842 : Serment de Strasbourg
Dès la mort de Charlemagne, rien ne va plus dans son immense empire, gouverné par un fils faible : Louis « le débonnaire ».
Les trois fils de Louis se disputent l’héritage, avant même la mort de leur père, et cette lutte aboutira au funeste Traité de Verdun (ci dessous) en 843.
Avant d’en arriver à cet accord provisoire, Charles le chauve et Louis le Germanique, deux des trois petits-fils de Charlemagne, décident de s’unir et d’associer leurs forces contre le troisième petit-fils de l’ empereur défunt, leur frère Lothaire, empereur d’Occident : c’est cette alliance qui est connue sous le nom de Serment de Strasbourg.
Charles et Louis, alliés, avaient déjà battu leur frère à la bataille de Puisaye, en juin 841, huit mois auparavant (éphéméride du 25 juin).
Ce traité est considéré comme le premier document de langue française car c’est la première fois qu’un document officiel est rédigé non en latin mais en langue populaire; il est rédigé dans un mélange de haut-français et de haut-allemand.
Louis le Germanique (dont le pays deviendra l’Allemagne…) prononce le serment en langue romane et Charles le Chauve (dont le pays donnera naissance à la France) en langue tudesque, l’ancêtre de l’allemand.
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre III, Grandeur et décadence des Carolingiens :
« …Après quatre générations de grands hommes, la vigueur des Pipinnides était épuisée. Leur bonheur aussi. L’empereur Louis était un faible. Les peuples sentirent ce qui manquait à l’héritier de Charlemagne pour continuer l’œuvre de ses ancêtres et Louis « le Pieux » fut encore surnommé par ironie « le Débonnaire ». Dès qu’il règne, la belle machine construite par son père se dérange. Des révoltes, des conspirations éclatent. Des partis se forment. Les évêques eux-mêmes s’en mêlent. La majesté impériale n’est plus respectée. À deux reprises, « le Débonnaire » est déposé après avoir subi l’humiliation des pénitences publiques. Restauré deux fois, son règne s’achève dans l’impuissance en face de ses trois fils rebelles qui, avant sa mort, se disputent son héritage les armes à la main.
Lothaire, l’aîné, voulait maintenir l’unité de l’Empire. Charles le Chauve et Louis le Germanique se liguèrent contre lui. C’était déjà plus qu’une guerre civile, c’était une guerre de nations. La Paix, qui fut le célèbre traité de Verdun, démembra l’Empire (843). Étrange partage, puisque Louis avait l’Allemagne, Lothaire une longue bande de pays qui allait de la mer du Nord jusqu’en Italie avec le Rhône pour limite à l’ouest, tandis que Charles le Chauve recevait le reste de la Gaule.
L’unité de l’Empire carolingien était rompue. De cette rupture il allait mourir encore plus vite que la monarchie mérovingienne n’était morte. Les partages étaient l’erreur inguérissable de ces dynasties d’origine franque. Celui de Verdun eut, en outre, un résultat désastreux : il créait entre la France et l’Allemagne un territoire contesté, et la limite du Rhin était perdue pour la Gaule. De ce jour, la vieille lutte des deux peuples prenait une forme nouvelle. La France aurait à reconquérir ses anciennes frontières, à refouler la pression germanique : après plus de mille ans et des guerres sans nombre, elle n’y a pas encore réussi.
Nous devons un souvenir à celui des petits-fils de Charlemagne auquel la Gaule échut. De même que Louis le Germanique fut tout de suite un roi allemand, son frère, Charles le Chauve, se nationalisa et fut un roi français. Il eut à cœur de retrouver les provinces de l’Est. Le royaume de Lothaire n’était pas viable : faute d’avoir pu garder toute la Lotharingie ou Lorraine, Charles du moins écarta le roi allemand le plus loin possible. Malheureusement, il fut égaré par la chimère impériale et s’épuisa à vouloir reconstituer l’Empire carolingien. Mais il n’avait pas laissé de prescription s’établir contre la France. S’il n’avait pas rétabli l’unité de l’Empire, il avait affirmé l’unité française. C’était une idée nationale. Pour qu’elle vécût, il n’était pas inutile qu’elle eût été proclamée avant la disparition de l’État carolingien. Cette idée vivrait. D’autres allaient la recueillir. »
La monnaie d’or vient pratiquement de disparaître du marché quand Charles le Chauve, après 840, entreprend de battre une monnaie d’argent. Il répartit les ateliers monétaires dans différentes villes du royaume, au nombre de neuf.
Charles reprend le modèle de la pièce de Charlemagne, remplace à l’avers le Karolus Rex FR, ‘ »Charles, roi des Francs », par la formule Gratia D-I Rex, « roi par la grâce de Dieu », entourant le monogramme carolingien.
Sur le Serment de Strasbourg :
herodote/14_fevrier_842
SERMENT de STRASBOURG
1772 : Yves-Joseph de Kerguelen de Trémarec débarque sur les Iles Kerguelen
Il les avait aperçues deux jours auparavant, le dimanche 12 Février, mais le mauvais temps empêcha tout débarquement, jusqu’au 14.
Un temps nommées Îles de la Désolation, les îles Kerguelen, forment un archipel au sud de l’océan Indien et constituent – avec l’archipel de Crozet, les îles Saint Paul et Amsterdam, la Terre Adélie et les îles éparses – l’un des cinq districts du territoire des Terres australes et antarctiques françaises, les TAAF.
D’origine volcanique, ces îles subantarctiques presque aussi grandes que la Corse, sont éloignées de plus de 3 300 km de la terre habitée la plus proche.
taaf
Et, dans notre album L’aventure France racontée par les cartes voir la photo « DOM/TOM : (I) une présence sur les cinq continents »
1841 : Naissance d’une expression : France, fille aînée de l’Eglise
Jean-Baptiste-Henri Lacordaire (1802-1861) est le restaurateur en France de l’Ordre des Prêcheurs, ou dominicains ; portrait par Théodore Chassériau, Louvre
C’est à Notre-Dame de Paris, dans son Discours sur la vocation de la nation française que le Père Lacordaire, dominicain, emploie le premier cette expression, « France, fille aînée de l’Eglise ».
Cela ne signifie évidemment pas que la France soit la première nation à être devenue baptisée, ou chrétienne, ou catholique : le premier royaume dont le roi se soit fait baptiser est l’Arménie, en 301, le christianisme devenant ainsi, de fait, la religion de l’Etat et de tout le peuple arménien.
L’Ethiopie fut le second « Etat chrétien », puis ce fut tout l’Empire romain, dans lequel le christianisme jouissait déjà d’un statut spécial depuis l’Edit de Constantin, en 313, qui adopta le christianisme comme religion d’Etat en 380, suite à l’Edit de Théodose le Grand.
Clovis se convertissant en 496 – avec trois mille de ses guerriers, dit-on… – la France n’est donc « que » le quatrième pays au monde à être devenu officiellement chrétien; encore est-il possible que le roi des Burgondes, Saint Sigismond, se soit converti juste avant Clovis, les dates n’étant pas exactement assurées.
Ce qui, par contre fera l’originalité du baptême des Francs, c’est que les autres peuples baptisés – venus de l’est de l’Europe – versèrent dans l’hérésie arienne, alors que les Francs demeurèrent fidèles au Credo du Concile de Nicée, donc à ce qui est traditionnellement appelé, « la foi catholique ».
De Michel Mourre : « …Ancien avocat, ordonné prêtre en 1827, il fit partie du groupe de Lamennais, collabora à L’Avenir et travailla toute sa vie à la réconciliation du catholicisme et du libéralisme… Député à l’Assemblée constituante en 1848, il siégea avec la gauche, mais donna sa démission après l’émeute du 15 mai. »
Lors de la Révolution de 1848, Lacordaire affirma « croire que l’avènement de la société moderne était voulu de Dieu » et justifia les aspirations démocratiques de ses contemporains : « Quel danger y a-t-il à ce que quelques catholiques penchent un peu vivement vers la forme démocratique ? Qui sait si ce n’est pas là l’avenir de l’Europe ? »
Restaurateur de l’Ordre des Dominicains en France, Lacordaire s’inscrit donc dans le courant postrévolutionnaire désireux de renouer avec nos racines chrétiennes; mais il était ainsi ambigu, mêlant – comme dans la parabole – « le bon grain et l’ivraie » : en effet, « la forme démocratique » dont il parle est celle de la République idéologique, fondée sur les braises de la Révolution, et nouvelle religion destinée – par essence – à supplanter et éradiquer « l’ancienne », c’est-à-dire la chrétienne ! Indéniable défenseur du christianisme d’un côté, mais, de l’autre, soutien au régime politique dont le but ultime est la destruction du christianisme : Lacordaire est l’un des précurseurs de cette politique d’où sortira le « Ralliement » de Léon XIII (éphéméride du 16 février).
1933 : Mise en service de la première Horloge parlante à Paris
L’inventeur du système est l’astronome et mathématicien Ernest Esclangon, directeur de l’Observatoire de Paris.
La première Horloge parlante
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Merci pour la richesse des documents que vous mettez à la disposition des lecteurs.
En revanche, je suis sceptique sur la valeur de certaines de vos options politiques, moi qui suis royaliste et démocrate….
Ce site est royaliste. Démocrate ? Qu’est-ce que cela recouvre ? Si c’est la démocratie à la française, idéologique, en rupture et opposition avec l’essentiel de notre histoire, se considérant comme une transcendance ou religion de substitution, niant toute autre forme de transcendance, agissant en conséquence, nous n’acceptons pas, ici, cette démocratie-là. Si la démocratie c’est la participation populaire, son consentement, sa représentation, etc. nous la croyons indispensable à l’exercice de la fonction royale.
Cela ne revêt pas obligatoirement les formes de la démocratie actuelle. Dont, soit dit en passant, l’impopularité est abyssale.
la démocratie n’est pas un parti politique mais une manière d’envisager la politique , la démocratie, qui est à géométrie variable , privilégie le nombre sur l’individu. Peu importe l’intelligence la valeur ou l’intérêt que vous représentez
c’est le nombre qui remporte si bien que si vous avez le malheur d’être isolé et seul , pour vous la démocratie n’a aucun sens.
Un humoriste a dit que c’est le pire des régimes à l’exclusion des autres .. (C’est dire que personne n’a encore trouvé de meilleur vecteur d’illusions. .)
L’union fait la démocratie et c’est cette force démocratique qui dirige un pays d’où les groupes , partis, lobbies , sectes , associations diverses et j’en passe .
Si on considère qu’un peuple est suffisamment instruit et adulte pour se gouverner lui-même avec un représentant à sa tête qui l’écoute selon ses désirs .. Alors la démocratie convient parfaitement .
Sinon , si comme Voltaire on pense dans certains pays que c’est la pagaille quand le peuple se mêle de politique , alors on pense autrement.
Des médiocres élisant un médiocre ( ou des médiocres pour constituer un parlement ) afin de les régir assurent le fonctionnement de la démocratie représentative .
Tout dépend de la forme de démocratie: participative c’est à dire remonter à la remarque du Moyen -âge, « avoir voix au chapitre, » oui, bien sûr, démocratie idéologique, c’est dire vouloir êtres sa propre source pour éradiquer l’autre, non merci, on a vu le résultat. (Robespierre, Lénine, Hitler Pol Pot)
Concilier les deux, c’est la lutte du pot de fer contre le pot de terre, c’est notre histoire, celle des concessions graduées au nihilisme qui nous ruinent,
. Élever le débat par un retour à la légitimité ? Un régime où il y a échange de regards, l’un de reconnaissance , l’autre de bienveillance, de réalité concrète comme dirait feu Gabriel Marcel. Si on cherchait dans cette direction…
Excellent commentaire d’Henri, vraiment !
La vox populi ( vox Dei ) ne peut être exclue ; il ne servirait à rien , en effet , de bâtir quoique ce soit sans consentement populaire .
La participation , le gaullisme en rêvait en 1969 et cela fit » pschitt » …
Il y a la mentalité française : on aime bien discuter , comme un exercice de style , mais participer – qui est une façon de » s’engager « – va à l’encontre de notre quant – a- soi .
Pour ce qui est de la démocratie , moins on en parle , mieux c’est .
La République telle qu’elle est organisée,
c’est souvent le CLIENTÉLISME,et parfois
la corruption !
La démocratie de proximité est sans doute moins sujette à la dérive du clientélisme, surtout des choix concrets !
Au niveau de l’Etat,les référendums concrets
pourraient peut-être éviter le clientélisme ?
Et n’oublions pas le 14 février 2003 (vingt ans déjà !), lorsque Dominique de Villepin prononça un discours contre l’usage de la force en Irak.