
Par Aristide Ankou.
Que nous serons nombreux à remercier pour ce très bel article.
« la loi doit-elle permettre de tuer celui qui en fait la demande ? Ou, plus exactement, la loi doit-elle permettre aux soignants de collaborer, directement ou indirectement, à tuer ceux qui en font la demande ? » (Article du 12.05.2025).

Tous ceux qui, comme moi, s’opposent, chacun à la mesure de leurs moyens, à la thanatocratie qui vient devraient, me semble-t-il, garder à l’esprit ce mot de Mauriac :
« À R. qui m’écrit une lettre désolée, je devrais répondre ceci : la partie est toujours presque perdue, elle ne l’est jamais tout à fait. »
C’est dans ce « presque » et ce « pas tout à fait » que notre espoir s’accroche et se love, et qu’il nous survivra et qu’il durera aussi longtemps que battra un cœur humain sur un point de la planète. »
Plus prosaïquement, la situation politique actuelle est si mouvante, que ce serait folie de ne pas livrer la bataille législative jusqu’au bout et comme s’il était encore possible de la remporter.
Bien sûr, il est peu probable que les sénateurs, qui sont globalement aussi lâches que les députes, rejettent en bloc une « avancée sociale » que les sondages présentent comme désirée par une large majorité de Français, mais qui sait ? Ce que le courage et le bon sens ne peuvent pas accomplir, peut-être les obscurs calculs politiques le pourront-ils. Peut-être, à défaut d’autre chose, supprimeront-ils le délit d’entrave scélérat que les députés ont cru bon d’ajouter au texte qu’ils ont adopté.
Ce serait déjà un petit quelque chose.
L’essentiel est que le Sénat modifie, si peu que ce soit, le texte adopté par l’Assemblée. Ce qui est possible, si ce n’est probable. Il y aura alors retour devant l’Assemblée, et qui sait quelle sera l’humeur et la composition de celle-ci à ce moment-là ? Il est possible et même probable qu’une nouvelle dissolution intervienne dans l’intervalle. Ce qu’il en sortira, personne ne le sait. De même que personne ne sait ce qui sortira des élections de 2027.
Et même s’il n’y a pas de nouvelle dissolution, ce que nous croyons savoir du fonctionnement des institutions est remis en question aujourd’hui. Nous croyons savoir, par exemple, que l’Assemblée Nationale l’emporte toujours sur le Sénat, mais il n’en va ainsi que si le gouvernement lui demande de statuer définitivement sur un texte. C’est l’article 45-4 de notre Constitution. Mais imagine-t-on, par exemple, François Bayrou, donner le dernier mot à l’Assemblée Nationale sur un texte aussi controversé et vis-à-vis duquel il est manifestement réticent ? Le plus probable est plutôt qu’il arguerait de la nécessité de parvenir à un consensus pour adopter une réforme aussi radicale, ce qui lui permettrait d’euthanasier le texte sur « l’aide active à mourir ».
François Bayrou sera-t-il encore Premier Ministre au moment où la question pourrait se poser ? Nous n’en savons rien et, même si c’est peu probable, nous ne savons pas non plus qui le remplacerait. Peut-être son successeur sera-t-il encore plus tiède que lui sur cette question.
Bref, nous avons perdu une bataille, nous n’avons pas perdu la guerre législative.
Et même si tout le monde peut sentir que le parti de la thanatocratie gagne en puissance presque chaque jour, de sorte que sa victoire finale parait presque assurée, nous ne devons pas oublier qu’il n’y a pas seulement de la noblesse à résister jusqu’au dernier carré pour une juste cause, il y a aussi de la sagesse. Car, d’une façon imprévisible, la résistance d’une position abandonnée aux ennemis de l’humanité peut contribuer à maintenir vivant le souvenir de l’immense perte subie, peut inspirer et raffermir le désir et l’espoir d’un retour des choses et peut devenir un phare pour ceux qui continuent humblement les travaux des hommes dans une interminable vallée de ténèbres et de désolation.
Nous, qui nous voulons du parti de la vie et de l’espérance, nous n’avons pas le droit de désespérer de nos concitoyens, présents et futurs, même lorsqu’ils nous donnent toutes les raisons apparentes de le faire.
Toujours presque, jamais tout à fait. ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 28 mai 2025).
Aristide Ankou

Hitler signe le 1er septembre 1939 un décret accordant l’euthanasie aux malades sous certaines conditions et sous la responsabilité des médecins. » Le Reichsleiter Bouhler et le docteur en médecine Brandt sont chargés, sous leur responsabilité, d’étendre les attributions de certains médecins à désigner nominativement. Ceux-ci pourront accorder une mort miséricordieuse aux malades qui auront été jugés incurables selon une appréciation aussi rigoureuse que possible ». Ce fut l’origine du programme d’extermination des handicapés, le programme » Aktion T4 « , du nom de l’adresse, Tiergarten 4, de l’organisme chargé de cette action, qui entraîna la mort de centaines de milliers d’handicapés et de malades mentaux. Les début de cette histoire se trouvent donc bien dans la proposition d’alléger la souffrance d’humains non-personnes. Comme en témoignait Leo Alexander lors du procès de Nuremberg, le programme nazi d’euthanasie a commencé par de simples petits pas. » Les commencements ont d’abord été un simple changement subtil dans l’attitude de base des médecins. Cela a commencé avec l’acceptation de l’attitude de base du mouvement euthanasique, qu’il y a quelque chose comme une vie qui ne mérite pas d’être vécue « . ( in: Jean François Braunstein. La philosophie devenue folle ). On nous dira que les démocraties sont à l’abri de pareils « dérapages ». Mais comme nous le rappelait l’historien de la biologie André Pichot dans on livre » La société pure de Darwin à Hitler » c’est dans les démocraties, comme la Suède ou les USA du début du XX° et jusque dans les années 50 qu’on a vu les gouvernements imposer des politiques eugénistes avec stérilisation forcée de certains personnes jugées dangereuses pour la santé publique, alcooliques, retardés et déficients mentaux etc. Le très progressiste Julian Huxley, premier directeur de l’Unesco et farouche partisan de l’amélioration de l’espèce par l’eugénisme tenait des propos que n’auraient pas démentis les nazis. Légalisation de l’avortement ( 245 000 meurtres légaux en France en 2023), légalisation de l’euthanasie, mariage gay, PMA et bientôt reconnaissance de la GPA, n’en doutons pas, les sociétés libérales progressistes n’en finissent pas de détruire des tabous et des interdits ( du meurtre, de la marchandisation de l’être humain en ce qui concerne le GPA). Tous les repères symboliques tombent les uns après les autres. En ce qui concerne la légalisation de l’euthanasie, les 305 députés qui ont voté pour pour sous prétexte de « mort miséricordieuse » comme le disait le décret pris par Hitler, ont mis leur pas dans ceux des médecins qui sous le III° Reich ont accepté les premiers « dérapages » qui ont conduit aux conséquences que l’on connaît. L’idéologie mortifère des nazis n’est pas morte, elle a des disciples à l’Assemblé nationale.
Bien sûr, Aristide Ankou a raison, ne baissons pas les bras et battons nous jusqu’ au bout. Il y a une affiche particulièrement répugnante de la propagande nazie , retrouvée par JSF des années 40 où l’on voit des vieux en pyjamas rayés, représentés comme des animaux et comme une charge peu ragoutante, pesant sur les épaules des générations suivantes. Cet appel à s’en libérer au nom du mensonge « d’une mort miséricordieuse » montre combien le mensonge est au cœur de cette idéologie monstrueuse et nous gagne, pas à pas. Car c’est bien aux antipodes de la miséricorde, que cet appel à la mort nous présente les victimes comme des déchets à éliminer, ayant perdu tout droit à la vie et leur dignité au nom d’un utilitarisme fou. Faut-il que nous ayons perdu tout respect de nous-mêmes, de notre vie et celle des autres pour laisser entrer par la porte cette conception, et en persuadant les personnes fragiles, avant de leur imposer à terme subrebrticment ou sans leur demander leur avis? Derrière tout cela il y a chez ses promoteurs d’hier ou d’aujourd’hui, ,un point commun: une haine de la vie en général, celle des autres, mais aussi
une haine de soi, donc de leur haine de leur propre vie , à laquelle ils ne peuvent donner sens, nous touchons un point essentiel du nihilisme. » Après le néant , il n’y a plus rien. mais il doit bien arriver quelque chose puisque que e toutes les valeurs ne sauraient être détruites chez tous les hommes et qu’il existe encore des gardiens pour allumer la flamme et la transmettre pour qu’une nouvelle vague de renaissance, inonde la terre? Le voile des nuages est pour ainsi dire déchiré par soleil d’un nouveau réveil religieux » ( texte écrit en 1942 en Russie au cœur de la nuit profonde par un un jeune qui avait lu … Saint Augustin justement!).