
Humour de classes préparatoires.
Jean-Paul Brighelli, sur sa page Facebook, 9 décembre 2025.
Brighelli, superbe, excelle à nous faire toucher du doigt la perte du sens intime des mots et des idées, la profonde perte de la substance même de la langue française chez les Français des générations récentes. Selon lui, ils ne s’en remettront pas. Espérons qu’il se trompe, qu’ils s’en relèveront, et que nous pourrons refaçonner une langue vivante, naturelle, nuancée — subtile sans être précieuse. Mais la tâche sera longue et difficile. JSF

Vers 2015, un élève de l’Hypokhâgne où j’enseignais, à Marseille, écrivit dans une dissertation de début d’année : « Il les plantes ».
En marge, je me rappelle avoir noté : « vertes, sans doute, les plantes ? »
Humour de classes préparatoires.
Un inspecteur pédagogique régional à qui je racontais cette anecdote rectifia mon jugement, en vrai pédago qu’il était : « Certes, c’était fautif, mais votre élève a eu le sens du pluriel ! »
Ouais — mais pas celui de la distinction substantif / verbe.
J’ai repensé à cette histoire ce soir en regardant un épisode de la merveilleuse série des aventures d’Hercule Poirot. En V.O. sous-titrée. Et que vis-je, vers le milieu du film (« Un… deux… trois », pour qui voudrait vérifier…) :
« Les analysent prennent du temps. »
Le sous-titreur aussi avait eu le « sentiment » du pluriel — et la même méconnaissance de la différence entre substantif et verbe.

Voilà. Deux générations désormais sont affligées des mêmes déficiences. Et ne s’en remettront pas.
Un grand merci à Philippe Meirieu et à tous ceux qui ont cru ses billevesées — et qui tiennent aujourd’hui l’Educ-Nat. o ■ o JEAN-PAUL BRIGHELLI
Jean-Paul Brighelli
Agrégé de Lettres modernes, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, Jean-Paul Brighelli est enseignant à Marseille, essayiste et spécialiste des questions d’éducation. Il est notamment l’auteur de La fabrique du crétin (éd. Jean-Claude Gawsewitch, 2005).











