Si Molière est mort -hélas ! que n’avons-nous son talent pour les pourfendre à notre tour !…- la race des fats, sots, prétentieux, cuistres et pédants est toujours aussi active, et aussi ridicule. Trissotin a la vie dure, et de nombreux disciples !… Ne les voyez-vous pas, tout autour de vous, présents chaque jour dans un article -écrit ou parlé- une circulaire, un rapport, un débat ? N’entendez-vous pas, ne lisez-vous pas ces phrases ahurissantes qu’ils lâchent de ci, de là pour en imposer -croient-ils…- et pour épater ?
N’ayant pas la réalité de l’intelligence ni du savoir, ils dissimulent leur vide intellectuel -parfois abyssal…- sous un jargon d’autant plus incompréhensible que leur pensée est nulle: c’est dire !… Ainsi en est-il de certains « conseillers » (!) et de certains responsables du Ministère de l’Éducation; on est saisi de vertige à la lecture des textes qu’ils rédigent.
Quelques exemples: vous connaissiez le tableau noir ? il faudra parler dorénavant de « surface scripturale éducative à usage multiple » ! Bigre, il fallait y penser ! Plus fort: que font les élèves quand ils descendent dans la cour de récréation ? vous pensez, simplet que vous êtes, qu’ils descendent dans la cour de récréation ? Vous n’y êtes pas du tout, mais alors pas du tout, du tout: ces élèves entament un processus de « transfert de l’espace éducatif vers l’espace ludique » !
Bigre de bigre: il fallait là aussi y penser!
D’ailleurs, vous avez tout faux car, et d’un, il ne s’agit pas d’ « élèves », mais d’ « apprenants »; et de deux, il ne s’agit pas de « cour » mais d’ « espace de socialisation »…
Encore plus fort: qu’est-ce que la paresse ? un manque d’ardeur au travail ? mon pauvre ami, comme vous datez ! il s’agit rien moins que d’un « blocage psycho-affectif des potentialités virtuelles » !
Voilà comment on parle quand on est jargonaute au Ministère: pauvre gens, mais surtout pauvre France et plus encore pauvre élèves ! voilà des « éducateurs » qui n’ont pas dû lire ce mot de La Bruyère: « Je devine enfin, Acis: vous voulez dire qu’il pleut ? Que ne dites-vous: il pleut ! Est-ce un si grand crime, quand on parle, d’être entendu de tous et de parler comme tout le monde ? »
C.L.C. sur Funeste abandon…
“« Sans le latin la messe nous emmer.. » Brassens On n’est pas obligé d’aller tous les dimanches…”