On peut dire et écrire des millions de choses sur l’école. Il y a là matière à rédiger un – ou plusieurs… – gros bouquins, tant le sujet s’y prête : à cause de son importance, dans le fond, bien sûr mais aussi à cause de l’état pitoyable dans lequel se trouve notre école, hic et nunc.
L’avantage d’un blog est qu’il permet de critiquer et proposer au quotidien, par petites touches, plutôt que de servir d’un coup une thèse complète, certes intéressante mais à certains égards un peu indigeste, par son importance même. Mais ces notes régulières, mises bout à bout, finissent par délivrer un message cohérent et de plus en plus complet ; un peu à l’image de ces grands tableaux de maître créés peu à peu, une touche après l’autre, par un peintre patient et obstiné….
Continuons donc à augmenter le nombre des notes de notre Catégorie « Education », et la quantité de sujets abordés, afin que cet ensemble propose de plus en plus une réponse adéquate et pertinente à cette mort de l’école à laquelle ont abouti les rêveries fumeuses de ces « princes des nuées » dont parlait Charles Maurras. Des rêveries qui remontent aux extravagances idéologiques imposées en 1945, mais énoncées avant même la seconde guerre mondiale, et que l’expression un peu fourre-tout, mais malgré tout assez juste, de « plan Langevin-Vallon » symbolise presque à elle toute seule…..
Et puisqu’aujourd’hui l’heure est au retrait d’une réforme pas encore entrée dans les faits (y entrera-telle jamais ?….) nous nous centrerons sur deux aspects du problème scolaire.
Le premier nous permettra de paraphraser Boutang, en nous inspirant de ses visions fulgurantes et prophétiques. On connaît son ouvrage Reprendre le Pouvoir. Boutang n’y parle bien sûr pas de descendre dans la rue, pour reconquérir le pouvoir par la force au moyen d’on ne sait trop quelle insurrection. Il parle bien plutôt en penseur et en philosophe profond, qui voit loin, et qui propose de redéfinir, de « reprendre » l’idée même du pouvoir, afin de refonder une nouvelle légitimité, celle qui débouchera sur l’émergence d’un « ordre légitime et profond ».
Cette pensée puissante, ce dernier cadeau qu’il nous ait fait avant de nous quitter, et qui illustre bien le mot de Mistral « Sount mort li béu disèire mai li voués an clanti. Sount mort li bastissèire, mai lou temple es basti…. » ; cette façon de voir et de présenter les choses, donc, on peut ne pas la limiter au seul « Pouvoir ». Cette pensée est tellement riche et forte qu’elle peut, qu’elle doit, servir et être appliquée ailleurs, dans le même esprit. Ailleurs et, bien entendu, à l’école. Maintenant que l’idéologie a tout tué ; maintenant que, comme le constate un Finkielkraut, nous sommes la première génération dont les élites sont et seront sans Culture …. Alors oui, bien sûr, il faut aussi, il faut surtout, « reprendre l’école ». La re-penser ; la re-fonder ; la ré-inventer, afin de déboucher sur une véritable transmission pérenne du capital intellectuel, moral et spirituel des siècles. Une transmission de capital dont Maurras nous a appris qu’elle était la définition même de la Civilisation. Transmettre, et donc éduquer vraiment, civiliser : c’est ce que l’école a fait et ce qu’elle ne fait plus, morte qu’elle est, tuée qu’elle a été par les idéologies mortifères imposées depuis près d’un siècle par le Pays Légal.
Il est bien évident que, si l’on prend un tel recul et si l’on élève le débat à un tel niveau, la réforme de Darcos est ramenée à ses justes proportions : un emplâtre sur une jambe de bois ; un non-évènement. Dont le report, ou la suppression n’a strictement aucune importance, car le vrai problème est ailleurs, il est surtout autre, tout autre….. (à suivre…)
Oui, ce commentaire est bien vu.
Le débat actuel sur l’enseignement public et l’école vient de la liberté qui est de fait remise en cause, et renvoie à la prétention de l’Etat au monopole de l’Education, alors que l’on sait comme tout le monde, que cette école a définitivement perdu son auréole. Pourquoi ?
Il ne s’agit pas de remettre en cause le dévouement de ses maîtres d’hier et d’aujourd’hui, Péguy avec gravité et Pagnol avec tendresse et lucidité , d’autres e nfin continuent aujourd’hui à en témoigner dans des circonstances quasi héroïques, alors que leur autorité est bafouée, sapée à la base par le Ministère et une idéologie compassionnelle, qui reflète un certain vide général, une absence voulue de repères de base.. Mais reconnaissons le enfin : cette école ne peut se remettre de son péché originel, avoir voulu être une école de combat au service d’un régime, en déformant l’histoire dans un premier temps; et en la vidant de toute substance dan sun deuxième temps, avoir voulu prétendre incarner le progrès, une des plus mortelles illusions du 19 et 20 siècle dont nous récoltons déjà les s fruits empoisonnés dans le charnier héroïque de la guerre de 1914. C’est après tout exactement le rôle que lui ont fait jouer les totalitarismes. Si l’école publique après avoir vécu presque un siècle le sur sa vitesse acquise, sur un fond qui lui préexistait, tourne à vide aujourd’huin peut même plus transmettre la langue française, et que cela devient criant, , il faut avoir le courage de la regarder telle qu’elle est : l’otage et l’instrumentalisation d’une idéologie morte , mais qui devient de plus en plus contraignante. Ni les incantations aveugles, ni la fuite en avant dans les crédits ou les heures dispensées ne la guériront, elle souffre en outre d’un manque de dimension spirituelle, qui seule la rend supportable pour tous croyants et incroyants, qui eux aussi aspirent à autre chose. (dimension dont il y a eu longtemps des résidus, avec le goût du travail bien fait , primaire le goût de l’ascèse et du dévouement chez les meilleurs de se s maîtres. ). Si, après avoir encadré l’école sous contrat de manière stricte dans le secondaire, on en vient à vider de sa substance l’enseignement libre , l’Etat montre une fois plus sa tendance hégémonique. C’est aussi l’illustration du « Principe de Peter », qui mélangé au fait du Prince nous accable.
Il ne reste plus qu’à résister pour la liberté de nos enfants, pour briser le carcan idéologique qui nous a conduit au naufrage du Titanic qu’est devenu l’école, et apprendre à nos élèves à nager ! (car j’ai été élève dans le public et enseignant dans le même public) .
A ce point de vue là les réformes, sans une libération de son idéologie officielle, sont bien une cautère sur une jambe de bois et ne résolvent rien, surtout si elles sont encadrées de discours politiquement corrects sur les problèmes de société, qui n’ont rien à faire à l’école. Et qui se multiplient.. .
Bon courage
Pour Darcos et Sarko, ce n’est qu’un recul tactique, le lycée low cost est toujours au programme, restons vigilants