Ou : De l’énergie de l’avenir aux origines de l’Homme….
Au coeur de cet été 2006, le déplacement du Prince Jean en Provence et dans le pays niçois a été dominé par les préoccupations scientifiques, en remontant de l’exploration de la matière à la paléontologie…
Le vendredi 21 juillet, au matin, le Prince s’est rendu au centre de Cadarache du Commissariat à l’énergie atomique, dont les responsables lui ont présenté le projet international ITER, futur laboratoire de fusion thermonucléaire, appelé à révolutionner l’approvisionnement énergétique de l’avenir.
Puis, l’après-midi, le prince est passé directement des sciences du futur à celles de nos origines : paléontologie, anthropologie et sciences annexes. Il a été accueilli par le professeur Henry de Lumley au Laboratoire départemental de préhistoire du Lazaret, près de Nice et a visité le chantier de fouilles préhistoriques, se faisant expliquer les techniques propres à cette recherche.
Et le lendemain matin, samedi 22 juillet, avec ses accompagnateurs et un groupe d’étudiants, le prince Jean est monté au-dessus de Tende à 2000 m d’altitude. De là a débuté une visite sur les sites de gravures rupestres de l’âge du cuivre et de l’âge du bronze ancien du Mont Bégo et les roches gravées de la Vallée des Merveilles.
Vallée des merveilles, le Sorcier.
I ) : Visites….. :
Après avoir vu à Cadarache préparer l’énergie des siècles à venir, le prince Jean a été invité par le professeur Henry de Lumley à faire un bond en arrière de quelques milliers de siècles pour méditer sur ce que nous savons des origines de l’homme. La science actuelle nous dit qu’il est apparu en Afrique il y a 2,5 millions d’années, les premiers Européens ne remontant… qu’à environ 450 000 ans : le prince Jean était allé à leur rencontre un an plus tôt, en juillet 2005, en rendant visite à l’homme de Tautavel, dans le Roussillon, déjà guidé par le Pr de Lumley.
Pendant les deux journées du 21 et du 22 juillet 2006, il s’est rendu dans deux sites archéologiques exceptionnels, la grotte du Lazaret près de Nice, et la Vallée des Merveilles, au-dessus de Tende, dans le Mercantour.
La grotte du Lazaret, découverte sur les flancs du mont Boron au XIXe siècle, a bénéficié à partir de 1967 de la présence du Pr de Lumley qui y a engagé une étude systématique
http://www.prehistoirepaca.com/guide.asp?id_guide=9
Celle-ci n’a, depuis, jamais cessé. Sur une profondeur de 8 mètres, les niveaux stratigraphiques ont révélé des séquences de présence humaine allant de 170 000 à 130 000 ans av. J.C. Il s’agit souvent d’éclats de galets retouchés pour en faire des « racloirs ». Des vestiges humains, des dents notamment, ont aussi été recueillis. Les fossiles, les restes fauniques, herbivores ou carnivores, sont eux aussi impressionnants : les plus anciens datent de 500 000 ans.
Le lendemain, samedi 22 juillet, le prince, ses accompagnateurs et toute une équipe de jeunes étudiants montèrent jusqu’au pied du Mont Bego, au-dessus de Tende, à 2000 m d’altitude, pour se rendre à la Vallée des Merveilles. Ces « merveilles » sont des gravures rupestres extérieures, exécutées sur des affleurements rocheux ou sur des blocs « erratiques ». On en a répertorié plus de 30 000. Dues aux hommes des âges du cuivre et du bronze ancien (2500 à 1500 av.J.C.), elles sont contemporaines des alphabets sumérien ou égyptien. Signalées dès le XVe siècle, étudiées depuis la fin du XVIIIe, elles ont fait l’objet d’une recherche approfondie par les équipes du Pr de Lumley.
http://www.tendemerveilles.com/Infos-touristiques/VDM.html
On y observe des figures récurrentes : dessins géométriques (spi
rales, surfaces réticulées,…), armes (poignards, haches, hallebardes…), paires de cornes, représentations animales (le taureau) et humaines… Le plus surprenant est que, loin d’être placées au hasard, elles le sont selon des combinaisons repérables, formant non une écriture, mais une proto-écriture : le Pr de Lumley parle d’un langage symbolique inscrit dans la pierre. Selon toute probabilité, le mont Bego était alors une montagne sacrée, un sanctuaire à ciel ouvert, le « Bego » (taureau) étant le dieu de la pluie dont le sacrifice permettait de fertiliser la déesse Terre. L’appel religieux né au cœur de l’homme apparaissait déjà comme une réponse au besoin de vivre. A ce thème Henry de Lumley a consacré un livre, Le Grandiose et le Sacré (éd. Edisud), qu’il offrit au prince Jean.
Cette randonnée s’acheva à Tende, au Musée départemental des Merveilles, où le Prince fut reçu par M. José Balarello, sénateur des Alpes-Maritimes : ce musée, en tous points passionnant, permet de se faire une claire synthèse des découvertes faites à la Vallée des Merveilles et des questions qu’elles posent à l’homme d’aujourd’hui
http://www.cg06.fr/w_musee_merveilles/
II ) : Le discours du Prince… (ci dessous s’exprimant à Tautavel, lors de la première « journée » organisée pour lui par les de Lumley)
Le soir de ce vendredi 21 juillet, après avoir visité le matin même le centre de Cadarache du CEA avec le projet ITER, et à l’issue de sa visite à la grotte du Lazaret, alors que l’attendait, le lendemain, sa « randonnée » à la Vallée des Merveilles, le prince Jean a présidé un dîner organisé par M. et Mme de Lumley à la Maison du Séminaire de Nice : de nombreux convives étaient réunis autour du Dr Alain Frère, vice-président du Conseil général, de M. José Balarello, sénateur des Alpes-Maritimes et M. Jean-Pierre Vassalo, maire de Tende.
Au début du repas, le Prince a pris la parole. Dans son discours, il a voulu montrer la confiance déterminée qu’il porte à la science dès lors qu’elle reconnaît ses limites, qu’elle respecte le registre qui est le sien qui n’est autre que le service de l’homme et de la vie. Les questions soulevées par l’énergie thermonucléaire de demain comme celles posées par les progrès de la connaissance qu’à l’homme de ses origines doivent être mesurées à cette aune, et affrontées avec confiance, ouverture d’esprit et lucidité.
Extraits…..
« ….Je ne me trompe pas en disant, sans aucune présomption de ma part, que vous venez rencontrer le Prince français que je suis, l’héritier de la dynastie nationale qui a porté pendant mille ans la destinée de la France. Vous voulez me connaître, ou me connaître mieux, et rien n’est plus normal. Et moi aussi, de mon côté, je veux vous connaître, mieux vous connaître, et c’est normal pareillement….
Il n’est de véritable légitimité que dans le service. Si je n’étais pas présent activement, que vaudrait le principe que je représente ? Mais je viens à votre rencontre, vous venez à la mienne, et tout
à coup apparaît en nous une force morale nouvelle, un accord profond qui existe par lui-même, au-delà de tous les clivages politiques et sociaux, et qui ne tient qu’à une idée simple, claire, puissante et suffisante : servir…..
En revanche, il est indispensable que je m’intéresse à toutes les grandes questions qui touchent de près notre société. Et vous savez que c’est la raison d’être des voyages que j’entreprends depuis quelques années, et des activités qui y sont liées.
Voyages en France, voyages à l’étranger. Mon but ? Voir par moi-même. C’est ainsi que j’ai visité quelques-uns des centres de recherche les plus performants dans les domaines le plus variés, des usines de haute technologie, de grandes entreprises industrielles et commerciales, comme aussi des entreprises familiales dont l’activité fait la force fondamentale de notre pays….
Quant aux voyages à l’étranger, je les effectue dans le même esprit de service, de représentation aussi d’une certaine conception de la France historique, dans le cadre de la francophonie. Je suis allé plusieurs fois et encore récemment au Liban où je compte tant d’amis, ce cher Liban encore aujourd’hui frappé sans que la communauté internationale y puisse grand chose. La Méditerranée devrait être une mer pacifique, reliant des pays aux intérêts convergents. La guerre est due à des causes étrangères. Pour ma part, dans mes déplacements, j’ai toujours compris et senti que sur les questions de fond, il était possible de concevoir des accords véritables. Cela m’est apparu quand je suis allé au Maroc où j’ai été reçu par le Roi, en Tunisie où le Ministre de la Culture a organisé à mon intention un voyage officiel. Et, pareillement, j’ai été admirablement reçu en Louisiane et au Québec….
Ce soir, me voici donc à Nice. Je le dois, cette fois-ci, à l’amitié de Monsieur et de Madame de Lumley. Grâce à eux, déjà, le 30 juin dernier, a pu se tenir, dans le grand amphithéâtre du Muséum d’Histoire Naturelle, une soirée de conférences intitulée « Regards vers les pôles ». Elle a réuni le Professeur Malaurie, l’ethnologue réputé de l’Arctique, le Professeur Lorius, climatologue bien connu et spécialiste des pôles, et moi-même qui présentais, à cette occasion, mon dernier voyage en Arctique, sur les traces de Philippe VIII d’Orléans, qui fut un grand explorateur. Cette réunion, d’ailleurs, avait été précédée d’une visite, avec le directeur du Muséum, de la fameuse Grande Galerie de l’Évolution où se trouvent encore de nombreux spécimens des collections d’animaux du duc d’Orléans.
Le Professeur Henry de Lumley, qui avait organisé l’an passé, aux mêmes dates, un voyage scientifique sur le site préhistorique de Tautavel du plus grand intérêt, a voulu cette année organiser à mon intention un voyage de même qualité. Ce matin, nous étions dans les sciences de l’avenir : nous avons été reçus par le Haut Commissaire à l’Énergie Atomique au centre de Cadarache, pour une visite approfondie des laboratoires où se préparent les expérimentations qui permettront la construction des réacteurs de nouvelle génération, plus sûrs, plus économes, plus écologiques. Œuvre formidable, à dimension européenne et même mondiale, où la France tient une place prépondérante et tout à fait remarquable. Dans ce cadre m’a été présenté le futur programme ITER pour la réalisation duquel, vous le savez, la France a été choisie pour les raisons les plus pertinentes. Oui, la France peut être fière de ses savants, de ses ingénieurs, de ses techniciens.
Après cette visite sur les sciences de « l’avenir », à partir d’aujourd’hui et demain toute la journée, le Professeur et Madame de Lumley me présentent les sciences de nos « origines », paléontologie, anthropologie, et toutes les sciences et techniques annexes. Cet après-midi, j’ai visité le Laboratoire départemental de préhistoire du Lazaret et le chantier de fouilles préhistoriques, et, demain, nous irons voir sur place les gravures rupestres de l’âge du cuivre et de l’âge du bronze ancien du Mont Bego, les roches gravées de la Vallée des Merveilles….
Il n’est pas douteux que ce qui caractérise l’homme, c’est sa capacité à s’émerveiller, à transcrire son émerveillement, à le communiquer. Dès que l’homme a assuré ses ressources et sa défense face à un environnement difficile, voire hostile, dans la mesure où il se pense comme homme, il s’émerveille de la nature, de l’ordre naturel, de la régularité des choses, de leur beauté, de leur utilité, puis il s’émerveille de lui-même, de sa singularité dans l’univers, et il commence à nommer, à décrire, à écrire, de manière symbolique d’abord, puis de manière de plus en plus rationnelle. La culture, la religion, la poésie sont là, comme le sentiment de la vie et de la mort, comme le sentiment de l’amour et de l’amitié. Telle est l’humanité. Le pourtour méditerranéen a été un lieu privilégié d’éclosion de cette humanité.
Cette méditation nous est nécessaire aujourd’hui. Le progrès ne saurait se faire en rupture avec cette culture humaine qui a donné naissance à la civilisation. Les sciences de « l’avenir » trouvent ainsi une sorte de règle supérieure dans la leçon des sciences de « notre passé », dans les sciences de l’homme tout simplement. Il me semble qu’un Prince chrétien et français, qui est d’abord et fondamentalement un héritier, tout en étant un homme de l’avenir, ne peut qu’être attaché à ces hautes conceptions qui sont la meilleure garantie de la continuité historique d’une civilisation riche tout autant de son prestigieux passé que de ses promesses d’avenir.
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