
Les émeutiers ont gagné la partie : ils ont réussi, aux yeux du monde, à humilier la France.
Par Ivan Rioufol.
Commentaire – Cet article est paru dans Causeur hier 6 juillet. Ivan Rioufol y est fidèle à lui-même. Il y réagit aux émeutes comme la droite conservatrice. L’ennui est que ce qu’il entend conserver est responsable de la situation dont il a honte pour la France – nous aussi – mais est peut-être aussi en train de sombrer. Par exemple la République avec laquelle les cités ne sont qu’accessoirement en rupture, leur rupture profonde, celle en tout cas qui nous intéresse, étant avec la France elle-même, en tant que telle, en tant que substance historique héritée, bien antérieure à la République qui, d’ailleurs, la détruit. Objet qu’elle est d’un discrédit général, peut-elle s’opposer vraiment à l’islamisation de la France par l’invocation lassante de ses « valeurs » ou de la laïcité sans substance ? Nous en doutons fortement. Ivan Rioufol est à coup sûr un homme de bonne volonté et un patriote. Ne serait-il pas temps que les Français qui lui ressemblent s’avisent que pour défendre la France telle qu’elle est dans sa continuité historique, il est des références ruineuses qu’il vaudrait mieux abandonner sans trop attendre ? Ivan Rioufol se plaint aussi que certains États musulmans aient profité de la situation française pour nous donner des leçons et s’immiscer dans nos affaires. Mais ne nous rendent-ils pas la monnaie de notre pièce ? Qu’avions-nous à nous occuper des libertés des femmes afghanes ou du vêtement des Iraniennes, ou de l’élection turque quand nous sommes incapables de maintenir l’ordre chez nous ? La Droite conservatrice n’a que trop tendance, elle aussi, à manier la moraline et à s’ingérer au nom de cette dernière dans les affaires des autres plutôt que de sanctuariser notre territoire et de défendre la Tradition qu’il abrite, en le libérant de toute vassalité politique, diplomatique, militaire et culturelle envers quiconque à commencer par les États-Unis d’Amérique. Qu’Ivan Rioufol nous excuse : malgré ce que nous venons d’écrire, nous l’écoutons et le lisons toujours en toute amitié d’esprit – française – partout où il intervient.
Un billet politique d’Ivan Rioufol.
La honte d’être Français est un sentiment qui m’atteint. Se laissent voir, en effet, un pays fragile et un pouvoir désarmé, sécuritairement et idéologiquement. Une minorité de barbares a pu tétaniser ce qui fut une puissance mondiale respectée et admirée : quelques milliers de pilleurs et de casseurs, dont un tiers de mineurs téléguidés par leurs aînés, ont eu raison, en une semaine, de 43 000 policiers et gendarmes aguerris.
Si les émeutiers semblent avoir suspendu, ces deux derniers jours, razzias et intifadas, ce n’est pas par une soumission à la République et à ses discours de creuse fermeté. De l’aveu de policiers, les enragés ont d’abord obéi aux injonctions des mafias de la drogue et des cartels, qui ne peuvent commercer dans le tumulte. Ce sont les dealers qui ont interdit aux incendiaires d’user des armes de guerre qui emplissent des caves dans des cités « sensibles ». Les autorités religieuses musulmanes françaises ont également eu un rôle, qui reste à évaluer, dans les appels au calme. Reste que des pays étrangers se sont aussi permis de s’immiscer dans la déliquescence d’un pays ouvert : l’Algérie, l’Iran, la Turquie ont critiqué le sort que la France « institutionnellement raciste » (Erdogan) réserverait aux musulmans. Une accusation reprise par la presse américaine et soutenue, en France, par l’extrême gauche et la gauche perdue.
Les émeutiers ont également gagné en enracinant, face aux belles âmes pusillanimes, la peur et la culpabilisation. Les accusations en racisme font le bonheur des islamo-gauchistes : Jean-Luc Mélenchon en tête, ils ont vendu leur âme à la contre-société islamisée qui les méprise. LFI a pris la relève des barbares en accusant la police républicaine de « racisme systémique ». Mardi, Libération a titré en une : « Que faire de la police ? » dans une inversion des rôles qui victimise a priori la « diversité » confrontée à une « impunité policière ». Mais, alors qu’Elisabeth Borne a enjoint mardi aux députés LFI de « regarder les réalités en face », le gouvernement persiste dans l’aveuglement sur les causes du désastre. Quand Gérald Darmanin déclare, mardi, que seuls 10% des 4000 interpellations sont des étrangers, il balaie le rôle joué par l’immigration de peuplement et ses échecs répercutés sur les autres générations. François Hollande est dans la même occultation quand il estime, le 2 juillet, parlant des émeutiers : « Ce n’est pas un problème d’immigration puisque ce sont des enfants de 3 ème, 4 ème, 5 ème générations ». L’endormissement n’épargne pas la droite. « On a eu tort de ne pas plus investir dans les banlieues », a estimé, mardi sur BFMTV, Vincent Jeanbrun, le maire (PR) de l’Haÿ-Les-Roses dont la famille a été victime d’une tentative d’assassinat par des insurgés.
Payer encore pour les cités en rupture avec la République ? Cette autre victoire octroyée aux ennemis de la France, en guise de contrition, serait impardonnable. ■