C’est un Patrice de Plunkett enthousiaste qui nous recommande sur son blog ( http://plunkett.hautetfort.com/ ) la lecture du livre de Jean Bastaire, Pour un Christ vert (1).
On le remercie pour son conseil, que l’on va suivre en cette période de vacances où l’on a un peu plus de temps. D’autant plus que l’on retrouvera dans cet ouvrage l’une des préoccupations essentielles dont nous avons déjà parlé à nos lecteurs. Nous leur avons annoncé il y a quelques temps que nous étions en train de relire L’Avenir de l’Intelligence, texte magistral de Maurras datant de 1901. Et de travailler à une présentation nouvelle de ce texte qui, dans la forme a beaucoup vieilli, ce qui le rend de fait illisible aujourd’hui, du moins pour le grand public; alors que son analyse, elle, n’a pas pris une ride dans sa fulgurance et dans la globalité de l’analyse.
Maurras y montre bien l’origine de la prise du pouvoir par l’Argent, et le siècle de Fer que cela inaugure. En ceci, ce petit ouvrage et son analyse sont infiniment précieux, puisqu’il s’agit de la première -et de la seule- étude de cet évènement considérable, dans sa globalité et son intégralité.
S’il est bon de décrire, comme le fait Bastaire cité par Plunkett, le fait que l’argent, naguère, devait composer avec d’autres pouvoirs alors qu’il est devenu aujourd’hui le référent suprême; ou de dénoncer comme le fait la librairie La Procure, dans sa présentation de l’ouvrage, « le totalitarisme de l’Argent qui engendre une société de prédation et de consommation »; on va dans le même sens que Bastaire et la Procure en cherchant à savoir et à comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là; comment et pourquoi cela s’est passé; en cherchant à dater et à avoir une vision claire des origines de cette prise du pouvoir par l’Argent.
Ceci d’autant plus qu’Helène et Jean Bastaire se placent exclusivement, semble-t-il, et d’après ce que nous en savons par Plunkett, en attendant de l’avoir lu nous-mêmes, sur le seul terrain religieux. Il sera bon, semble-t-il, de doubler cette réflexion d’une réflexion proprement politique -ce qui est notre rôle à nous, dans ce blog….
Voici donc, d’abord, la note enthousiaste de Plunkett sur l’ouvrage des Bastaire, et la présentation qu’en fait l’éditeur. Nous présenterons à grands traits, demain, L’Avenir de l’Intelligence.
Chacun pourra alors juger sur pièces s’il n’y a pas d’étonnantes convergences entre les deux réflexions…..
»Pour un Christ vert »
C’est le nouveau livre du philosophe catholique Jean Bastaire (éd. Salvator), pour une révolution chrétienne mondiale :
Voilà un écho philosophique et français à Caritas in veritate : non au passéisme, à la récupération utilitaire des « valeurs spirituelles »(?) par les gérants de la post-démocratie française, au vieux ménage défunt « entre la foi d’hier et la cité d’hier »…Le nouveau livre de Jean Bastaire pose en termes révolutionnaires le problème de l’avenir du christianisme, toujours potentiellement jeune et neuf.
Face au christianisme : l’argent. Naguère l’argent n’arrivait pas « à contrecarrer et à neutraliser totalement les autres puissances. Il devait composer avec elles […] Des concessions et rétrocessions intervenaient où l’argent passait des compromis avec les armes, le droit, l’éducation, les croyances, la culture. » Mais aujourd’hui l’argent « accède au rang de référent suprême, de maître absolu ». L’argent « est devenu le maître et nous manipule dans un extraordinaire tohu-bohu », qui conduit finalement « à une réduction au chaos ». « Commerce de masse, commerce totalitaire » : « briser par tous les moyens la résistance du consommateur… » « Alors que le nécessaire continue de faire défaut à une proportion importante de la société occidentale et majoritaire de la société mondiale, le superflu entre aussi dans la catégorie de ce dont on ne peut se passer. Tout devient nécessaire. La notion de superflu disparaît… »
Ennemi direct « contre lequel les chrétiens doivent mobiliser toute leur foi et toute leur action » : le consumérisme, où « l’offre suscite, commande, impose la demande ». L’accroissement constant de la consommation, présenté comme la base même de la civilisation, est l’idéologie de masse du matérialisme mercantile. D’où le pillage de la planète, et la sourde angoisse qui gagne l’opinion publique devant les conséquences – humaines et écologiques – de ce pillage. D’où aussi le conflit, de plus en plus évident, entre ce système et le christianisme. Pour le christianisme, « tout est donné à l’homme et rien ne lui appartient ».
La propriété privée (célébrée classiquement comme « de droit naturel ») a ses limites et ne doit pas accaparer les ressources vitales de l’humanité. Il y a donc « opposition frontale » entre le consumérisme et le christianisme, dont l’une des missions est « d’appliquer la Trinité aux réalités économiques » : en d’autres termes, « placer l’Amour au centre des relations de subsistance que l’homme entretient avec ses semblables et le reste de la Création ». Il ne s’agit pas « d’introduire plus de justice dans la dévoration », mais « de dénoncer la dévoration comme le désordre de base ». L’exigence est celle « d’une conversion », un retournement à 180 degrés de l’attitude intérieure de l’homme, un « demi-tour existentiel » : « au souci du nombril doit succéder l’inquiétude pour la communion universelle ».
D’une part, le système nous veut voraces. D’autre part, notre inquiétude pour l’avenir de nos enfants, notre conscience (qui se réveille) nous commandent de devenir sobres. On ne peut être à la fois sobres et voraces, souligne Bastaire ! Il y a donc conflit entre le système économique mondial et notre conscience. Particulièrement si elle est chrétienne. « Le rajeunissement du christianisme est comme toujours de revenir à ses fondamentaux en les interprétant selon les conditions de la société actuelle. A partir de sa tradition, il est d’inventer une nouvelle expression de la foi et une nouvelle manière de la vivre… »
Aujourd’hui l’exigence décisive est « de faire front contre la suprématie de l’argent »,qui a enfermé la planète dans une situation invivable. Face à cela, l’amour et la vérité commandent une révolution. Elle doit être écologique, dit Bastaire : c’est « la réponse chrétienne à l’agonie de notre temps, à la lutte sans merci que l’humanité livre contre le mal pour sauver en Christ l’homme et l’ensemble des créatures ».
Dans le sillage des papes (Jean-Paul II, Benoît XVI), le philosophe en appelle au « Christ vert » pour qui « sauvegarde et salut de la Création vont de pair. Il s’agit à la fois de mener à bien la réforme des coeurs dans la gestion de l’univers et de consommer en Christ la promotion finale de toutes choses pour que le Christ les offre toutes au Père… Telle est l’annonce onéreuse et joyeuse qu’on attend des chrétiens aujourd’hui. La nouvelle évangélisation passe par là… Nous sommes au terme d’un cycle. L’impérialisme de l’argent a fini d’avaler toutes les autres valeurs, comme ce capitalisme financier en quoi se résorbe dans une bulle gigantesque la totalité de l’économie mondiale. Le Christ vert est seul capable de crever cette bulle et de sauver l’homme solidaire de l’univers. »
J’applaudis et je salue Jean Bastaire, maître-pionnier de l’écologie catholique. Lisez son livre !
(1) :
Pour le fond, on peut dire qu’il s’agit d’un ouvrage de théologie morale dont la thèse peut se résumer ainsi :
révolution est nécessaire pour rendre la santé à une société qui s’étouffe. Cette révolution doit être une conversion des cœurs impliquant un regard évangélique sur l’argent et la consommation, qui ne sont pas mauvais en soi, mais seulement quand ils deviennent tyranniques et totalitaires et sont vécus dans une perspective de prédation, comme c’est le cas aujourd’hui. Dans la recherche de plus de justice et d’une meilleure répartition des ressources de la planète, il ne s’agit pas de partager des richesses dans un esprit d’accaparement et de faire des petits riches avides et envieux, mais de recevoir ces biens de la terre comme un don immérité appelant la louange, et de les gérer dans l’esprit de pauvreté prêché dans les Béatitudes. Donc dans un esprit d’oblation et de générosité impliquant une certaine sobriété, le renoncement au superflu qui nous est imposé par la publicité et dont le résultat est une formidable production de déchets et un universel gaspillage.
Richard sur Gabrielle Cluzel : Macron a eu…
“Le principal est que le bâti ait été restauré à l’identique et, mérite à concéder à…”