

Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
S’il faut une preuve par l’absurde de l’incompétence du pouvoir politique en matière d’immigration, le décompte des lois sur le sujet suffit. On s’y perd même : est-ce une trentaine en trente ans, soit une par an (ce qui paraît beaucoup) comme on l’a entendu sur certaines des chaînes d’information en continu, ou plutôt (ce qui paraît plus sérieux mais pas vraiment moins inquiétant) une vingtaine en quarante ans, soit une tous les deux ans, comme on l’a lu dans Valeurs actuelles ?
En tout cas, la énième sera adoptée sous peu. On se rappelle que M. Darmanin, ministre de l’Intérieur a établi un lien explicite entre immigration d’une part, insécurité et délinquance d’autre part, propos repris à son compte par M. Macron en octobre. Mardi 6 novembre, jour où Mme Borne lance donc le débat parlementaire sur une nouvelle loi relative à l’immigration, il récidive avec une formulation brutale et familière : « On veut ceux qui bossent, pas ceux qui rapinent ! » De façon moins brutale mais tout aussi claire, Mme Borne a d’ailleurs elle-même ouvert les hostilités en affirmant qu’il s’agit de « dire qui on veut et qui on ne veut pas accueillir ».
Cet accord entre leurs mots et nos maux n’a pas fait plaisir à tout le monde. Il paraît, toutefois que c’était voulu : il s’agirait ni plus ni moins que d’un nouvel exemple de cette triangulation chère à M. Macron, le ministre de l’Intérieur étant tout désigné pour déminer le terrain à droite en vue de séduire certains opposants. D’ailleurs, et c’est un signe, Mme Borne a très vite « macronisé » – un coup à droite, un coup à gauche – prolongeant les précédentes affirmations de l’entourage du chef de l’État sur des régularisations possibles pour certains métiers « en tension » mais aussi sur le rétablissement de la double peine et rendant ainsi tout à fait crédible l’idée que son actuelle démarche parlementaire se ramène à une basse manœuvre politicienne.
Elle affirme ainsi, en même temps, que « l’immigration zéro n’est ni souhaitable ni possible, pas plus que ne l’est une immigration dérégulée », ou encore qu’il ne saurait y avoir de régularisation massive des clandestins mais qu’il est impossible d’agir sans la coopération des pays d’origine ou de s’affranchir du respect de l’Etat de droit. De très nombreux députés devraient donc pouvoir trouver plus ou moins satisfaisant le projet gouvernemental et certains même le voter. Quant aux Français, ils n’auront qu’à continuer à supporter une situation à laquelle toutes ces belles (ou moins belles) paroles ne changeront rien.
On peut tout reprocher à la politique migratoire française : incapacité à réguler les arrivées mais aussi à exécuter les O.Q.T.F., laxisme du regroupement familial, manque d’exigences (maîtrise de la langue, compétences professionnelles), etc. Mais le pire, et qui reste un sujet tabou, est le résultat plausible des vagues migratoires qui, par leur importance, leur régularité et la provenance de la majorité des migrants, menacent de transformer radicalement ce qu’on appelle la France. M. Aphatie, emblématique journaliste de gauche, aux affirmations aussi péremptoires que ses analyses historiques sont douteuses, a quand même, dans un éclair de lucidité, osé dire que « le problème ce sont les Français issus de l’immigration dont [certains] ont envie de faire une contre-société aujourd’hui en France […] sur des bases communautaires et religieuses. » (L.C.I., mercredi 7). A quand donc la guerre civile ou quelque chose qui y ressemblerait ?
Il faut aller au bout du bout des propos de M. Aphatie et mettre des mots sur notre angoisse existentielle face à une immigration responsable directe d’une islamisation de moins en moins rampante mais surtout de plus en plus tolérée, si ce n’est souhaitée et favorisée de la part des « élites ». Les mots sont durs mais il faut toujours nommer les choses. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Est-ce que les 3 Pretendants à la Couronne royale ou impériale et le Président du Sénat ne pourraie t pas interpeller notre Président et son gouvernement pour trahison des intérêts du peuple français et de la Nation ?
Deux sur trois s’en foutent éperdument. Le troisième se fait discret.
«Un coup à droite, un coup à gauche», c’est ne pas varier d’un iota. Ainsi, d’annonces contradictoires en contradictions annoncées, on ne remue pas le petit doigt en donnant du grain à moudre à tous les commentateurs ; et ceux-ci s’en donnent à cœur joie, pris dans la gaie-luronerie des contradictions, ils en profitent pour se contredire réciproquement avec plus ou moins de sourire et vont pouvoir répéter gentiment la même comédie, demain… De cette façon, les choses se poursuivent, avec tout le calme que l’on peut attendre des eaux stagnantes… Voilà plusieurs années que j’entends les commentateurs répéter inlassablement les mêmes choses sur ce sujet, sans même s’apercevoir qu’ils bégayent interminablement, justifiant par leur exercice le bégaiement inital du gouvernement, qui n’en demande pas plus de leur part.
Et alors ? Moi je ne vois pas la France comme une « eau stagnante ». Ah ! non ! Pas du tout ! Plutôt comme une immense dégringolade, comme, par exemple, les chûtes du Niagara. Drôle de gaie-luronnerie !
Cher Barlatier, je ne parlais pas de la France, mais des commentateurs et des macroneux qui sont bel et bien en pleine autosatisfaction gai-luronne et tout à fait stagnants.