleurs, nous commencerions à douter de la pérennité de nos privilèges, et même de nos emplois. Les choses peuvent changer, mais, pour l’instant, c’est un vent mauvais qui se lève sur eux.
Qui les plaindra si la construction s’effondre ? On les passera très vite par pertes et profits. Nous verrons bien. Un brin d’optimisme n’est plus interdit. JSF

DÉCRYPTAGE – Le premier ministre hongrois voit dans la perspective d’une rencontre entre les deux dirigeants une validation de sa politique nationaliste et anti-UE.
Il avait un large sourire et l’air particulièrement heureux, vendredi matin, en montant dans le van Mercedes noir qui devait le conduire à l’émission « Bonjour la Hongrie ». Avec une grande annonce à faire aux auditeurs de la radio publique Kossuth : la capitale hongroise va accueillir une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Pourquoi Budapest ? « Parce que c’est le meilleur endroit… parce que c’est l’île de la paix », commentait Viktor Orbán avec une pointe d’émotion perceptible. Plus tard, lors de son interview d’une demi-heure, le premier ministre hongrois ajouterait : « Cela fait trois ans que nous sommes ouvertement et bruyamment en faveur de la paix. Voilà pourquoi la Hongrie était le seul endroit en Europe aujourd’hui où une rencontre Trump-Poutine pouvait se tenir ».
Est-ce le Hongrois qui a soufflé l’idée au président américain, lundi, lors du sommet de Charm el-Cheikh en Egypte ? Quoi qu’il en soit, l’affaire a été conclue jeudi entre Donald Trump et Vladimir Poutine lors d’une conversation téléphonique qui a duré, a fait savoir le Kremlin, près de deux heures et demie. « Je peux dire que le président Trump a été le premier à mentionner Budapest, et notre président a immédiatement soutenu l’idée d’organiser un éventuel sommet dans cette capitale européenne », a précisé à la presse le conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, rapporte l’agence de presse russe Interfax.
Un triomphe pour Orban
Le dirigeant magyar a eu au téléphone le président américain jeudi soir, puis le président russe vendredi. « Les préparatifs avancent à grands pas. La Hongrie se tient prête », a-t-il commenté sur ses réseaux sociaux. La date du sommet de Budapest n’est pas encore arrêtée, elle sera discutée lors d’une réunion entre Marco Rubio et Sergueï Lavrov la semaine prochaine.
Pour Viktor Orbán, c’est un triomphe personnel, lui qui refuse de prendre ses distances avec le Kremlin et plaide pour une alliance entre la Russie et l’Occident, passant par pertes et profits l’intégrité et la souveraineté de l’Ukraine. C’est également un bon point pour sa campagne électorale en vue des législatives dans six mois. Une campagne où l’Ukraine fait figure d’épouvantail et où son président est traité en ennemi du peuple hongrois. Même son grand rival, Péter Magyar, a été obligé de saluer « toute initiative qui peut nous rapprocher de la paix ».
Depuis Sotchi au début du mois, Poutine a déclaré que « la majorité des Hongrois veulent rester Hongrois et soutiendront Orbán. Et s’ils ne veulent pas rester Hongrois, ils n’ont qu’à soutenir Ursula von der Leyen ». Mais la plus belle louange est venue de Donald Trump lors de la conférence sur le conflit israélo-palestinien en Égypte à laquelle il avait convié son ami hongrois : « Viktor, tu es génial, ok ? […] Tu es un grand leader. […] On te soutient à 100 % ».
Pied de nez à l’Union européenne
Enfin, et ce n’est certainement pas la moindre des satisfactions pour le gouvernement hongrois, le sommet de Budapest est un sacré pied de nez, sinon un bras d’honneur, à l’adresse de l’Union européenne, au sein de laquelle la Hongrie est esseulée sur la question ukrainienne. D’ailleurs, lors de leur visite en terre magyare, Donald Trump et Vladimir Poutine apprécieront sans doute les grandes affiches sur lesquelles la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est présentée comme une marionnettiste de Péter Magyar.
Le gouvernement hongrois a lancé cette semaine une pétition qui dénonce « les plans de guerre de Bruxelles » et accuse la Commission européenne d’entraîner l’Europe dans le conflit russo-ukrainien. Peut-être une façon de détourner l’attention des révélations du média d’investigation hongrois Direkt36 qui a mis au jour l’existence d’un réseau d’espionnage hongrois au cœur des institutions européennes. Cela provoque de gros remous à Bruxelles et alimente les suspicions selon lesquelles la Hongrie est un cheval de Troie russe au cœur de l’Europe. ■ ALBERT KORNÉL