Olivier Besancenot a défendu sa participation à l’émission « Vivement dimanche » de Michel Drucker, expliquant vouloir « plaider des causes » en profitant d’une « tribune permettant de s’adresser à des millions de personnes ».
Michel Drucker invite bien sûr qui il veut, et Besancenot peut aller bien sûr là où on l’invite.
Il est tout de même amusant de voir le pourfendeur du grand capital courir le risque d’être ainsi en voie de récupération et de « mondanisation » (dans le jargon, on dirait « pipolisation »…): se complaire sur les divans somme toute très conformistes et très consensuels d’un animateur dont le côté « balai-brosse » n’a échappé à personne, on est bien loin de Jaurès, ou de Trotsky (1)….
Mais laissons la polémique: il y a une question que l’on aimerait poser à Besancenot, et nous l’avons déjà fait dans ces colonnes. Comment explique-t-il que son action -même si ce n’est pas ce qu’il souhaite au fond de lui-même- aboutit de fait à fournir des forçats à des patrons cherchant à verser les plus petits salaires possibles, pour garder un maximum de profits pour eux-mêmes ? Première anomalie.
Et, ce faisant, comment explique-t-il que son action aboutit directement à jouer contre les intérêts de ceux qu’il prétend défendre, à savoir les travailleurs ? puisque cette main d’oeuvre « pas chère » tire les salaires à la baisse, alors que l’intérêt des travailleurs, et la simple décence, commandent que leur soient versés des salaires corrects, et non dérisoires ? Deuxième anomalie.
On forcerait le tableau en affirmant que Besancenot agit pour le Grand Capital et les patrons du CAC 40, mais on peut lui demander s’il ne s’est pas insensiblement mué en pourvoyeur de « chair à profits » pour patrons véreux.
Dans les Évangiles, il est écrit que l’on jugera de l’arbre à ses fruits. Certes, nous nous doutons bien que le cher Olivier ne doit pas être un lecteur assidu ni forcené des Évangiles. Il n’empêche, ce serait bien que dans une émission aussi ronronnante que celle de Drucker une question aussi impertinente fût posée: cela nous changerait du conformisme mou….
Mais ne rêvons pas….
(1): après le Beaujolais nouveau, est-ce le trotskisme nouveau qui est arrivé ?…..
C.L.C. sur Funeste abandon…
“« Sans le latin la messe nous emmer.. » Brassens On n’est pas obligé d’aller tous les dimanches…”