L’HOMME DÉVASTÉ, de Jean-Français Mattéi, Grasset, 288 p., 19 C.
En guise de testament, le philosophe Jean-François Mattéi (1941-2014) nous laisse un livre à la fois crépusculaire et auroral. Crépusculaire, parce qu’il s’attache à dresser la généalogie de la dévastation en cours à travers la déconstruction du langage (le neutre), du monde (le virtuel), de l’art (la musique atonale) et du corps (le genre) initiée par un « antihumanisme militant » : « Tout ce qui relevait dans les discours, écrit-il, de la tradition, d’un principe, d’une fondation ou d’un centre, c’est-à-dire d’une source de sens, a été répudié comme une illusion. » Auroral, parce que le penseur solaire qu’il fut rappelle non seulement l’« architectonique» qui édifia l’homme occidental au confluent de la philosophie grecque, du droit romain et de la religion chrétienne, mais qu’un nouveau « commencement » ne peut que poindre : « On ne pourra jamais effiler l’humain puisque c’est l’homme lui-même qui en file à chaque moment le tissu. » Un réquisitoire contre le néant. Un témoignage pour la vie.
Rémi Soulié
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“Très bel article. Qui tient sa langue tient la clef de sa prison.”