C’est sans doute ainsi que les hommes et les femmes vivent dans les « coulisses » pas si étanches que ça du Système. À l’insu provisoire du « peuvre souverain d’un jour » qu’est éternellement le citoyen-électeur.
Par Jules Torres.
C’est un article de journaliste bien informé paru le 8 septembre dans le JDD dont on voit bien – ici et ailleurs – qu’il a ses entrées un peu partout. Geoffroy Lejeune est un homme de presse compétent et un analyste politique avisé.
« Macron se méfie. Assez pour finalement décrocher son téléphone et appeler directement Le Pen »
Ennemis d’hier, alliés de circonstance aujourd’hui, Macron et Le Pen ont orchestré en secret la nomination de Michel Barnier à Matignon. Dans les coulisses de cette manœuvre, un homme clé : Thierry Solère, proche conseiller du président et agent de liaison entre les deux camps.
On savait qu’il organisait des dîners mondains, mais qui aurait cru qu’il tirait les ficelles en coulisses à l’occasion de la nomination du Premier ministre ? Faciliteur, disaient-ils. Oui, Thierry Solère (Photo) fait asseoir Marine Le Pen, Jordan Bardella, Édouard Philippe et Sébastien Lecornu autour d’une même table. Mais ce qu’on ignorait, c’est qu’il jouait aussi les entremetteurs entre la patronne du RN et le président de la République. Cet agent de liaison, proche du président, n’est pas seulement « au cœur du réacteur » : il est celui qui appuie sur tous les boutons.
Jeudi matin, son nom s’affiche sur le téléphone de Marine Le Pen, tranquillement assise à son bureau au siège du RN. À ce moment-là, l’Élysée semble coincé par le risque d’une censure du RN. En début de semaine, Xavier Bertrand, le mieux placé dans la course à Matignon, a vu le pouce de Marine Le Pen s’abaisser pour lui infliger un coup fatal. Le message envoyé à Macron est clair : dans l’hypothèse d’un Premier ministre de droite, son approbation est requise. L’Élysée n’a pas d’autre choix que de trouver un deal. Le profil de Michel Barnier revient alors dans la course. Jugé « respectueux » à l’égard du RN, il aura sa chance. Ainsi en a décidé Marine Le Pen.
Tout se déroule comme prévu. Mercredi soir, Barnier est « nommé »… Mais le lendemain matin, une boulette vient chambouler le plan. Jean-Philippe Tanguy, député RN, se lâche et gratifie Michel Barnier des charmants qualificatifs de « fossile » et d’« homme politique stupide ». À l’Élysée, c’est la panique : hors de question de lancer Barnier dans l’arène sans la certitude qu’il ne sera pas fusillé dans les premiers jours. Marine Le Pen se serait-elle ravisée pendant la nuit ?
Voici le récit de cet épisode politique, corroboré par plusieurs sources des deux camps, au sein desquels d’autres se sont montrés moins enclins à témoigner : Emmanuel Macron envoie Thierry Solère en éclaireur chez Le Pen pour prendre la température. Au RN, l’ambiance est électrique. Jean-Philippe Tanguy se fait sévèrement recadrer. Le Pen s’empresse de rassurer Solère, mais Macron se méfie. Assez pour finalement décrocher son téléphone et appeler directement Marine Le Pen. Échaudé, Macron exige des garanties. Le Pen démolit Tanguy et l’envoie faire son mea culpa sur le service public le soir même. L’accord est scellé : pas de censure contre Barnier avant le discours de politique générale. L’Élysée et le Rassemblement national confirment des discussions entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, mais tous deux nient tout échange jeudi dernier. Cependant, aucun des deux partis n’a fait de commentaire au sujet du rôle de Thierry Solère dans ces échanges.
La gauche dénonce un deal d’Emmanuel Macron avec le RN. Les moins sévères, y compris dans les rangs macronistes, reconnaissent une banale alliance de circonstance, un poncif du théâtre politique. Mais qu’on ne se fasse pas d’illusions : cette entente ne durera pas. Barnier aura le temps de prendre ses marques, de nommer son équipe… Mais le sursis prendra fin avec le budget. Le RN n’ayant aucune intention de soutenir des choix contraires à sa doxa. Le Pen n’ira pas jusqu’à s’associer, même passivement, à l’échec qu’elle juge probable de la fin du quinquennat. ■ JULES TORRES
Il y a encore des « amateurs » au sens péjoratif chez les élus du RN. Bon, il semble que Marine LE PEN a retenu une des leçons de MACHIAVEL: la politique c’est l’art de faire plier les choses aux gens ou les gens aux choses. Là elle s’est dotée d’une envergure présidentiable, en se comportant en Personne responsable, sans pour celà renier ses convictions, il sera toujours temps de combattre le Gouvernement, par la suite.
Sans être un « fan » de Michel BARNIER, je le préfère à Xavier BERTRAND qui s’il ne perd pas le Nord, conserve aussi l’Orient, le Grand