
Par Gabrielle Cluzel.
« Brûlez le cordon sanitaire ou faites-en des confettis, mais de grâce, cessez d’être la dinde de Noël qu’il ficèle ! »
Cet article est paru dans Boulevard Voltaire, le 21 mai. Il est tout d’humeur, de justes raisons et de simple bon sens. Nous n’y ajouterons rien. Gabrielle Cluzel sait très bien que nous ne croyons pas qu’une élection, même bonne, pourrait apporter à la France un vrai redressement durable, ni la stabilité, ni l’unité minimales dont elle aurait besoin. Mais nous savons aussi que, faute de mieux, faute de perspectives immédiates de réalisation de notre projet institutionnel, tout répit, tout arrêt, fût-il momentané, donné aux politiques suicidaires à l’œuvre depuis des décennies sera bon à prendre, et, peut-être, salvateur — immédiatement et, qui sait ? plus tard — pour la France. Voilà pourquoi nous sommes bien d’accord, ici, avec Gabrielle Cluzel, comme c’est souvent le cas.
Faut-il puiser dans la longue histoire de la gauche (« Prolétaires du monde entier, unissez-vous ») et de la droite (le drapeau blanc du comte de Chambord) pour expliquer la facilité de la première à faire bloc et l’incapacité de la deuxième à briser ce cordon sanitaire qui la ficèle depuis des décennies comme la dinde de Noël que l’on ne fêtera, si cela continue, bientôt plus ?
La droite pèse deux fois plus lourd que la gauche, dans l’opinion. C’est ce que montre un sondage IFOP Fiducial pour Le Figaro et Sud Radio. Sauf que la droite est parfaitement désunie, tandis que la gauche, bien que faible, pense déjà à unir ses forces. L’électorat de droite est-il maudit, éternellement condamné à perdre ?
Les dynamiques électorales ne sont pas qu’arithmétique, mais on remarque qu’en additionnant Arthaud, Mélenchon, Roussel, Faure et Tondelier, on obtient 26,5 % ; le centre, en la personne d’Édouard Philippe, représente 21 %, et la somme de Retailleau, Dupont-Aignan, Bardella et Zemmour parvient à 52,5 %.
D’après Michel Audiard, « quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent ». Pas en politique, visiblement : c’est la droite qui se tait et la gauche qui impose ses vues.
60 ans ou le sexe des anges
Certes, pour d’aucuns, le RN ne serait pas de droite. Pour Bruno Retailleau, il serait même d’extrême gauche. Notons que du temps du RPR et de l’UMP, on ne pouvait pas s’allier avec le FN parce que c’était des fachos d’extrême droite. Aujourd’hui, on ne peut pas s’allier avec le RN parce que ce sont des salauds d’extrême gauche. Le changement de pied est assez radical.
L’autre argument avancé est que Marine Le Pen récuse elle-même cette étiquette. Sauf que l’institut de sondage, dans la présentation de son classement, ne s’y trompe pas. Rajoutons qu’on peut faire une dissertation en trois parties en convoquant Raymond Aron pour définir ce qu’est vraiment la droite, mais l’essentiel, c’est l’acception commune du mot dans l’opinion publique : pour le vulgum pecus, sont de gauche l’immigrationnisme, le wokisme, le laxisme judiciaire, le progressisme échevelé, l’écologie punitive, la détestation de la France et la volonté de la dissoudre dans un grand tout. À l’inverse, lorsqu’on est contre l’immigration, pour l’ordre, la sécurité, l’autorité, l’enracinement, la grandeur de la France, la préservation de notre culture, de notre civilisation, de notre patrimoine matériel et immatériel, de nos terroirs, de nos frontières et de nos limites, que l’on promeut la natalité et la souveraineté, que l’on pense que l’immigration n’est pas une chance et qu’il faut lutter de toutes nos forces contre la montée d’un islam conquérant en France, on est qualifié, à tort ou à raison, de droite.
Le nœud de la discorde serait l’âge de départ à la retraite. Les Byzantins qui discutaient du sexe des anges pendant que les envahisseurs étaient à leurs portes. Notre sexe des anges, à nous, s’écrit en deux chiffres : 60 ans. Pendant que les Frères musulmans étendent leurs ramifications et mettent en coupe réglée nos quartiers, on ratiocine. Je rassure déjà les femmes si, d’aventure, la charia s’installe un peu rudement en France, façon Afghanistan : il n’est pas certain que nous autres ayons encore le droit de travailler, la question sera donc réglée pour la moitié de la population. La maison brûle ; les Français sont là, à la fenêtre, à appeler au secours, et nos politiques de droite, en bas, voient bien le feu, mais font leur mijaurée, se demandent s’ils peuvent porter ensemble la grande échelle sans se salir les mains par trop de proximité.
Sarah Knafo s’est dite prête, ce mercredi matin, sur Sud Radio, à travailler avec Retailleau. Mais s’il est une qualité que chacun reconnaît à Sarah Knafo, c’est sa grande cohérence. Comment celle-ci s’accommoderait-elle, et c’est du reste ce qu’elle précise peu ou prou aussitôt, d’un rapprochement avec Édouard Philippe – puisque Bruno Retailleau a déclaré, entre le maire du Havre et Marine Le Pen, préférer le second -, celui-là même qui refuse d’interdire complètement le voile islamique dans le sport et a appelé à voter communiste plutôt que RN aux dernières législatives ?
Entre deux Philippe…
Ces flirts politiques contre-nature sont tout ce qu’Éric Zemmour déteste et qu’il a résumé dans la célèbre formule « On nous avait promis le Kärcher™ et on a eu Kouchner », sur l’air du « Je voulais voir ta sœur et on a vu ta mère » de Brel. Aujourd’hui, gageons qu’aux côtés du Vendéen Retailleau, une partie majoritaire de l’électorat de droite, entre deux Philippe, préférerait voir Villiers qu’Édouard.
La gauche, elle, fourbit ses armes. François Ruffin propose d’organiser une primaire à gauche ayant pour périmètre tout le NFP allant « de Poutou à Hollande ». Que le Poutou ait accusé la police de tuer ou qualifié l’attaque du Hamas, deux jours après le 7 octobre, de « lutte nécessaire contre la colonisation menée par un État belliqueux et guerrier » importe peu, il est convenu, à l’approche des élections, de se découvrir une mémoire de poisson rouge.
Pendant ce temps, avec des minauderies de chaisières, la droite refuse de s’allier autour d’un dénominateur commun. Ils sont pourtant d’accord sur le diagnostic, ont identifié la matrice de notre délitement et, ô surprise, ce n’est pas l’âge du départ à la retraite. La droite la plus bête du monde ? Non, c’est encore trop gentil. Le vrai adjectif est « criminelle ». Voilà ce que pensent nombre de Français de droite. Philippe de Villiers (puisqu’on en parle) exhorte la droite à se libérer enfin des chaînes du piège mitterrandien qui a trop vécu et à brûler ce cordon sanitaire. De fait, le destin de la ficelle autour de la dinde de Noël, c’est, in fine, la poubelle, sous les détritus. ■ GABRIELLE CLUZEL
Gabrielle Cluzel
Écrivain, journaliste. Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste.

Le regretté Patrick Buisson disait qu’il y avait en France deux gauches dont une qu’on appelait la droite. Je pense qu’il a tout dit. La droite est depuis fort longtemps terrorisé par les intimidations de la gauche qui prétend à l’exercice du magistère moral sur notre pays depuis la libération et la droite panique à l’idée de ne pas être jugée assez progressiste.
terrorisée et non « terrorisé »
Excellent commentaire. Tout est dit. C’´est bien dit mais on en sort groggy , nous sommes tous concernés presque tous conscients mais l’illusion de la démocratie le fantasme des valeurs républicaines la moralité de service etouffent en nous les pulsions de révolte , réagissons , l’euthanasie programmée de notre pays n’est pas encore votée.
Phillipe de Villiers, très récemment, sur CNews, précisait les trois grands tabous qui étouffaient la France. Le troisième c’était l’europe , entendre l’UE. Je trouve extraordinaire que Mme Cluzel n’évoque pas ce thème. Il est pourtant bien plus fondateur des clivages politiques présents que les vieilles étiquettes droite et gauche, et encore plus que l’âge de la retraite. La preuve du tabou par l’omission criante ! Et son renfort volontaire !
Ah ! ah! ah! oui vraiment Mme Cluzel est bonne enfant !
L’invasion migratoire est pire que la soumission à l’UE. De cette dernière on peut toujours sortir en déchirant les traités ou en ne participant plus à rien. Sans compter que tous les chefs de file anti UE s’accordent pour prédire son effondrement. Mais quand on a chez soi 10 , 15 ou 20 millions d’étrangers ou plus, on n’en sort que par les armes sans être sûr de gagner.
Excellent papier , les idées évoluent , Merci.
Les gens croient que le temps évolue et que rien ne change
C’est en parti vrai pour le peuple de France qui accepte l’incroyable: l’imbécilité, l’incapacité, le mensonge et refuse la vérité et son avenir. Adieu France dit la chanson.
Les politiques ont fabriqué le duo politique; une gauche et une droite; qui leur permettent de s’installer au pouvoir. Or, il n’y a que la Vérité qui compte. C’est la troisième voie. Pourquoi la droite ou la gauche,
Parce que quelques bourgeois ont en 1793 soumis le peuple de France . Mais à voir le niveau actuel de l’U.E. il est possible de le convaincre de ce que dit Machiavel : » que c’est la supériorité des états héréditaires qui ont constitué l’Europe »
Nos élus fantoches jouent si mal leur pièce de théâtre qu’il vont finir par trébucher/ c’est ce qu’attendent les peuples de l’Europe .
« Le fabricateur souverain nous créa besacier tous de même manière, tous ceux du temps passé que du temps d’aujourd’hui:
Il fit pour nos défauts la poche de derrière, et celle de devant pour les défauts d’autrui. Monsieur La fontaine