
Par Aristide Ankou.
« la loi doit-elle permettre de tuer celui qui en fait la demande ? Ou, plus exactement, la loi doit-elle permettre aux soignants de collaborer, directement ou indirectement, à tuer ceux qui en font la demande ? »

L’un des sophismes les plus familiers des partisans de « l’aide active à mourir » consiste dire que la législation existante n’est pas bonne car elle ne répond pas à tous les cas possibles.
J’entendais ainsi récemment Patrick Cohen, sur les ondes de la Radio Officielle de la France qui Sent Bon (parfois abrégé en « Radio-France »), tonner contre le « mensonge » qui consisterait à affirmer que les soins palliatifs résoudraient tous les problèmes.
Certaines personnes, affirmait-il, aussi parfaitement prises en charge qu’on puisse l’imaginer, continuent à vouloir mourir. Plus précisément, continuent à demander que des soignants les tuent. D’où il tirait la conclusion, qui lui semblait imparable, qu’il fallait que la loi accède à leur désir.
Sauf que cette manière de raisonner ne faisait, une fois encore, qu’exposer le véritable sophisme, celui qui est au fondement de la revendication du « droit à mourir ». Ce sophisme consiste à affirmer, au moins implicitement, qu’un dispositif qui ne convient pas à tous les cas particuliers est de ce fait mauvais.
Ainsi, la manière constante d’argumenter de ces fanatiques d’un nouveau genre est de mettre en avant le cas de tel ou tel, qui ne rentrerait pas exactement dans les cas prévus par la loi, et d’en tirer immédiatement la conclusion que la loi doit être changée pour que untel ou untel trouve satisfaction.
Ce qui revient à condamner toute loi qui ne dirait pas simplement : « Que chacun fasse comme il lui plait ». Autrement dit de condamner toute loi, puisque les loi existent précisément pour empêcher que chacun fasse comme il lui plait.
La loi est, par nature, une règle générale établie avant les faits auxquels elle aura à s’appliquer. C’est ce qui fait sa force. Mais, bien sûr, c’est aussi ce qui fait sa faiblesse : la loi ne peut jamais être parfaitement adaptée à tous les cas particuliers qui pourront se présenter.
Ce qui revient à dire que la loi ne devrait jamais être établie en fonction de tel ou tel cas particulier, mais uniquement en essayant de déterminer ses effets généraux. Non pas l’effet qu’elle aurait sur Pierre, Paul ou Jacques (que nous connaissons personnellement) si elle existait aujourd’hui, mais les effets qu’elle aura dans la plupart des cas et sur la société dans son ensemble dans la suite prévisible des temps.
La question de savoir si l’on peut soulager TOUTES les souffrances de toute nature, agitée par les fanatiques de « l’aide à mourir », est donc fondamentalement oiseuse. Non, sans doute, on ne peut pas. On peut soulager presque toutes les souffrances, pas toutes les souffrances.
Mais cela ne fait rien à l’affaire qui est censée nous occuper, à savoir : la loi doit-elle permettre de tuer celui qui en fait la demande ? Ou, plus exactement, la loi doit-elle permettre aux soignants de collaborer, directement ou indirectement, à tuer ceux qui en font la demande ?
Or si l’on considère les effets généraux et prévisibles d’une telle « législation » la réponse ne peut pas raisonnablement faire de doute : pour permettre de tuer Pierre, Paul ou Jacques, qui peut-être, en effet, sont aujourd’hui dans une situation terrible (car l’agonie peut être terrible), on dégradera gravement la situation d’innombrables personnes en établissant de fait une véritable thanatocratie qui détruira des millénaires d’éthique médicale et on provoquera d’innombrables morts prématurées, voire très prématurées, qu’autrefois on aurait purement et simplement appelé des assassinats.
Car, pour le répéter une énième fois, tous les « garde-fous » qu’on nous promet ne tarderont pas à disparaitre, car ceux-ci sont fondamentalement contraires à l’esprit d’une telle législation, qui est la souveraineté de l’individu. Une fois le principe acquis, les conséquences ne tarderont pas à se déployer dans toute leur rigueur. Comme pour l’avortement, passé en un demi-siècle du statut de moindre mal dans des situations dramatiques à celui de liberté fondamentale exaltée par la Constitution, voire carrément, à écouter certains, de maitre-étalon de la civilisation.
Non, la loi actuelle n’est pas parfaite, car aucune loi ne l’est. Oui, elle ne répond pas exactement aux besoins, aux désirs ou aux attentes de tous, car cela est impossible. Donc oui, il existera toujours, parfois, des agonies terribles. C’est un fait qu’un législateur responsable devrait accepter en toute connaissance de cause et même si son cœur se serre en y pensant, car la loi est faite pour le grand nombre, pas pour les exceptions, et l’enfer est pavé de lois conçues pour les exceptions.
Mais lorsqu’il s’agit de prouver des choses si claires, on est sûr de ne pas convaincre. ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 12 mai 2025).
Aristide Ankou

On se plaint du manque de médecin mais à -t – on pensé à ceux qui ne font pas ce métier que pour l’argent? A ceux qui croient en leur serment ? A ceux qui ont une éthique, une religion ? Beaucoup pensent actuellement à une retraite . C’est le moment.
Faut – il dire merci à ceux qui permettront à tout un chacun de décider de sa fin , voire de celle du voisin quand « il n’aura plus toute sa tête » ? Merci de ne pas nous permettre de vivre « dans la dignité » mais nous autoriser à ne déranger personne.
M. Ankou parle d’or. Nous somme gouvernés, gouvernés ? vraiment ? disons représentés ? pas même ! pris en otages par une clique de « la voix de son maître », stéréophonique (présentateurs et propagandistes d’un côté, politiques et agents publics de l’autre) qui ne comprennent même pas ce que M. Ankou écrit si justement à propos de la loi. Au lieu de ces lois auxquelles il ne faut toucher qu’en tremblant, les ci-devant « voix » ne regardent qu’occasions pour bavasser, monter en épingle de prétendues « pailles », vides juridiques ou absence de « statut », se faire valoir le temps d’une élection, imposer son nom comme surnom d’une loi….
Tout est faux chez eux, très bas de plafond, vain et pourtant délétère. Vain car ces lois multipliées sans fin sont inapplicables et inappliquées (sauf pour des régler des comptes personnels). Délétère pour le sens civique, l’esprit public, l’idée de loi, le droit lui-même, le bon sens, la langue, la culture. Délétère encore par la culpabilisation, l’intimidation, la neutralisation des administrés. Ruineux aussi, décourageant l’initiative et l’autonomie, multipliant l’extorsion desdits administrés par de pseudo spécialistes… Qu’on pense, par exemple, à nos près de 500 impôts différents tous susceptibles de modification annuelles et d’interprétations individuelles !