Fatiha Boudjahlat sur sa page Facebook, se présente comme « Enseignante, essayiste, féministe universaliste. Pour la République Sociale et l’émancipation. » C’est dire que nous sommes là assez loin de nos bases. Ses remarques sur la crise franco-algérienne – parues hier – sont néanmoins intéressantes et nous proposons aux lecteurs de JSF d’en prendre connaissance. L’on jugera, l’on appréciera, l’on commentera s’il y a lieu. Fatiha Boudjahlat fait suivre son propos, sans autre explication, d’une chronique de Sara Daniel (fille du journaliste Jean Daniel) possiblement parue dans L’Obs. Nous reproduisons cette chronique qui n’est pas sans intérêt, non plus.
Jeudi j’avais un député modem franco algérien psychiatre et psychanalyste qui parlait de la guerre d’Algérie comme d’un deuil impossible, un récit indicible (bah tais toi mec) etc…
Je ne comprends déjà pas qu’un député puisse avoir la double nationalité (coucou Meyer Habib, le député au casque etc.). Ou va son allégeance ? Il se plaçait clairement du côté des victimes… algériennes. Lui, qui symbolise la réussite sociale et matérielle excipait d’un traumatisme indépassable, qui en plus se transmet aux descendants comme gène dominant, même pas récessif…
Je n’ai pas souffert de la guerre d’Algérie, je n’ai pas à être indemnisée. C’est l’histoire de mes grands parents et (déjà moins) de mes parents. En aucun cas celle de mes élèves, petits enfants d’immigrés.
En Algérie il y a la rente pétrolière, la rente gazière, La rente mémorielle. Seule la dernière est une énergie renouvelable. Et l’État algérien se sert de l’histoire comme modalités de gouvernement de politique intérieure : face au hirak, à la Hagra, aux turpitudes et faiblesse d’un État dirigé par des kleptocrates , les politiques appuient sur le bouton colonisation ! Guerre d’Algérie! Les habitants réclament des écoles, on leur construit des mosquées : même logique de diversion et de canalisation du peuple. L’état algérien a fait de ses ressortissants et de leurs enfants des vaches à lait. Et eux, par surcompensation (complexe identitaire, faille narcissique face à un pays médiocre) idéalisent, chantent one, two, three viva l’Algérie… on retombe sur ce que je dénonce dans mon livre.
J’espère que Macron ne fera pas de l’histoire coloniale une modalité de gouvernance intérieure du pays. Soufflant le chaud et le froid. Disant les choses justes sur l’Etat Algérien, puis affirmant que la France doit se réconcilier avec son africanité… j’espère, suis-je bête, il le fait. ■
Fatiha Boudjahlat page Facebook
Nouvelle peripétie de la querelle mémorielle entre Macron et le FLN: Jugurtha ! ( TSA)
Le ministre Algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. était à Rome pour le sommet Italie-Afrique. Hasard du calendrier ou expression des tensions latentes entre les deux voisins européens, la ville de Montpellier abritait simultanément le traditionnel sommet France-Afrique.
Il s’est rendu à la prison romaine ( Tullianum ) où fut détenu Jugurtha, l’un des héros de l’Algérie antique.
Tous ceux qui, en France, partagent l’idée qui veut que l’Algérie n’ait aucune existence en tant que nation avant sa colonisation en 1830, peuvent lire entre les lignes ce message Sibyllin : vous ne pouvez pas remonter aussi loin pour parler de votre propre histoire.
L’évocation de Jugurtha s’inscrit aussi en droite ligne des récentes déclarations du ministre des Affaires étrangères et de celles de toute l’Algérie officielle, concernant le colonialisme et sa prétendue « mission civilisatrice ».
Jugurtha est pour les Algériens le symbole de la résistance de leurs ancêtres à la Rome antique et ses velléités d’expansion et de domination. À Bamako, Lamamra a déclaré que « l’Afrique est le berceau de l’humanité », mais aussi le « tombeau du colonialisme ». Les défaites infligées par l’armée de Jugurtha aux légions romaines sont l’illustration de cette affirmation.
Aussi, le sort atroce qui lui a été réservé –il est mort de faim dans un cachot romain- est une séquence de la hideur du colonialisme, quel que soit son nom ou son époque.
Ce n’est pas la première fois que le nom de Jugurtha est évoqué par l’Algérie pour porter la contradiction dans un litige diplomatique. En juillet dernier, un commentaire de la revue de l’ANP, El Djeich, rappelait au Maroc toutes ses trahisons envers l’Algérie à travers l’histoire, parmi lesquelles la livraison de Jugurtha à Rome par Bochus, roi de la Maurétanie césarienne, soit le Maroc actuel.
L’Algérie peut s’en vouloir d’avoir elle-même occulté sa profondeur historique. Pendant au moins les 30 premières années de son indépendance, elle a presque complètement ignoré la dimension amazighe de son identité, et partant, les hommes et les faits antérieurs à la conquête musulmane au 7e siècle.
Malgré les avancées enregistrées dans ce sens depuis les années 1990, un personnage comme Jugurtha n’a toujours pas la place centrale qu’il devrait occuper dans le récit national. ( fin de citation)
Pour mémoire, les Numides ( ceux qui font paître) étaient des tribus berbères de l’actuelle Tunisie qui se distinguaient des Maures à l’Ouest et des Gétules au sud avant notre ére. Ils s’unirent dans les 2 derniers siècles avec au sommet: Massinissa ( 238-148). Son fils Jugurtha, « ami » puis opposé aux Romains, massacra les commerçants romains de Cirta ( Constantine) en 113 avant JC.
Après de nombreuses victoires, en 105 av. J.-C., à la faveur d’un guet-apens, Jugurtha est livré par Bocchus, son beau-père et jusque-là allié, aux Romains. Sylla ayant réussi à convaincre ce dernier d’acheter la paix en livrant lui-même Jugurtha, qui meurt de faim à Rome en 104.
Le Ministre Lamamra utilise ce Roi berbére pour faire croire à une Nation algérienne, , plus commode que la Kahena, symbole, 8 siécles plus tard, de la lutte contre l’invasion arabe et probablement berbère judaïsée ( comme Zemmour),..
Merci pour ce rappel historique M Barisain
La vision de Mme Boudjahlat est très pertinente !