


PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
COMMENTAIRE – Ah ! Le bel article ! Le bel et profond article dans Le Figaro de ce matin d’un Mathieu Bock-Côté extrait cette fois-ci des raisonnements et positionnements politiciens incertains par le déshonneur et le scandale dégoutants qu’étale en la circonstance le Service Public ; et du même mouvement venu du fond de l’âme, replongeant avec force et conviction dans l’héritage français venu du fond des âges royaux et incluant, pour notre malheur, et sans doute aussi pour celui du monde, l’horreur radicale de la Révolution et de la Terreur, dont le nom français est repris tel quel dans toutes les langues du monde parce qu’elles n’en connaissent pas d’autre. C’est le terrible paradoxe français que Maurras, jadis, avait formulé dans un court poème intitulé « Optumo sive pessumo » qui peut se traduire par « le meilleur comme le pire ». Le même peuple qui a construit Notre-Dame de Chartres et tant de merveilles a aussi perpétré les Massacres de Septembre, guillotiné son roi et sa reine, et fait mourir à petit feu dans un cachot sordide et crasseux un enfant de 10 ans parce qu’il était Dauphin de France, puis, à la mort de son père était devenu le roi Louis XVII, le même peuple enfin qui a exterminé la Vendée dans les conditions d’horreur que dit Bock-Côté. Le poème de Maurras que nous venons de citer (La Musique intérieure, Grasset, 1925) se termine par ce quatrain qui s’adresse évidemment à cette France duale, dont les deux termes sont politiquement irréconciliables : « Mais à ce double sanctuaire, Déesse ou monstre, ô seul esprit, De ton ombre ou de ta lumière, L’unique hommage soit inscrit ». Personne, bien sûr, ne peut se hisser à ce degré d’amour de la France au sein du présent Service Public. Il peut servir à ceux qui ne veulent pas la voir mourir. Merci à Mathieu Bock-Côté d’être de ceux-là ! G.P.
CHRONIQUE – Le documentaire diffusé jeudi soir ne cherchait pas la vérité, mais le scandale, quitte à le fabriquer de toutes pièces.
Les gardiens de la mythologie révolutionnaire font tout pour oublier que 1793 représente l’acte inaugural de la modernité totalitaire
Il était difficile de ne pas ressentir un profond malaise en regardant, jeudi soir, le « Complément d’enquête » consacré au Puy-du-Fou, tant l’intention qui l’animait était claire : il s’agissait non seulement de nuire au célèbre parc historique, mais de le souiller, en même temps que l’homme qui l’a imaginé, créé, porté, et fait rayonner. Les méthodes sont connues : on y abuse du conditionnel pour lancer des rumeurs malveillantes, on fait témoigner d’anciens compagnons de route dévorés par la jalousie, obsédés par l’idée de piétiner ce qu’ils ont aimé, on va même jusqu’à plonger dans l’histoire intime difficile de la famille de Philippe de Villiers, de la plus vile manière.
Qu’une telle entreprise soit rendue possible par l’argent ne surprendra pas, mais rappellera à ceux qui veulent bien l’entendre que les Français financent à grands frais un journalisme inquisitorial, où les enquêteurs se comportent comme des commissaires politiques, et traquent les déviants idéologiques comme ils peuvent. « Complément d’enquête » ne cherchait pas la vérité, mais le scandale, quitte à le fabriquer de toutes pièces, en se lançant dans un procès bancal.
Ce procès se fonde d’abord sur le rôle du bénévolat au Puy du Fou, décrété incompatible avec les succès économiques de l’entreprise. Ce segment du documentaire est honteux : on y présente les Puyfolais participant aux réjouissances après les spectacles comme une bande de paysans arriérés, mal fagotés, attirés dans l’entreprise par la promesse d’un peu de pinard et de saucisson, comme de vieux poivrots aux vêtements tachés. La France des arriérés serait exploitée par ce que « Complément d’enquête » n’est pas loin d’appeler la mafia Villiers.
Première révolte populaire
Il faut pourtant se fier à ses yeux : ceux qu’on nous présente comme les enchaînés du Puy du Fou ont un visage radieux. Ils témoignent d’une joie sincère, d’une vraie fierté. Par caméra cachée, on cherche à leur faire dire du mal de ce qu’ils font : les commissaires politiques de « Complément d’enquête » n’y parviennent pas. Risquons l’hypothèse : ils ne comprennent tout simplement pas l’idée d’une cause commune, d’autant qu’il s’agit de celle d’un peuple réveillé, renouant avec sa part intime, sa part sacrée. Nos commissaires politiques, eux, jouissent à l’idée de tout détruire. Ils trouvent leur ivresse dans le nihilisme.
Le procès se fonde ensuite sur la vision de l’histoire qui porte le Puy du Fou, suspectée de ne pas être en pleine conformité avec le catéchisme révolutionnaire. On est là au cœur de l’affaire : les gardiens de la mythologie révolutionnaire font tout pour oublier que 1793 représente l’acte inaugural de la modernité totalitaire. Ils ne tolèrent pas qu’on leur rappelle que les Vendéens furent massacrés parce qu’ils représentaient le bois mort de l’humanité. Ce peuple devait disparaître parce qu’il ne se convertissait pas à la révélation révolutionnaire, voulant que l’homme, pour renaître, doive se détacher de ses appartenances premières. La première révolte populaire des temps modernes ne fut pas celle de l’homme abstrait mais celle d’un homme refusant sa réduction à l’abstraction.
Et comme de fait, « Complément d’enquête » se tourne vers les historiens bien comme il faut pour relativiser les guerres de Vendée, et la volonté explicite de la dépopulationner. Son destin annonçait pourtant celui des koulaks, et peut-être, aujourd’hui, dans une forme nouvelle, fort heureusement moins sanglante, celui des peuples historiques occidentaux, qui n’acceptent pas de s’immoler symboliquement sur l’autel de la diversité. Il y a une universalité du mythe vendéen, qui trouve aujourd’hui une portée inédite. Philippe de Villiers l’a rappelé aux Français et cela ne lui sera jamais pardonné.
La réconciliation d’un peuple
Et pourtant, qui a eu le bonheur d’assister à la Cinéscénie le sait : dans ses dernières minutes, l’histoire tragique débouche sur le pardon, comme si le peuple français, dans l’expérience des tranchées, a vu ses familles spirituelles se rassembler, au nom de la patrie qu’il fallait sauver. Le Puy du Fou est peut-être le nom d’un bocage inspiré. On y trouve l’esthétique du Puy du Fou, qui n’est pas fondée sur la revanche, qui avilit le cœur de l’homme, mais sur la réconciliation d’un peuple, qui dans l’histoire longue, s’aperçoit et découvre qu’il n’a nulle raison de s’effacer.
Alors que l’époque pousse au culte du toc, du produit de synthèse, du flottement des âmes, et que tout cela accouche d’une humanité mutilée, le Puy du Fou incite à l’émerveillement. Le divertissement ne s’y présente pas comme une fuite hors de soi, mais comme un premier pas dans une quête d’enracinement. Peut-être est-ce pour cela qu’on cherche à le détruire. J’ai la faiblesse de croire qu’ils échoueront. Mais l’ampleur des moyens mis pour y parvenir est un hommage involontaire rendu à l’œuvre de Philippe de Villiers, qui rend hommage à la Vendée, qui chante la grandeur de la France. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois(éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime(Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
Madame Lucet est représentative de ceux que Nietzsche appelait l’homme du ressentiment; commissaire politique est lui faire trop d’honneur, elle appartient plutôt aux tchékistes ; non pas chargée de défendre une orthodoxie idéologique mais de faire les basses besognes qu’on lui commande. J’ai depuis ses premiers reportages mis cette dame sur la liste des septembriseursrmand D
JSF Permettez-moi de vous reprendre encore une fois comme j’avais repris Séchér l’écrivain qui aime bien dire et redire « Le peuple souverain conceptualise la mise en place d’un système d’extermination de lui-même » formule marketing qui lui plaît bien mais qui n’a rien à voir avec la réalité.
Le Souvenir Chouan de Bretagne a consacré la plus grande partie de son N° 54 aux juristes députés à la Convention ; des individus nantis de biens, 361 sur 751 députés, la moitié (175) votera pour la mort du roi, sans scrupules, dont trois Chevalier de l’Ordre de Saint Louis. 29 votent la mort avec sursis, et le sursis ayant été refusé par la Convention ce vote est ajouté à celui des régicides. Illégalité totale de ce procès comme le reconnaît lui-même le Ministère de la Justice dans ses archives.
Enfin rappelons à vous et à Sécher que la population de l’époque est de 28.000.000 d’habitants ; il y a 7 millions d’électeurs seuls 700 mille vont voter. Louis XVI est exécuté par des individus qui représentent 2,5 % de la population ; en écrivant que le peuple est responsable des massacres et guillotinades de la révolution vous faites plaisir à Méchancon et son équipe de tarés qui braillent « on a guillotiné Louis XVI » mais qui auraient fait partie de la charrette suivante.
Noël Stassinet
Souvenir Chouan de Bretagne
Merci de vos remarques.
Notez toutefois que votre assimilation de notre « commentaire » aux écrits de Reynald Secher n’est pas justifiée. Nous n’y avons pas songé du tout en l’écrivant.
Nous n’ignorons pas que les auteurs des actes révolutionnaires n’ont jamais représenté qu’une infime partie du peuple français, bien qu’ils en fussent issus, et souvent de ses élites, aristocratiques, bourgeoises ou cléricales et bien que la réaction populaire aux dits actes, hormis d’héroïques exceptions, se caractérise plutôt, ne nous en déplaise, par une bonne dose de passivité. Notamment à Paris où tant de crimes furent commis.
C’est en ce sens seulement que, volens nolens, le peuple français porte la tache de sa Révolution, comme le peuple russe de la sienne.