1548 : Le Parlement de Paris interdit la représentation des Mystères
L’évènement aura une grande conséquence car, en disparaissant, ils vont tout simplement céder toute la place… au Théâtre !
Les Mystères représentaient généralement la Passion du Christ, ou un épisode de l’Histoire Sainte, en se nourrissant également de légendes et d’histoires populaires. Ils étaient écrits pour plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de personnes qu’ils mettaient en scène.
Le document le plus irréfutable sur les Mystères, c’est la fameuse peinture de Jean Fouquet (ci dessous), une miniature, reproduisant une représentation du « Mystère de Sainte-Apolline » (vers 1450) d’Andrien de la Vigne. La scène se passe, en 249, à Alexandrie où la Sainte fut brulée vive après avoir été torturée.
Un « procès-verbal » de l’époque, compte-rendu de l’auteur-metteur en scène De la Vigne, corrobore ce que montre l’œuvre de Fouquet. On peut y lire :
« MJ = le Meneur de Jeu (l’auteur, ndlr), le livre de conduite et la baguette à la main, dirige la séance, soufflant leur texte aux uns, faisant respecter la mise en scène aux autres… L’aire de jeu, le hourt est ici terre battue. Ligotée sur une planche, Sainte Apolline est torturée par quatre bourreaux : 2 lui serrent les chevilles, un autre lui tire les cheveux. Le bourreau B lui arrache les dents avec une longue pince. A gauche, le Fou F s’est déculotté, en signe de dérision. Au fond, les échafauds en demi-cercle. Au « Premier Etage » : des loges dont seulement deux sont des mansions : le Ciel, l’Enfer (dont la Gueule d’Enfer occupe le rez-de-chaussée). Les autres loges sont occupées par le public, sauf une contenant les musiciens. La loge L est un « estal » ou « lieu ». Le personnage, ici désigné par R, est sans doute le Roi. Puisqu’il joue, son fauteuil, entouré de public, est vide…. »
1659 : Première des Précieuses Ridicules
La comédie est représentée sur la scène du théâtre du Petit-Bourbon à Paris.
toutmoliere.net
1686 : Louis XIV subit avec succès une opération délicate
Depuis le 15 janvier de la même année, le roi souffrait – de plus en plus… – d’une affection tout à fait bénigne, au départ, et qui, si elle avait été traitée correctement dès le début, n’aurait eu aucune suite : s’étant assis, dans son carrosse, sur un coussin qu’un bout de plume avait transpercé, le roi fut piqué par ce morceau de plume. Personne ne s’en émut, parmi ses chirurgiens, et lui-même, sur le coup, n’y porta pas attention.
La douleur persistante augmentant régulièrement, on vit bien le roi malade (certains le crurent même mourant à un moment) et l’on se résolut enfin à l’opérer : ce fut son chirurgien, Charles-François Félix de Tassy, qui fut chargé de l’opération, qui s’acheva finalement, malgré quelques petites complications, par un succès total :
Des prières furent évidemment dites dans tout le royaume, et les dames de Saint- Cyr (création de Mme de Maintenon) décidèrent de composer un cantique pour célébrer la guérison du roi, une fois l’opération terminée.
La supérieure, Mme de Brinon (nièce de Mme de Maintenon) écrivit alors les vers suivant, qu’elle demanda à Lully de mettre en musique :
« Grand Dieu sauve le roi !
Longs jours à notre roi !
Vive le roi. A lui victoire,
Bonheur et gloire !
Qu’il ait un règne heureux
Et l’appui des cieux ! »
Les demoiselles de Saint Cyr prirent l’habitude de chanter ce petit cantique de circonstance chaque fois que le roi venait visiter leur école.
En 1714, Haendel, de passage à Versailles, entendit ce cantique; il le trouva si beau qu’il en nota aussitôt les paroles et la musique, puis, de retour à Londres, il demanda à un homme d’Eglise, Carrey, de lui traduire le petit couplet de Mme de Brinon.
Le prêtre composa alors le God save the King (le roi étant un homme, à l’époque : Georges 1er; lorsque « le roi » est… une reine, on change évidemment « king » par « queen »)
« God save our gracious King,
God save the King !
Send him victorious
Happy and glorious
Long to reign over us,
God save the King ! »
Haendel offrit au roi, comme s’il s’agissait d’une œuvre venant de lui, le court cantique des demoiselles de Saint -Cyr. Et George 1er déclara que, dorénavant, le God save the King serait exécuté lors des cérémonies officielles.
A noter, toutefois, que cet air n’est pas, stricto sensu, l’hymne officiel anglais, puisqu’il n’y a pas d’hymne officiel anglais (pas plus, par exemple, que de Carte d’identité) : le God save the King n’est que l’hymne personnel, pourrait-on dire, de la famille royale britannique, même si, de facto, il joue bien ce rôle d’hymne national…
Les Anglais peuvent dire merci à Lully !
À propos de l’opération elle-même
1750 : Naissance de Guillaume-Alexandre Tronson du Coudray
Avocat brillant et réputé, il demanda, sans pouvoir l’obtenir, l’honneur de défendre Louis XVI. Mais il défendit avec vigueur la reine Marie-Antoinette et un grand nombre de victimes de la fureur révolutionnaire : son éloquence fut telle, lors du pseudo-procès de la Reine, qu’il fut arrêté en pleine séance, ainsi que l’autre défenseur de Marie-Antoinette, Chauveau-Lagarde.
« Les .deux avocats ont plaidé avec autant de zèle que d’éloquence » : ce sont les termes même du Bulletin du tribunal révolutionnaire.
Emprisonné sous la Terreur, libéré, il fut élu député au Conseil des Anciens en 1795, et en devint même secrétaire. Arrêté après le Coup d’État du 18 fructidor an V pour soupçon de sympathie royaliste, et pour s’être opposé au Directoire, il fut envoyé en Guyane – appelée la guillotine sèche – où il mourut après un an de déportation, à Sinnamary.
1793 : La Convention condamne un chien à mort.
On savait qu’elle n’avait pas besoin de savants (voir Lavoisier), ni de rhinocéros (voir le rhinocéros de Louis XV tué par un révolutionnaire dans la Ménagerie de Versailles); pas de pitié non plus pour les chiens, comme en témoigne le cas de celui d’un pauvre invalide, nommé Prix, qui vivait rue Saint Nicaise, à Paris.
Prix fut accusé de « manœuvres contre-révolutionnaires » et condamné à mort le 17 novembre 1793 (28 brumaire an II), ce qui peut encore se comprendre. Mais ce pauvre invalide vivait avec un chien, qui fut accusé de partager les opinions « réactionnaires » de son maître, car il aboyait de façon hostile à l’approche des « habits bleus » des soldats de la République. Voyant son maître maltraité, il ne faisait que remplir son rôle de protecteur, mais la Raison, en cette époque, menait souvent à… la déraison, et même la plus grande !
Tant et si bien que le chien fut, lui aussi, condamné à mort !
Un chien royaliste ? Une autre victime collatérale de la Révolution, en, tout cas, comme le pauvre hippopotame de Louis XV, de la Ménagerie de Versailles.
Savant, hippopotame, chien… pendant la Terreur, rien ne leur échappait
Bainville disait que la seule chose qui rendait supportable le récit des faits révolutionnaire était qu’on pouvait dire à la plupart des imbéciles et des scélérats qui avaient coopéré aux actes révolutionnaires, toi non plus, tu n’en as plus pour longtemps…
Lire les archives nationales qui conservent le dossier du Tribunal révolutionnaire traitant de cette affaire, permet aussi de passer un bon moment, en lisant le procès-verbal de « l’affaire » du chien.
A l’époque, c’était la Guillotine et la Terreur qui tuaient, pas le ridicule !
« Au nom de la Loi, Aujourd’hui vingt-huit brumaire, l’an deuxième de la République Française une et indivisible. En vertu d’un jugement rendu par le tribunal révolutionnaire établi par la loi du 4 mars, qui condamne le nommé Prix, dit Saint-Prix, portant peine de mort, également par ledit jugement que le chien dudit Saint-Prix serait assommé, que ledit tribunal ayant envoyé les ordres en conséquence au Comité de surveillance de la section des Tuileries. Ledit comité désirant mettre à exécution ledit ordre, et en vertu de l’arrêté dudit comité, nous nous sommes transportés, nous, Claude-Charles Georges, commissaire dudit comité, accompagné du citoyen Pierre-Louis Hosteaux, inspecteur de police, dans une maison appelée « Le combat du Taureau », tenue par la citoyenne Macquart, où étant nous avons trouvé la citoyenne Macquart, et après lui avoir exhibé l’ordre dont nous sommes porteurs, en l’invitant de nous représenter ledit chien mentionné ci-dessus, à quoi elle s’est soumise, nous avons de suite requis le citoyen Bonneau, sergent de la section des Arcis, de garde au poste du Combat, pour être présent à l’exécution du dit ordre ; nous avons, au désir du tribunal, assommé en sa présence le chien du sus désigné. De tout ce que dessus, nous avons dressé procès-verbal, après en avoir donné lecture en présence des personnes sus désignées, qui l’ont reconnu véritable et ont signé avec nous : Bonneau, sergent de poste ; femme Macquart ; Georges, commissaire ; Hosteaux. Pour copie conforme à l’original ; signé : Charvet, secrétaire. »
C’était plus souvent « la mort » que « la fraternité » !
1806 : Mort de Claude-Nicolas Ledoux
Il fut l’un des architectes et des urbanistes les plus actifs à la fin de l’Ancien Régime, mais une grande partie des constructions qu’il a édifiées ont été malheureusement détruites au XIXème siècle.
Il fut l’un des principaux créateurs du style néoclassique (ci dessus, la Rotonde de La Villette à Paris).
Son chef d’œuvre (ci-dessus) est la Saline royale d’Arc et Senans, classée Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1982.
Mais il est aussi l’auteur du splendide – et détesté – Mur des Fermiers Généraux (« Ce mur murant Paris rend Paris murmurant »...). Cf. notre éphéméride du 11 juin)
1852 : « Au bon Marché », l’essor de la grande distribution
Le Bon Marché ouvre rue de Sèvres à Paris. Crée par Aristide Boucicaut, ce nouveau type de magasin apporte de véritables changements pour les clients : ils peuvent se promener à travers les rayons sans être obligés d’acheter, et être remboursés s’ils sont mécontents.
Après la création de La Belle Jardinière, en 1824, la grande distribution est née. 13 ans plus tard Le Printemps ouvrira à son tour.
Ceux qui se sont intéressés à la petite (autant qu’à la grande) histoire du gaullisme, qui, par exemple, ont lu Alain Peyrefitte et quelques autres, savent que c’est au Bon Marché que Mme De Gaulle faisait ses courses et qu’elle y fut insultée en mai 1968, ce qui eut des conséquences.
1890 : le « toast d’Alger »
Évêque de Nancy, Charles Martial Allemand Lavigerie fut nommé archevêque d’Alger en 1867.
Longtemps proche des milieux légitimistes, il fut cependant choisi par le Pape Léon XIII pour promouvoir sa stratégie : endiguer la politique anticléricale des républicains par une attitude de conciliation pour défendre la liberté des catholiques français au sein même de la République, et non contre elle. (Illustration : Le cardinal Lavigerie, par Léon Bonnat, Château de Versailles).
Cette ouverture se concrétisa par l’encyclique Inter sollicitudines du 16 février 1892, mais la République, définitivement triomphante autour de 1890, devait décevoir – et de quelle façon ! – cette stratégie puisqu’en 1905 sera proclamée la séparation des Églises et de l’État.
Cette mesure radicale, qui montra bien la marché de dupes que fut le Ralliement, fit suite à une longue série d’agressions, entreprises dès les premières années de son existence par une République férocement anti catholique : :
• 1879 : Exclusion du clergé des commissions administratives des hôpitaux et des bureaux de bienfaisance;
• 1880 : Suppression des aumôniers militaires. Interdiction aux magistrats d’assister en corps aux processions de la Fête-Dieu. Suppression de l’enseignement religieux dans les examens;
• 1881 : Suppression de l’enseignement religieux dans les écoles maternelles. Sécularisation des cimetières;
• 1882 : Crucifix enlevé des écoles. Suppression des aumôniers de lycées. Enseignement religieux interdit dans les écoles primaires.
• 1883 : Interdiction aux troupes de paraître en corps aux cérémonies religieuses;
• 1884 : Suppression des prières à la rentrée du Parlement. Suppression des aumôniers dans les hôpitaux et de l’exemption des clercs du service militaire;
• 1886 : Exclusion des congréganistes de l’enseignement public. Organisation de l’école laïque etc… etc…
Cette escalade ininterrompue préparait l’interdiction des ordres religieux et devait aboutir, en 1905, à la séparation « des » Églises et de l’État : la « loi de 1905 » proclame en effet la séparation de l’État et des Églises concernées par le Concordat de 1801 et ses modifications du 8 avril 1802 et du 17 mars 1808 : l’Église catholique, les Églises protestantes (Églises réformées et Églises de la Confession d’Augsbourg) et le Judaïsme.
C’était probablement pour éviter cela que le Pape Léon XIII avait, naïvement, échafaudé sa stratégie du Ralliement, pour laquelle il eut besoin d’un cardinal disposant d’une grande popularité.
Le 18 novembre 1890, le cardinal Charles Lavigerie, archevêque d’Alger, prit prétexte d’une visite de l’escadre française de la Méditerranée dans sa ville pour lever son verre devant les officiers. Ce jour-là, il accueillait l’État-major de l’escadre de la Méditerranée, ayant à sa tête le vice-amiral Duperré, accompagné par une quarantaine de hautes personnalités appartenant à l’Armée, à la Magistrature ou à l’Administration de la province. A la fin du repas, Monseigneur Lavigerie prit la parole, et déclara notamment (dans la salle Saint Eugène, ci dessous ) :
« …L’union est en ce moment notre besoin suprême, l’union est aussi, laissez-moi vous le dire, le premier vœu de l’Église et de ses pasteurs, à tous les degrés de la hiérarchie. Sans doute elle ne nous demande pas de renoncer ni au souvenir des gloires du passé, ni aux sentiments de fidélité et de reconnaissance qu’honorent tous les hommes.
Mais quand la volonté d’un peuple s’est nettement affirmée, que la volonté d’un gouvernement n’a rien en soi de contraire […] aux principes qui seuls peuvent faire vivre les nations chrétiennes et civilisées ; lorsqu’il faut, pour arracher son pays aux abîmes qui le menacent, l’adhésion sans arrière-pensée à cette forme de gouvernement, le moment vient de déclarer enfin l’épreuve faite, et, pour mettre un terme à nos divisions, de sacrifier tout ce que la conscience et l’honneur permettent, ordonnent à chacun de nous de nous de sacrifier pour le salut de la patrie. C’est ce que j’enseigne autour de moi. Et ce que je souhaite voir enseigner en France par tout notre clergé et, en parlant ainsi, je suis certain de n’être désavoué par aucune voix autorisée ».
Caricature d’époque, hostile aux propos du cardinal.
Quatre de nos Ephémérides traitent des rapports entre l’Eglise et la République idéologique française, en général, et des rapports entre l’Eglise et l’Action française en particulier :
• pour les rapports entre l’Eglise et la République idéologique française, voir notre éphéméride du 16 février sur le « Ralliement », en complément de celle-ci sur le « toast d’Alger », qui préparait les esprits à ce « ralliement »;
• pour les rapports entre l’Eglise et l’Action française, voir notre éphéméride du 29 décembre, sur les sanctions vaticanes contre l’Action française, et notre éphéméride du 10 juillet, sur la levée de ces mêmes sanctions par Pie XII.
1922 : Mort de Marcel Proust
marcelproust
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet , voir les deux photos « L’amitié pour Marcel Proust (I) » et « L’amitié pour Marcel Proust (II »)
1927 : Création de la Coupe du monde de football
C’est Jules Rimet, Président de la Fédération Française de Football, qui en est à l’origine.
Jules Rimet 1873-1956
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